(Psycho) L’INGENIOSITE DES EXPERIENCES

§7

Première partie

En psychologie générale, parfois ce sont les astuces pour expérimenter qui séduisent plus que la découverte qui laisse pantois qui pue.

Par exemple une anecdote :

Des entomologistes avaient remarqué que les fourmis empruntaient toujours le chemin le plus direct pour aller de leur fourmilière à une proie, quelques en soient les obstacles et Dieu sait, puisqu'il sait tout, qu'il y en a, à l'échelle d'une fourmi. Ils se posaient donc la question de savoir comment elles pouvaient produire une telle économie d'énergie et comme ils ne trouvaient pas, ils allèrent demander à leur potes psychologues enfermés dans leur tour d'ivoire… leur labo.

Les potes en question, se grattaient la tête, car de cheveux, ils n'avaient plus… bien sûr, à force de réfléchir.

Comment expérimenter ce prodige de la localisation satellitaire sans GPS ? L'un d'entre eux, le plus astucieux, déjà sa mère disait cela de lui, se dit à lui-même, cette fois-ci :

Partons du début.

Un, une fourmilière. Deux, de la nourriture. Trois, j'irai dans les bois… non pas ça ! Trois, Trois chemins. Je vais en prendre que deux pour simplifier (c'est toujours lui qui parle)

Donc il réalisa une petite maquette avec deux plateformes séparées, mais reliées par deux ponts entre-elles, le premier en ligne droite, le second sinueux… à vos souhaits… de rien ! Sur une des plateformes, il installa de la nourriture à fourmi, acheté chez l'épicier bio juste en dessous de chez lui, de bon produits, pas trop chères, mais la patronne est une vraie commère… bon on s'en fout. Sur la deuxième plateforme, il lâcha une bande de fourmis affamées, collectées dans le petit bois derrière chez lui, des noisetiers, une clairière, une petite marre sympa… bon on s'en fout aussi. Il faut cependant préciser, au risque de ne plus rien comprendre qu'il recréa sur la plateforme, où il allait libérer ces fourmis boulimiques, les conditions de la création d'une fourmilière. (Lesquelles ? Allez le demander à la fourmi la plus proche de chez vous, cela ne manque pas. La fourmi est l'insecte le plus présent sur Terre, au même titre que le con chez l'humain.)

Les fourmis n'avaient aucune raison d'emprunter un pont plutôt que l'autre, ou alors, une raison de fourmi qui nous ait incompréhensible à moins que vous soyez fourmi, vous-même, car je ne vous connais qu'assez peu, finalement. Mais en l'occurrence, elles firent ce qu'auraient fait n'importe quels organismes vivants pluricellulaire, fussent-ils fourmis ou hommes ou pire encore. Elles partirent à l'exploration de leur milieu, en bandes  désorganisées sur un pont comme sur l'autre. Donc la répartition du nombre de fourmis sur les passerelles étaient aléatoire et on a déjà vu une fourmi errer au hasard des chemins, elle va à droite, elle va à gauche, elle revient, elle repart, bref on se demande bien ce qu'elle peut avoir dans la tête, cette fourmi-là. En fait, le plus probable serait qu'elle n'ait rien en tête, elle explore sans idée préconçue, à fortiori que des idées, les fourmis n'en ont aucune. Donc, sur un grand nombre, les répartitions aléatoires sont approximativement équilibrées, donc sensiblement le même nombre de fourmis se situent sur le pont A, comme sur le B. Ne voilà-t-il pas qu'une exploratrice, la plus dégourdie, peut-être, (même pas, elles sont toutes identiques et interchangeables) découvre la nourriture… chouette ! Du coup, elle prend tout ce qu'elle peut transporter sur elle et ramène son trésor à la plateforme A (fourmilière en devenir). Entre temps une seconde fourmi, puis une troisième et ainsi de suite, avaient découvert à leur tour la nourriture et fait de même que la pionnière. La pionnière qui, infatigable, était repartie chercher encore de la bouffe, elles n'en ont jamais assez ces fourmis (aucune comparaison avec nous, of course de cheval) La pionnière repart par le même chemin qu'elle avait emprunté la première fois, (ce qui sous-entend que la fourmi peut mémoriser un tracé) supposons le plus long pour compliquer la chose qui l'était déjà assez comme cela. La deuxième fera de même par l'itinéraire qu'elle avait déjà emprunté au retour, supposons le plus court pour simplifier… ouf !

A partir de moult aller-retours de la troupe de fourmis, on pourra observer qu'un, le tracé le plus long a été totalement déserté au profit du plus court, que deux la fourmi n'a jamais de point de côté. Pourquoi ? Pourquoi le plus court ? (Le manque de point de côté venant que la fourmi n'a pas de rate.)

Tic…tac…Tic…Tac…Tic…Tac…

Ne cherchez plus, le temps est écoulé.

Je vous donne la réponse.

Les fourmis communiquent comme tous les animaux, (même nous si, si, même si, si, on ne le sait plus) par une odeur, la phéromone une substance gazeuse chimiquement spécifique, très pratique, mais qui pue un max. Le train de fourmis chemine, les wagons fourmis reliés entre eux par la phéromone. Or l'odeur est d'autant plus forte que la distance diminue entre individus, donc plus la distance du parcourt est courte, plus l'odeur est forte. Nous le savons par empirisme, ne fuit-on pas, au loin, notre pote qui vient de péter ? Fumer tue, péter pue.

Donc la fourmi, qui n'est pas péteuse par fable et pas délicate par nature, suit davantage la fourmi qui pue fort que celle qui pue moins, en fin de compte par une loi statistique admise même par l'association des « antistatisticiens » anonymes, une seule colonne existera et elle empruntera indubitablement le chemin le plus court, obstacles compris TTC et CQFD (fin des acronymes et fin de l'histoire… Ouf, pas trop tôt !)

Salut les poteaux, ne pétez pas plus qu'il ne faut.

PS. Pourquoi une expérience aussi simple est aussi compliquée à relater ? Merci de ne point me le dire, je redoute les pas de côté.