(Psycho) le Bonze.

§27

Une énigme :

Un bonze, sympathique au demeurant, fut pris d'une envie subite… non pas celle-là… mais celle d'aller méditer à la pagode située tout en haut de la montagne. Et oui ! Quitte à bâtir un temple, autant le localiser le plus près du ciel, c'est plus spirituel certes, mais peu pratique pour s'y rendre. Maintenant comme dans la philosophie bouddhiste il n'y a que par l'effort que la satisfaction ne peut se réaliser pleinement, cela reste cohérent. Contrairement à notre pensée occidentale où le patient paye la même somme à son médecin qu'il lui ait diagnostiqué un simple rhume ou un cancer en phase terminal. Donc, nos églises sont au ras des pâquerettes et bondées, tandis que les pagodes sont difficilement accessibles et désertes.

Donc notre bonhomme, d'orange vêtu, part de bon matin, car le chemin est long et montant bien évidemment, car autrement, il irait vers les enfers, il ne faut pas se tromper de direction, car cela a beau être clairement indiqué sur les panneaux autoroutiers, dès fois, perdu dans ses pensées, la concentration n'est pas maximale. Il va mettre la journée pour atteindre par ce sentier unique le temple tant élevé. Entre temps, il se sera arrêté pour une envie pressante… oui, celle-là, cette fois… pour se reposer un peu et se restaurer, sans oublier de boire une bière népalaise. Exténuer, mais heureux et satisfait, là ce sont des adjectifs pour nous, lui est épuré, sanctifié et béatifié.

Toute la nuit il reste, à méditer dans l'état de conscience N°16 qui évidemment n'est pas reconnu dans notre système métrique européen des états de conscience qui ne compte que 4 stades : 1- Veille, 2- sommeil, 3- bourré, 4- mort, dans cette synergie précise ou une autre aléatoire, comme on veut.

Au matin, ce n'est pas tout, mais il faut bien redescendre pour tondre les lamas, donc il reprend le même chemin. Eh ! C'est plus facile, quand la montée est descendante. Il s'arrête encore, pour éviter les points de côté cette fois et arrive enfin, rincé, éreinté, dégoûté, pour nous, purifié, exalté, transcendé, pour lui, à son home sweet home. Ses lamas l'accueillent affectivement en lui crachant dessus, effectivement, c'est leur façon de montrer leur attachement.

Voilà, nous y sommes, enfin, je sais, c'était un tantinet longuet, mais vous croyez que c'est une promenade de santé que de faire ses courses quotidiennes (une tranche de jambon et trente packs de bières), sur la chaîne Himalayenne.

Voilà, maintenant la question que nous attendons tous, sauf moi, car je la connais déjà :

Est-ce que le bonze dans son périple, a été au même endroit à la même heure à la montée, comme à la descente ?

Ou plus précisément : a-t-il pu être dans le même lieu, dans le même temps, décalé d'une journée ?

Ou encore : est-il recommandable de coucher avec une fille à la première rencontre ? Ou ne vaudrait-il pas mieux attendre d'être isolés dans une pièce ?

Bon, la solution sera publiée dans l'Yonne Républicaine du 28 juillet. (C'est le seul quotidien régional qui ait accepté de le faire pour se changer un peu des chiens écrasés… Non ! J'déconne, je vous donne la réponse à la prochaine rubrique.)

Maintenant, je précise que cette devinette se trouve dans cette rubrique dite « psychologique », car la solution est d'une telle évidence pour une machine, qu'il faut vraiment être humain avec un psychisme spécifiquement humain pour hésiter ne serait-ce qu'une fraction de seconde quant à la réponse à donner.

Allez salut les gonzes ou les bonzes, cogitez bien. « Cogito, ergo sum.»