Promenade au clair des idées

Hélène Benetreau

Souvenir, quand tu nous possèdes !

Un soir que je rentrais chez moi, je l'avais revu comme si je revivais la scène dans ces moindres détails. Nous passions par le même chemin et marchions avec la même allure. Il avait été, comme toujours, le sujet de notre discussion. Les mêmes arbres étaient réapparus avec leur couleur d'été. Les voitures, quant à elles, étaient redevenues aussi neuves qu'à l'époque, et elles étaient alignées comme pour accueillir un roi. On avait croisé des gens comme nous, qu'on avait maladroitement ignorés. J'avais senti l'odeur des fleurs, et avait demandé à mon grand-père si les roses avaient une odeur bien à elles. Il s'était contenté de rire un coup. Nous avions finalement continué à discuter de celui qui avait toujours été notre centre d'attention, et qui se trémoussait fièrement devant nous. On avait dut faire quelques mètres. La fraicheur de la nuit et l'atmosphère silencieuse nous offraient à tous les trois un sentiment de solitude. Nous pensions être seuls dans un monde au bord de la dérive. Très vite, nous avions croisés des gens au détour d'un carrefour, ce qui, de toute évidence, nous apporta du réconfort et de la compagnie. Enfin arrivés au bout du chemin, un banc s'était dressé devant nous. Nous nous étions assis afin de libérer la fatigue qui s'était emparée de nos corps. Quant à lui, il avait senti l'odeur de la mer, ce qui lui avait inspiré un désir d'aventure et de liberté. Papi l'avait résonné, il ne fallait pas qu'il parte. Après s'être calmé, Maxi s'était allongé devant nous, le visage mélancolique. Il « tira la langue » pour nous montrer que lui aussi, avait vu la lune en haut, et qu'il l'a trouvait particulièrement jolie. Tout comme lui, nous avions regardé ce ciel, dont la sublime beauté ne nous laissait pas indifférent. La lune et sa blancheur, splendide créature ! Je m'étais adressée à papi pour lui dire que la lune était pleine et il m'avait contredi « Elle est presque pleine » m'avait-il répondu.

-Mais regardes, le rond est tout blanc !

-C'est parce que tu ne regardes pas la profondeur des choses, Milène.

-Mais ils l'ont dit à la télé ce matin « Ce soir ce sera la pleine lune »

Papi avait rechigné un bon coup. –Tu peux écouter les autres, mais les croire, je n'en suis pas si certain. Et puis….

-Et puis quoi ? La vieillesse te rends beaucoup trop douteux mon pauvre papi !

-Et puis dans le monde de la vérité la lune n'est jamais pleine. Avait-il sagement chuchoté.            

Moi, j'avais lâché l'affaire comme notre Maxi, qui un an après, avait lâché la vie.

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