(Psycho) La belle époque

Hervé Lénervé

Une histoire d’antan du temps jadis.

§30

Quand j'étais plus animal qu'humain, je ne m'habillais déjà que de marques, peaux de bêtes griffées « Lion&Sabre » et sandales « Pieds Nus ». Je vivais avec ma meute dans une caverne tout inconfort,  de trop chaud l'été à trop froid l'hiver, mais sans eaux courantes, sinon celles qui suintaient des pierres. Je suis né après « la guerre du feu » donc avec déjà la maîtrise de la chaleur et de la cuisson des viandes qui vous fileront vos cancers de demain. - Moi et mes potes nous nous dénaturions lentement. Nous commencions à modifier notre environnement. - On ne parlait pas encore de réchauffement climatique causé par l'humain, car nous n'étions que peu représentés sur la planète, à cause des autres bestioles qui raffolaient de nos chairs crues. Maintenant grâce à l'évolution des Sciences et des Techniques, nous étions munis d'artefacts qui décuplaient notre force de frappe, lances, flèches sans arc, mais avec un propulseur en boyau de phacochère qui lançait à trente mètres, mais n'était dangereux qu'à huit mètres. Bien sûr le système métrique n'existait pas, on parlait distance en distance de voix. Trente mètres équivalait à « Fuyez ! », huit mètres à « Retire tes doigts du nez d'ta sœur ! » je dis doigts et nez pour être recevable, mais vous pouvez imaginer d'autres parties de l'anatomie humaine ou même animale s'il n'y avait pas d'humaine dans les parages. Nos femelles étaient très sexy, elles nous affriolaient avec leurs os plantés dans le noze et leurs dents taillées en biseau. Enfin tous ces accessoires et tous ces  maquillages tant femelliens qui aguichent la libido. Moi, j'avais une petite amie qui ne m'aimait pas, mais j'm'en foutais, je l'engrossais à répétition. J'avais tant de chiards que j'étais obligé d'en bouffer quelques-uns pour retenir le nom des survivants. Ça fait, quand même, désordre quand vous ne pouvez même pas énumérer votre progéniture au bureau de l'assistance mamellaire.

Je vous décris notre quotidien en détails domestiques, car n'étant pas au fait de nos os et coutumes, vous ne pouvez pas avoir une idée très claire de notre culture.

Bref, nous n'expérimentions pas notre Monde, car Darwin nous snobait, nous n'avions qu'une approche empirique des choses et des éléments.

-         Met ta main dans le feu, fiston !

-         Aie ! Ça fait mal !

-         Voilà, c'est ça ! Ça fait mal ! Ça brule ! Je te le disais, donc, tu ne le feras plus, où j't'en colle une !

Rudimentaire, certes, mais efficace, le chiard avait compris l'enseignement grâce à la pédagogie de son paternel.

Maintenant comme, il faut parler un peu de psychologie pour mériter d'être dans cette rubrique, nous nous situions déjà, au-dessus du règne animal, pour trois raisons. La première, un potentiel psychique qui nous permettait d'élaborer un langage abstrait, si, si. Autrement nous en serions restés à la communication élémentaire. Fuir- attaquer. Deux, une dimension imaginaire qui permettait d'améliorer des éléments existants, une branche travaillée en massue est plus brutale qu'une branche brute de forme. Trois, il n'y a pas de trois, c'était juste pour frimer et pouvoir prendre des poses d'intello dans mes cavernes.

Donc notre méthode d'analyse était à peu près celle de vos poules. On procédait par essais et erreurs, mais avec un bonus non négligeable, celui de retenir, de se rappeler et de ne pas toujours tout recommencer à l'ère chancelante des connaissances. N'en déplaise à vos poules, nous avions un programme qui nous permettait de tirer des enseignements de nos erreurs et ainsi, de ne pas les répéter, ce que vos volatiles qui finiront à la marmite n'ont manifestement pas encore assimilé.

J'aurais bien aimé continuer à papoter avec vous, pour vous initier à notre vie, mais j'ai un truc plus urgent à faire présentement, essayer de sauver mon cul des crocs d'un gros chat qui me prend pour une souris.

Aaallez… A A A plus… je me carapate à toutes pattes… Couchez ! Couchez, la Bête ! Tout doux, minou !

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