(Psycho) La Mort
Hervé Lénervé
§16
Une fois n'est pas coutume, on va aborder sous un angle philosophique la question. C'était bien la peine d'avoir tant souligné les limites de la méthode introspective, d'avoir autant critiqué la philo pour l'endosser sans vergogne, mais je revendique de plein droit, mon bon droit à m'habiller n'importe comment.
La psycho n'a pas pu expérimenter sur la mort, car les sujets ne se sont pas montrer très coopératifs, elle a donc laissé la place à la philosophie et à toutes les religions, of course, qui en ont fait leur fond de commerce ou leurs choux gras, si on est plus morfal que vénal.
A l'enterrement d'un de mes potes, un autre de mes potes disait devant le cercueil de notre pote commun fraichement enterré et pas encore recouvert de son couvercle funéraire.
- Eh, dire… qu'on ne sait même pas ce qu'il y a après ?
Comme je suis toujours le plus avisé des potes sur ce genre de questions, j'intervins promptement.
- Mais si ! On sait ! Y'a l'apéro chez Bertrand ! (un autre pote à nous, écolo et alcoolo, mais cool quand même, comme nous.)
Voilà, le sujet est lâché, la Mort ??? Et dire qu'il va falloir parler de ce que tout le monde ignore, heureusement que le fait de « ne pas savoir » ne m'a jamais empêché de savoir ouvrir ma gueule.
Ecrire là-dessus est délicat, ça ne glisse pas facilement, ça bave, ça coule, ça imprime mal, aussi il faut pour commencer, me définir un peu, me dévoiler, me montrer à poil. Un peu de tenue, merde ! On ne parle pas de météo, ici, le temps se couvre, faites en autant Hervé ! (Je me vouvoie quand j'écris de moi à vous.) Donc je ne suis pas croyant, ni incroyant d'ailleurs, je m'en fous, c'est tout. Pour moi, la Vie, le Monde, ne sont qu'un concours de circonstances du hasard et de la nécessité, (le champ du possible dans un vaste Monde régi par le chant des sirènes) et je ne tiens pas à me perdre en conjectures dans ces conjonctures. Donc pas de déterminisme divin dans ce que nous, humain, sommes today, ni dans la création de l'Univers qui en découla que pour nourrir notre imagination des grands espaces à coloniser demain.
Evidemment quand on pense que pour être là, au jour d'aujourd'hui dont on parle, ici, il a fallu que tous nos aïeux vivent assez longtemps pour procréer, dans des temps où on mourrait plus facilement d'un rien qu'on ne vivait pour pas grand-chose. Et même, que les premières cellules originelles et originales quand même, auxquelles nous devons notre présence traversent toute l'évolution des espèces pour se stabiliser sur la nôtre, la Meilleure, la plus Forte, la plus Belle, mais uniquement parce qu'elle est nôtre. Evidemment cela donne le vertige. Les probabilités factorielles d'un tel évènement sont si faibles qu'en statistiques, on les néglige, elles approchent tant le zéro, qu'elles se lisent zéro. Mais si on prend des sels pour reprendre ses esprits ou des huiles pour aller à la selle, on peut considérer qu'on raisonne à l'envers. Je pense à moi et je remonte le temps tout en y pensant, alors que cela c'est fait tout simplement sans moi. Le produit que je suis, n'était que l'aboutissement de n'importe quel autre produit, n'importe quel autre individu, ce n'est qu'après que je me suis constitué comme une entité personnelle pensante en créant un « Moi, Je ». Pour résumé ; Hervé n'est devenu Hervé, qu'après sa naissance par une construction, par son apprentissage et grâce au génome qui lui donnait la potentialité d'être plus Homme que Poisson. Effectivement, vu sous cet angle, cela devient moins perturbant.
Mais revenons au sujet. Pour ma part, donc, nous avons tous une expérience cérébrale de la mort, une fois par jour… et plus souvent la nuit d'ailleurs, par le Sommeil sans le Rêve, un état hors de conscience, notre tête n'est occupée par aucune pensée, même pas le substrat putatif d'une pensée, (c'est dire, si cela aurait été peu) et si elle l'était, nous n'en avons pas eu conscience, ce qui revient au même.
La Mort, donc, pour moi, je précise encore, ne serait que ce que l'on peut sous-entendre par le Néant. Concept difficilement appréhendable par la pensée qui est faite pour l'inverse, toujours produire une activité, images-idées-concept-chérie-pensées (chercher l'intrus). Se penser mort est hors-champ de la pensée, elle n'est pas prévue à cet effet, ce qui ne l'empêche en rien d'être une chieuse le reste du temps.
Ce qui est emmerdant avec la philo, c'est qu'on s'y perd, on s'y noie et on coule à pic dans les tréfonds de nos âmes qui ne sont que des représentations poétiques d'un état sensible dont on ignore tout, mais dont on croit tout saisir par une intimité à notre être, qui nous est cher.
La vie se singularise par le mouvement. Activité cellulaire, synthèse chimique ou dégradation de nos molécules, enfin toutes ces activités internes qui finissent par créer en nous une pensée. Or, et là cela se complique, si la pensée a, c'est indéniable, un substrat biologique, elle s'en échappe aussi, elle le transcende. Quand je parle par mon langage articulé et que ma pensée se retrouve formulée par des sons dans un espace social, où est le biologique là-dedans ? On est, ici, qu'en présence d'un phénomène physique mesurable en hertz. Maintenant si un individu, disons un alter égo pour simplifier comprenant ma langue entend le message et l'intériorise, ma pensée déshumanisée redevient purement biologique dans la tête du récepteur qui comprendra le message avec sa propre sensibilité. Il y verra par résonance des choses que ma raison ne croyait pas y avoir mis. Il enrichira mes pensées ou les appauvrira, peu importe, en les intériorisant, il les fera siennes. La pensée a changé de tête, la pensée passe de tête en tête, comme l'outil passe de main en main pour accomplir le même travail. Voilà, bien le problème de la philo, on parle, on parle et on parle encore et on en oublie l'essentiel ; l'heure de l'apéro. On parle pour dire en compliqué des choses qui sont en réalité assez simples au demeurant et non aux deux mourants qui me regardent de leurs yeux vides sur l'écran du journal télévisé de douze heures.
La mort, à mon humble avis, encore une fois, est tout simplement l'inactivité totale de la pensée et c'est en cela qu'elle a du mal à en admettre l'idée. Elle n'est pas faite pour cela, tout comme il est inutile de demander à ma femme de se taire. Voilà les amis, vous voyez, il ne fallait pas en faire tout un plat, ce n'était pas si compliqué que cela. Bon maintenant je ne vous souhaite pas d'expérimenter si mes allégations ont un quelconque fondé en allant y voir de plus près. Portez-vous bien et vous ne vous en porterez que mieux.
La pensée du jour : « C'est en mourant qu'on devient moins vivant ou c'est en vivant moins qu'on devient plus mourant. »
Bises à vous ou bisous en contracté
Hervéééééééééééééééé! t'es où????
· Il y a 9 mois ·vividecateri
Hervéééééééééééééééé! reviens... tu n'es pas mort hein!!!! Maintenant si un individu, disons un alter égo pour simplifier comprenant ma langue entend le message et l'intériorise, ma pensée déshumanisée redevient purement biologique dans la tête du récepteur qui comprendra le message avec sa propre sensibilité. Il y verra par résonance des choses que ma raison ne croyait pas y avoir mis.
· Il y a 10 mois ·vividecateri
Merci.
· Il y a plus de 7 ans ·J'aime bien la penséé du jour.
le-droit-dhauteur
Merci ! Je ne l’a trouvais pas terrible, comme quoi, le pas terrible des Huns, peut être l’Attila des autres.
· Il y a plus de 7 ans ·Hervé Lénervé
pas mal ...
· Il y a plus de 7 ans ·l'avant dernier paragraphe me rappelle une citation de Heinrich Herz (justement) : "On ne peut échapper au sentiment que les formules mathématiques ont une existence propre, qu'elles sont plus savantes même que ceux qui les ont découvertes, que nous pouvons en extraire plus de connaissance qu'il n'en a été mis à l'origine;"
campaspe
Tous les scientifiques peuvent discuter ensemble sauf pour les matheux qui ne peuvent discuter qu’entre eux. Les pauvres, ils se sentent rejetés et en font un complexe. Les mathématiques fondamentales sont des abstractions d’un autre univers et personnellement j’ai déjà du mal à voyager dans notre propre galaxie. Merci de ta lecture, t’as une drôle de tête, si j’peux me permettre.
· Il y a plus de 7 ans ·Hervé Lénervé
je suis un peu vexée, d'autant que ma photo est très ressemblante :-)
· Il y a plus de 7 ans ·campaspe
Pardon ! Je suis désolé, je ne sais pas pourquoi, j’ai dit cela, car j’ai déjà été amoureux d’un lama, mais il est parti brouter dans un temple, la haut sur la montagne.
· Il y a plus de 7 ans ·Hervé Lénervé
(C'est un alpaga :-) )
· Il y a plus de 7 ans ·campaspe
Je me disais bien, qu’il ressemblait, du temps où j’étais un dandy, à un de mes costumes que j’avais bien aimé aussi.
· Il y a plus de 7 ans ·Hervé Lénervé
:-)
· Il y a plus de 7 ans ·campaspe