Ma vie a été bercée par les chants des oiseaux , la chaleur du soleil , le bleu de la Méditerranée qui dort à mes pieds et ces parfums enivrants des collines de l'étoile où j'habite.
Bonne Mère ,
je te contemple ,
assise sur un rocher ,
sur la colline d'en face ,
qui surplombe la vague ,
d'un bleu azur ;
ma chienne , Poppy ,
cavale dans ce champs ,
verdoyant ,
garrigue ,
de thyms ,
de romarins ,
de lichens accrochés ,
au marbre rouge ,
des pierres du sud .
Fille de Provence ,
Labrador du Sud ,
et des stades ,
aux regards noirs de jais ,
scrutant effrontément ,
les goélands ,
vrillant au dessus de nos têtes ,
portés jusqu'à nous ,
par le vent ,
nous admirons ,
les derniers rayons
du soleil couchant ,
qui éclairent le toit ,
du mas ,
de cette brume orange ,
étrange éclat ,
signal de la fin du jour ,
renaissant en nuit obscure ,
au sein de laquelle
naissent étoiles,
filantes,
constellations ,
Majestés d'un Univers ,
de Dieux ,
de Déesses ,
dont nous sommes.
Princesse des collines ,
la Margot du village ,
assise au pied du vieux figuier ,
je respire ce parfum ,
millénaire ,
qui colorie mon visage ,
teinte en brun ma peau de pêche ,
donne des éclairs mauves
à mes yeux noirs ,
embaume ma chevelure ,
d'un léger arôme,
de café du matin ,
mes mains ointes ,
d'un soin
d'un autre age ,
aux extraits de lavandes ,
remplit mon esprit ,
réfléchi ,
peinant ,
sur les équations ,
du second degré ,
devoir à rendre ,
demain au lycée ,
de cet air pur ,
frais ,
divin ,
enchanteur ,
qui éclaircit le son de ma voix ,
pour la guider ,
vers la Providence ,
l'Intouchable ,
le plus puissant sentiment
de notre existence ;
le Bonheur .
Celui de te toucher ,
de te sentir contre moi ,
pour toujours ,
à jamais ,
toi ,
le Mistral qui m'emporte ,
me convie ,
à
la tendresse ,
quand tu m'enlaces ,
si fort .
Dansant ,
au son du fifre ,
les moutons accrochés ,
à mes bas ,
mon corps de 15 ans ,
n'est plus le même ,
je découvre ,
j'embrasse ,
je vis ,
je fusionne
avec ce Paradis Éternel .
Une figue à la main ,
je savoure ce dernier instant ,
d'intimités avec toi ,
mon promis ,
qui me dévisage ,
au gré de tes rafales ,
enragées ,
qui courbent pins et flots ,
fouettant mon corps ,
sage ,
cinglant mon visage ,
de fille obéissante ,
caressant mon fichu ,
posé sur ma peau ,
masquant l'infidèle ,
sein de mon enfance ,
merveilleuse conquête ,
du mâle ,
sur la pauvrette ,
pour mes tendres confidences
gardant l'épaule ,
prête ,
souveraine amie ,
lisant sur tes lèvres ,
aimables ,
la passion coupable ,
que je te voue ,
depuis si longtemps.
L'olive roule sur ma paume ,
fruit inédit du pêché ,
confessant le doute ,
au curé ,
d'un vert sans rancune ,
libérant la folie ,
gourmande ,
du lys ,
coupe royale ,
d'un destin ,
sans nul autre pareil.
L'huile de lin ,
parfumée de menthe ,
suinte ,
sur ma peau baignée ,
aux thermes ,
de Rome et d'Aristote ,
glanant le secret ,
de la beauté ,
égyptienne ,
aux esclaves amoureuses ,
d'un soir ,
coureuses du jour ,
sur les joncs flottants ,
les berges affolées ,
alarmant d'un chant ,
le poète ,
nouvel invité du verre ,
repus ,
sur l'ouvrage ,
contemplant ,
la Désirée ,
monnaie du glaive ,
de la souffrance
sis
Épidaure
qui ,
vainqueur ,
de toutes les Bannières ,
Croix ,
et
Châsses ,
auréole ,
les brins de soies,
enlace nos cœurs ,
dans une savante guêpière ,
de peaux ,
mutine ,
assassine ,
pour la beauté ,
de son art .
Clergé de coqs ,
futiles ,
mordus ,
de chairs ,
use
d'une kabbale à mon insu ,
fustigeant aulx ,
et
poix ,
dont nous héritons.
Largesses du temps ,
tu admires mes voiles ,
dont je suis gardienne ,
premières nées de la galère ,
sur le port ici-bas
qui noie son amour pour toi ,
sous les flots ,
amarrés ,
d'un dimanche ,
de mars ,
dont nous prenons congé ,
pour raviver la flamme ,
du foyer ,
au pot savoureux ,
de bienvenue ,
sur une saveur de tapenade ,
qui n'aura pas de fin.