Ce que j'aimais particulièrement chez lui, c'était sa façon de marcher.
Les épaules en arrière, la tête dans les nuages. Il semblait loin, très loin de nous.
Un éternel sourire sur les lèvres, étiré jusqu'à l'épuisement. Il marchait les mains dans les poches de sa veste en jean, été comme hiver.
Il passait devant les Proche-Du-Sol sans crainte. Lui, ne regardait pas souvent par terre.
Quand accablé par les soucis, il marchait en regardant les pavés, ça ne durait jamais très longtemps.
Sa poitrine se soulevait soudain un peu plus fort, un peu plus violemment. Un long soupir le prenait.
Il levait la tête. À le voir faire à côté de moi, je me rendais compte qu'il reprenait confiance.
Il ne la perdait pas beaucoup.
Il n'était pas comme nous, tourneurs de bourriques. Il marchait un peu plus légèrement, comme si ses pieds ne touchaient jamais véritablement le béton.
D'ailleurs, je me demande si ils touchaient vraiment le sol.
Quand j'avais le bonheur de marcher près de lui, le monde me semblait tout à coup accessible.
Je ne doutais plus. Chaque minute durait infiniment. Et je me sentais bien.
Quand il prenait son ton sérieux pour me gronder ou me donner des conseils, il rejetait le menton en arrière. Sa posture sérieuse. Ça me faisait rire mais bien sûr, c'était tout sauf le moment de rire.
Ce que j'aimais particulièrement chez lui, c'était sa façon de marcher.
Parfois, dans des rues de villes presque connues, je remarque une personne. Soudain, je le vois devant moi. Le balancement des hanches, les épaules relevées. Mais non, ce n'est jamais lui. Jamais, je ne retrouve son sourire et sa veste en jean.
Dommage. J'aimerais encore faire quelques pas à ses côtés.
Joli, poétique et entrainant. belle chute.
· Il y a presque 10 ans ·ella