(Psycho) La mesure de l’Amour

Nous avons tous été à un moment de notre vie, à un tournant de notre  virage, plus ou moins amoureux(se). Mais dans nos interrogations circulaires, nous nous sommes, tous aperçus, qu'il manquait un  outil fiable pour mesurer objectivement la quantité et la qualité de cet attachement chez l'être cher, comme chez soi-même.

Il y avait, évidemment, la vieille marguerite, bien sûr, que l'on déshabillait en l'épétalant pour épater son (sa) dulcinée(e), pour réveiller son aimé(e),  mais cela restait aléatoire, puis les jardinets étaient moroses de ne compter que des roses sans fleurs des champs à leurs épines.

Donc, il était grand temps que le psychologue, que je suis, si, si, détermine une échelle de pompier, que je ne suis pas, papa, pour quantifier matériellement tout cela.

Il était grand temps, que les Sciences à poils durs s'immiscent dans le royaume de la Poésie à pétales moles.

Voici l'objet : sur une échelle, du moins au plus aimé, je vais vous indiquer les signes qui ne trompent pas pour étalonner vos cœurs.

Nous ne traiterons, aujourd'hui, que de l'état passionnel obsessionnel et pathologique appelé « le Grand et Bel Amour » chez nous « le Grand Manitou Manipulateur » dans d'autres cultures en délaissant des attachements moins spectaculaires, qui seront analysés ultérieurement. Celui qui s'interroge sur son degré d'attachement à sa belle-mère peut se dispenser de cette rubrique, il n'apprendra rien. Je ne lui conseillerais que trop d'aller consulter un confrère dans la spécialisation  psychopathe (al dente ou trop cuit). 

Pour quantifier l'état amoureux nous allons observer ses symptômes. Comparé l'homme amoureux à l'homme sain pour mieux en comprendre la pathologie. Quand je dis « homme », c'est pour ne pas utiliser le terme de « sujet », qui fait terriblement « objet d'étude », mais les observations ci-dessous valent également pour la « femme ». Il suffit de pondérer, en enlevant 1,5 point à tous les items pour pénaliser sans raison, mais avec obstination et aplomb, la gent féminine.

1)   Vous conduisez, douillettement installé(e) dans une berline confortable, votre chéri(e) à votre côté(e) droit(e) pour La France(e). La route est longue, chacun dans ses pensées. Puis l'être cher en passager, vient au prix d'un déhanchement douloureux, dans une position inconfortable poser tendrement sa tête sur votre épaule. Il, (elle) reste ainsi tout le long du trajet à en être ankylosé(e) pendant des heures après et se créer une scoliose chronique pour le restant de sa vie, à l'arrivée. Rien ne l'obligeait à se contorsionner ainsi, à flinguer sa colonne vertébrale,  rien sinon l'amour qu'elle (il) vous porte. C'est le premier signe, compter : 1.5 point.

2)   Vous serrez une main pour dire bonjour, ça se fait ! Le contact physique des mains est purement informatif, perception d'une paume contre une paume. Tient, il (elle) a de la poigne ! Tient sa poignée est molle ! Putain, elle (elle) a les mains moites !

Vous effleurez de vos doigts l'être tendre, le contact n'est plus contact, il est extase. Au-delà de la perception sensorielle, un ressenti sensuel va vous émouvoir. Ce contact peau à peau, n'a plus rien à voir avec la réalité de l'échange perceptif, le psychisme l'a transformé en le magnifiant subjectivement. C'est le deuxième signe. Compter : 1.5 point.

3)   Une circonstance extraordinaire fait que vous passiez la nuit dans le lit de votre amour, alors que ce dernier n'a pas encore été déclaré et que de fortes probabilités vous font penser, qu'il vaut mieux encore le conserver non avoué, plutôt que cruellement rejeté . Vous êtes épuisé par le périple de la journée, pourtant vous luttez toute la nuit pour rester éveillé, uniquement pour ne pas dormir et perdre cet instant de grâce de sentir à proximité de flan, la chaleur, le parfum de l'adoré(e) et de l'entendre ronfler à votre côté impaire. Compter : 1.5 point.

4)   En parlant de ronflements : vous avez programmé une opération de la luette, pour ne plus indisposer votre amour pendant la nuit. Cette opération est douloureuse et ne garantit aucun résultat, mais elle régulièrement pratiquée par les chirurgiens pour garder la main. Vous habitez un vieux manoir de vingt et une chambres, mais non, plutôt que d'aller ronfler ailleurs, vous préférez tenter le tout pour le tout et tout cela pour rester près de l'être cher qui dort comme un Loir et ne vous a certainement jamais entendu(e) ronfler. Compter : 1.5 point.

Voilà, vous avez compris le principe, à vous, à présent, de trouver d'autres situations plus proches de vos habitudes quotidiennes pour multiplier les items et en fin de compte, on fait les comptes.

On obtient que le sujet homme est en moyenne arithmétique et en médiane statistique sur la courbe de Gauss, amoureux à 233 points.

Tandis que le sujet femme après pondération est amoureuse à 0 point.

Les hommes sont donc largement en tête pour être emmerdés par les effets des affres de la passion, tandis que la femme pourra tranquillement se reposer en ronflant de tout son souffle, serrer autant de mains qu'elle le désire sans en être troublée et n'attraper aucun torticolis.

Eh, oui, les femmes ne font pas des hommes et les hommes feraient mieux de rentrer plus tôt et à jeun à la maison.

Ne me dites rien, je sais, c'est très moyen tout ça, mais je ne suis pas inspiré aujourd'hui et plus amoureux, alors vous pouvez m'octroyer au moins une note de 1.5 point à notre barème de celui qui écrit le plus mieux.