Quand le vent s'agite

Quand le vent s'agite, s'impatiente, les feuilles mortes roulent par terre dans un bruissement plaintif. L'eau dans les bassins de la ville se ride en cercles frémissant où se miroitent le ciel et les nuages. Septembre change ses habitudes, bientôt les châtaignes ouvriront leurs bogues, dans les forêts les coins à champignons recevront la visite des habitués. Prévoir une promenade au bord de la rivière, le sac à dos et l'esprit encore légers, nous ne sommes qu'à deux semaines de la rentrée.  Mon opérateur  me propose une offre "exceptionnelle" pour un smartphone dont je me fiche complètement, je ne suis pas une bonne cliente. Je ne veux pas entrer dans le système des opérateurs téléphoniques et de la société de consommation. Je suis une récalcitrante, une "mini" rebelle car j'ai l'air sage comme une image.

Marcher avec le vent qui souffle ses premières plaintes dans la haute montagne, oublier le garçon de la gare cet été, quand j'ai raté le dernier train pour Gordes et qu'il m'a aidée à trouver un hôtel où dormir. Il m'a dit: "Si tu rates ton train demain, je te ferai visiter mon coin de paradis." J'ai souri, je crois qu'il aurait voulu que je reste mais à seize ans on ne reste pas, on rejoint ses amis comme prévu. J'ai perdu son numéro de téléphone, peut-être une histoire d'amour manquée... J'ai une fâcheuse habitude de dire: "ça fait rien". Et si un jour ça faisait quelque chose en fait? Je ne voudrais pas passer à côté de quelque chose, ou pire de ma vie. Tandis que le vent souffle dans mes cheveux, je regarde les branches des arbres qui fouettent l'air comme des forcenés. Pas un temps à cueillir des pâquerettes en vérité, foncer tête basse vers la vallée et arpenter la ville déserte où le vent n'est plus qu'un souffle d'air quasi muet et limpide.