Quand tu n'es pas là.

Je ne cherche jamais ton regard. Jamais. Je ne tourne pas la tête, les yeux humides à la recherche de ta contemplation. Je n'essaye pas d'attirer ton attention, d'attirer la douceur de tes attentes. Je ne le fais jamais car je sais que tu le fais déjà. Je sais que tu me regardes déjà et que tu me fixe avec envie chaque fois que c'est possible. Jamais je ne cherche tes yeux. Si un jour cela m'arrive, c'est que tu n'es pas là.

Je ne respire pas à côté de toi. Je m'étouffe, je manque d'air, je cherche ma respiration. Je fais de l'apnée constante, de la méditation respiratoire. Je ne peux pas respirer à mon aise a coté de toi. J'ai trop peur de prendre ton air, ton oxygène, ton souffle. J'ai trop peur de m'accaparer ce qui est à toi, trop peur de te priver de tout ça. Depuis que tu es venu à coté de moi, j'ai perdu mon souffle. Mais si j'ai vraiment du mal à respirer, c'est que tu n'es pas là.

Je ne parle pas, jamais, et pour dire quoi ? Je ne fais pas de commentaire, pas d'anecdotes. Je n'ose jamais te dire tout ce que je ressens, tout ce que j'ai en tête et en coeur. J'ai trop peur de te couper, peur d'éteindre le feu qui s'allume dans tes mots. J'ai trop peur d'interrompre, de prendre les devants et de dire quelque chose de moins enivrant que ta pensée. Si je parle sans m'arrêter, c'est que je ne te trouve pas. Et quand je perds mes mots, c'est que tu n'es pas là.

Je ne pense pas. Je n'essaye pas de réfléchir pour deux, de prendre des décisions, de deviner ta pensée. Je ne veux pas penser pour toi, et me perdre dans tes pensées. Je ne voudrais jamais être tes pensées, car je sais quelles me concernent toutes. Mais je voudrais tellement que tu soit dans les miennes, car oui, elles te concernent toutes aussi. Je ne veux pas penser quand tu m'accompagne. Mais si un jour je perds le fil de mes pensées, que je ne pense à rien, et que ma tête est vide, c'est que tu n'es pas là.

Ne soit jamais pas là. Pas à côté de moi à prendre mon air, à prendre mes mots, à voler mes pensées et mes gestes. S'il te plaît, n'essaye jamais de t'en aller, car à mon tour, je ne serais plus là. Je ne serais plus. Tout simplement.