Fille de Provence

Catherine Marie France Lavandier

Ma vie a été bercée par les chants des oiseaux , la chaleur du soleil , le bleu de la Méditerranée qui dort à mes pieds et ces parfums enivrants des collines de l'étoile où j'habite.

Bonne Mère ,

je te contemple ,

assise sur un rocher ,

sur la colline d'en face ,

qui surplombe la vague ,

d'un bleu azur ;

ma chienne , Poppy ,

cavale dans ce champs ,

verdoyant ,

garrigue ,

de thyms ,

de romarins ,

de lichens accrochés ,

au marbre rouge ,

des pierres du sud .


Fille de Provence ,

Labrador du Sud ,

et des stades ,

aux regards noirs de jais ,

scrutant effrontément ,

les goélands ,

 vrillant au dessus de nos têtes ,

portés jusqu'à nous ,

par le vent ,

nous admirons ,

les derniers rayons

du soleil couchant ,

qui éclairent le toit ,

du mas ,

de cette brume orange ,

étrange  éclat ,

signal de la fin du jour ,

renaissant en nuit obscure ,

au sein de laquelle

naissent étoiles,

filantes,

constellations ,

Majestés d'un Univers ,

 de Dieux ,

de Déesses ,

dont nous sommes.


Princesse des collines ,

la Margot du village ,

assise au pied du vieux figuier ,

je respire  ce parfum ,

millénaire ,

qui colorie mon visage ,

teinte en brun ma peau de pêche ,

donne des éclairs mauves

à mes yeux noirs ,

embaume ma chevelure ,

d'un léger arôme,

de café du matin ,

mes mains ointes ,

d'un soin

d'un autre age ,

aux extraits de lavandes ,

remplit mon esprit ,

réfléchi ,

peinant  ,

sur les équations ,

du second degré ,

devoir à rendre ,

demain au lycée ,

de cet air pur ,

frais ,

divin ,

enchanteur ,

qui éclaircit le son de ma voix ,

pour la guider ,

vers la Providence ,

l'Intouchable ,

le plus puissant sentiment

de notre existence ;

le Bonheur .


Celui de te toucher ,

de te sentir contre moi ,

pour toujours ,

à jamais ,

toi ,

le Mistral qui m'emporte ,

me convie ,

à

la tendresse ,

quand tu m'enlaces ,

si fort .


Dansant ,

au son du fifre ,

les moutons accrochés ,

à mes bas ,

mon corps de 15 ans ,

n'est plus le même ,

je découvre ,

j'embrasse ,

je vis ,

je fusionne

avec ce Paradis Éternel .


Une figue à la main ,

je savoure ce dernier instant ,

d'intimités avec toi ,

mon promis ,

qui me dévisage ,

au gré de tes rafales ,

enragées ,

qui courbent pins et flots ,

fouettant mon corps ,

sage ,

cinglant mon visage ,

de fille obéissante ,

caressant mon fichu ,

posé sur ma peau ,

masquant l'infidèle ,

sein de mon enfance ,

merveilleuse conquête ,

du mâle ,

sur la pauvrette ,

pour mes tendres confidences

gardant l'épaule ,

prête ,

souveraine amie ,

 lisant sur tes lèvres ,

aimables ,

la passion coupable ,

que je te voue ,

depuis si longtemps.


L'olive roule sur ma paume ,

fruit inédit du pêché ,

confessant le doute ,

au curé ,

d'un vert sans rancune ,

libérant la folie ,

gourmande ,

du lys ,

coupe royale ,

d'un destin ,

sans nul autre pareil.


L'huile de lin ,

parfumée de menthe ,

suinte ,

sur ma peau baignée ,

aux thermes ,

de Rome et d'Aristote ,

glanant le secret ,

de la beauté ,

égyptienne ,

aux esclaves amoureuses ,

d'un soir ,

coureuses du jour ,

sur les joncs flottants ,

les berges affolées ,

alarmant d'un chant ,

le poète ,

nouvel invité du verre ,

repus ,

sur l'ouvrage ,

contemplant ,

la Désirée ,

monnaie du glaive ,

de la souffrance

sis

Épidaure   

qui  ,

vainqueur ,

de toutes les Bannières ,

Croix  ,

et

Châsses ,  

auréole ,

les brins de soies,

enlace nos cœurs ,

dans une savante guêpière ,

de peaux ,

mutine ,

assassine ,

pour la beauté ,

de son art .


Clergé de coqs ,

futiles ,

mordus ,

de chairs ,

use

d'une kabbale à mon insu ,

fustigeant aulx ,

et

poix ,

dont nous héritons.


Largesses du temps ,

tu admires mes voiles ,

dont je suis gardienne ,

premières nées de la galère ,

sur le port ici-bas

qui noie son amour pour toi ,

sous les flots ,

amarrés ,

d'un dimanche ,

de mars ,

dont nous prenons congé ,

pour raviver la flamme ,

du foyer ,

au pot savoureux ,

de bienvenue ,

sur une saveur de tapenade ,

qui n'aura pas de fin.














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