Quel âge avez-vous jeune homme ? JESSIE . Chapitre 36
Jp Scriblerus
Chapitre 36
Rencontre dans le train du retour.
D'emblée en rentrant chez ses parents sur les coups de midi Sébastien Villepou emplit son rôle de petit télégraphiste.
- Tu as bien le bonjour de Jessie, dit Sébastien à son père.
" Et je confirme : Les fiançailles n'en parlons plus, quant au voyage en Turquie je verrai plus clair demain. Je préviens le resto. Je téléphone au bijoutier, j'envoie des mails et je fais des téléphones pour annoncer la bonne nouvelle " continua Sébastien souriant apparemment détendu.
- Eh bien malgré tout ça n'a pas l'air d'aller si mal ce matin, fit Arlette Villepou.
- Il n'y a pas mort d'homme, dit le fils.
- C'est quand même un beau gâchis renchérit Arlette ...
Charles Villepou s'il l'avait enregistrée n'avait pas réagi à la transmission, pourtant appuyée du regard, du " Bonjour de Jessie. "
- Tu sais que j'ai eu la mère Cassegrain qui m'a dit que tu étais un beau salaud et qu'elle craignait que tu avais engrossé sa fille, reprit Arlette.
Sébastien ne broncha pas, les débauches dont celle à laquelle il venait de se livrer ne l'autorisait à aucune répartie, du moins ne s'en sentait-il pas capable sur le moment, mais il se demandait pourquoi la mère de Jessie pouvait l'avoir qualifié de " beau salaud. "
Après ce qui venait de se passer avec Jessie il se disait que pour le coup il ne pouvait l'avoir engrossée au moins pour les semaines à venir. Il se revoyait chez Jessie se purgeant honteusement par deux fois dans les eaux glauques du lavabo.
Arlette Villepou qui appelait systématiquement Gisèle Cassegrain " Josette " par méchanceté lui vouait désormais une haine croissante. Elle la qualifiait de vieille garce et de marchande de poisson.
Il ne manquerait plus que Sébastien ait engrossé la fille. Quoique … ce serait le pompon. Et Sébastien ne lui donnait aucune certitude sur ce point, et là encore elle observait qu'il n'avait pas rebondi sur la manière dont la Cassegrain l'avait qualifié.
Sébastien n'avait maintenant que la hâte de repartir au plus tôt pour Paris. Il se demandait d'ailleurs pourquoi il était redescendu, ah oui clôre toutes les affaires en cours ! beaux résultats. Il les avait quand même effectivement résolues ou était sur le point de les résoudre. Mais il n'était pas allé reporter les bagues de fiançailles chez le bijoutier.
- Et tes sacs poubelles qui encombrent la cave, tu comptes en faire quoi.
Ah oui, c'est vrai encore ça, surtout dans les sacs poubelles, du linge, des godasses, des dossiers, des bouquins... Et ses parents qui allaient partir pour quinze jours trois semaines à Cannes en août mais nous n'étions qu'à la mi-mai et lui à Paris travaillerait. Y ' a le temps.
*
Au grand dam des parents Sébastien prit ce samedi le train de dix-neuf heures pour Paris. Dans le train qui remontait vers Paris, tandis que les doigts de Sébastien pianotaient sur les touches de son ultrabook, son esprit ressassait la révélation de Jessie selon laquelle elle forniquait avec de vieux pervers.
Et la manière dont elle avait raconté la chose signifiait qu'elle la pratiquait depuis un moment déjà alors même qu'ils étaient ensemble, qu'elle l'accompagnait à la messe le dimanche, qu'ils s'apprêtaient à partir ensemble en Turquie et à se fiancer à la rentrée. C'était fou, comment avait-il pu être si aveugle.
*
Qui était donc cette fille. " Seriez-vous de ceux qui sont addicts au Web ? " lui demanda la présence subtilement parfumée qui côté fenêtre regardaient les doigts de Sébastien Villepou courir sur les touches.
Il suspendit ses doigts, il leva les yeux, et croisa ceux noirs et souriants de la jolie et improbable quinquagénaire qui venait de lui tenir ce langage.
- Oui, enfin non ! je l'utilise essentiellement à des fins professionnelles, et puis effectivement parfois j'erre, pour me divertir comme ici.
La femme s'était repositionnée dans une attitude indifférente et courtoise, et feuilletait le Figaro-Magazine mais poursuivit le fil de la conversation qu'elle venait de susciter sans le regarder précisément, comme parlant à son magazine.
- Vous êtes étudiant ?
- Je viens de terminer mes études, je viens d'entrer en entreprise.
- Oh oh la valeur n'a donc pas attendu le nombre des années..
Sébastien fit le modeste, et d'ailleurs n'osa avancé qu'il était ingénieur.
- Lorsque l'on naît avec un bon quotient intellectuel c'est comme si l'on naissait avec une petite cuiller d'argent dans la bouche, et l'on n'a aucun mérite, tout vient tout seul.
La femme ne dit rien et sourit. Il aimait son parfum. Elle ne comptait plus les hommes qu'elle avait harponnés avec son parfum. Sébastien désactiva et referma son ultrabook.
Elle lui dit :
- J'espère que je ne vous ai pas dissuadé de continuer à travailler.
- Peut-être votre parfum m'aura t-il troublé.
- Quel âge avez-vous jeune homme ?
- Vingt-cinq.
- C'est un bel âge et tentateur pour une femme comme moi amatrice de chair fraîche.
Sébastien Villepou sentit la chaleur d'une cuisse venir imperceptiblement effleurer la sienne, s'y frotter même, l'épaule de la femme venir s'accoter à la sienne, sa joue venir chercher la sienne.
Enfin elle lui glissa à l'oreille : " Ecartez-vous vite, mon parfum vous trouble peut-être, mais faites attention il peut vous imprégner malgré vous, votre petite amie pourrait imaginer des choses. Vous avez une petite amie ? "
Sébastien était à la fois gêné par l'audace soudaine et affichée de cette femme avec laquelle pourtant il se sentait naturellement en confiance et qui lui semblait apte à recevoir et comprendre des états d'âme.
- J'en ai deux.
- Oh deux, deux petites amies ! Don Juan ? Casanova ? Mais de nos jours on peut aussi faire mieux..
- On devait se fiancer en septembre.
- Avec les deux ?
Ils rirent, mais peut-on rire avec ces choses là.
- Je viens de rompre avec celle avec laquelle je devais me fiancer...
- Vous fiancer quel mot suranné, mais vous avez l'âge des ruptures ...
- L'autre je ne la connais que depuis peu.
- Sachez au moins saisir l'instant, prenez, possédez, jouissez, profitez, les corps son beaux à cet âge, les formes sont pleines, les lèvres savent se donner et fondre, les seins gonflent, les fesses savent se tendre sous les caresses, vous avez le sexe conquérant jouissez, l'on n'a qu'une jeunesse, qu'une peau, qu'un élan, qu'un temps pour tout ça ! après il est trop tard, l'on met tout en chambre froide.
Sébastien s'était tourné vers la femme, elle semblait se parler à elle-même, elle avait les yeux fermés... se racontait une histoire, soliloquait. Elle replongea les yeux sur les pages de son magazine et ne desserra plus les lèvres du trajet.
A l'arrivée, il lui descendit sa valise, elle lui glissa un bristol et sans un merci, sans un signe se fondit dans le flot des voyageurs qui rejoignaient la sortie.
Son parfum enveloppait Sébastien.
Il lut le bristol Brigitt@gmail.com
Sébastien fut chez lui à vingt deux heures et au lit à vingt deux heures trente.
Il mit France info.
µµµ
08052013 .
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A Suivre
Tempêtes sous le crâne de Sébastien
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