Prostituée des ténèbres.

disarmonia

Allongée sur ce maigre matelas, dans cet endroit insalubre, j'offre mon corps nu à ma tombe. La souffrance demeurant en moi, je m'inhume au travers de mon passé. Les larmes lourdes et pleines d'histoire, je ne montre en rien ma souffrance. Joie et sourire se sont évadés de moi sans m'en laisser le choix. Interrompant mon errance destructrice, un homme entra sans frapper. Il détailla chaque centimètre de mon épiderme, il ne partagea mot avec moi. Son regard me montra une vulgaire compassion, il me compare à une bette de foire. J'en perds toute confiance en moi. Il s'approche, me caresse le haut de la cuisse du bout des doigts. Il s'assit à même le sol et inspecte mon regard. Mes yeux se faisaient lourds. Fatiguée par la violence de leur geste à tous, mon corps était souffrant. Alors l'homme s'en alla, me laissant là ; meurtrie par le diable et ses inégalités. Me limitant à m'endormir, je sortis de ma somnolence par l'entrée d'une jeune et douce femme. Son sourire malicieux et sa démarche nous montrait que la grâce habitait en elle. Ses mains armées de longs ongles, je m'attendais à quelques caresses. Sans en être pour autant surprise, elle me griffa sans culpabilité. Elle me frappa à coup de genoux et me fit rester ainsi jusqu'à ce que je fasse signe qu'elle m'avait achevé. Un magnifique sourire de vainqueur pointa son nez sur son portrait. Puis, elle s'en alla, comme elle était arrivée. Me retrouvant seule, les questions apparurent ; serais-je encore en vie ? Comment se fait-il que je souffre toujours autant ? Il me semblait être partie au pays des injures sans lendemain. Sous cette douleur physique, m'habitant, je finis par - enrobée d'une tristesse accablante - mourir une deuxième fois. Mes pensées m'avait conduit à la mort, voilà que mon corps m'avait lui aussi abandonné. Une troisième vie me serait-elle accordée ? Pitié, non.

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