Quel bonheur!

aile68

Quel bonheur de se réveiller dans les hauteurs de Naples avec cet air doucement frais, on eût dit la finesse d'un foulard de soie! ça sentait bon la nature, les arbres légers, j'étais fraîche et dispose dans un paysage vraiment enchanteur. C'était lors d'un voyage de sucre et de miel, j'avais mis ma robe à fleurs, ma destination  était mon île de beauté, mon île secrète en vérité. Le long de la route là-bas, poussent des fenouils hauts comme des arbres, leur odeur acidulée est enivrante. Puis plus à l'intérieur des terres se suivent les orangers au parfum chaud et sucré, c'est comme si le soleil les avait épousés en leur donnant cette couleur si généreuse d'une flamme orange vif. 

La chaleur là-bas vous plaque sur le sable brûlant, c'est un pays aride où l'eau remplissait de grandes cuves tous les deux jours, on la gardait aussi dans des tonneaux, elle arrivait le soir je me souviens, c'était alors un branle-bas de combat spectaculaire. L'eau ces soirs-là ruisselait le long de la rue, ça changeait des pavés chauds et poussiéreux de d'habitude. Un jour, je ne sais pas ce qui leur avait pris, mes tantes ont décider de laver la cour, c'est aux enfants dont je faisais partie qu'elles ont confié cette tâche pour le moins étrange vu la rareté de l'eau, on a pris cela comme un jeu fort distrayant, moi et mes cousines étions munies de balais et de seaux, et nous avons frotté le sol dans un grand brouhaha avec l'ardeur des enfants qui ont enfin quelque chose à faire. Ce n'est pas que nous nous ennuyions d'habitude mais le soleil implacable nous obligeait à plus de lenteur...

Se réveiller un samedi en France. Le ciel ce matin est gris mais il fera chaud, la météo l'a dit et j'y crois. Dans ma maison ça chante tôt, même très tôt parfois, comme le coq de jadis. J'aimais bien moi cet air de campagne et d'écurie, on donnait à manger aux lapins, des écorces de pastèque en général, j'adorais faire ça avec mon petit-frère. Mon grand-frère lui avec son cousin préféré faisait rager une de mes tantes quand il courait à travers les champs de blé, allez savoir quel coup ils avaient fait. Je crois qu'il a des souvenirs de liberté inimaginables là-bas! Mais je n'en saurais jamais rien. Les grands aiment bien cultiver leurs mystères, les petits n'ont pas à savoir.... J'ai grandi certes, notre univers là-bas a bien changé et je n'entre plus dans ma robe à fleurs. Mais je peux toujours me faire une tresse sur le côté comme avant. Allez aujourd'hui je me coifferai comme ça!




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