Quelques sols Monseigneur.
Christophe Hulé
- Quelques sols Monseigneur pour soulager votre conscience.
- Et qui te dit manant qu'elle a besoin de l'être, tu ne vaux même pas une poignée de deniers.
D'ailleurs je m'en veux de perdre mon temps à te parler.
- Allons Votre Seigneurie, je prends peu de risques à dévoiler, sans dévoiler, ce qui pèse à chacun.
- Et tu penses prendre sur toi la part d'ombre qui nous étreint tous. Le dire n'est pas prodige, vois cette lame, elle peut à tout moment te libérer de tes propres démons.
- Et vous pensez ainsi vous libérer des vôtres, tuer les mouches ne vous épargne pas de la Peste.
- Tu as cette chance de me trouver dans une humeur favorable, et ton aplomb me distrait.
- C'est un honneur Sire, cela vaut bien quelques sols.
- C'est trop tôt pour le dire, jusqu'ici tu ne t'en est pas mal sorti, mais j'attends plus.
- Monseigneur, à vos yeux je ne suis qu'un pouilleux, mais je suis bien renseigné, comme la mouche que je suis justement.
- Et tu prétends m'instruire ?
- Je ne prétends vous forcer en rien, libre à vous de m'occire ou de passer votre chemin.
- Tu es bien téméraire, je pourrais, c'est vrai, t'occire à l'instant, rien que pour la jouissance de n'avoir aucun compte à rendre.
- Alors je reviens à mon propos, serez-vous à votre aise ? Vous savez, enfin devinez peut-être, que je ne vous ai pas importuné par hasard.
- Bien, je t'invite à la taverne, ma position me permet de côtoyer des gueux comme toi s'il me plaît de le faire.
- Deux pichets et je veux le meilleur !
- Bien entendu Monseigneur, nos caves ne sont pleines que du nectar des Dieux.
- Alors peux-tu cesser ces énigmes et me dire ce que tu sais.
- Vous avez tant d'ennemis Monseigneur.
- C'est tout ?
- J'ai cette prétention de les connaître.
- Voilà qui est mieux.
- Le Roi vous fais confiance, mais …
- Là je ne mordrai pas à l'hameçon, prétends-tu nager dans ces eaux ?
- Oui, vous avez devant vous l'apparence d'un gueux, dépêché par le Roi pour quelques affaires.
Vous êtes le sujet du moment, et non des moindres.
- Vous m'amusez, et j'avoue ne pas avoir ce loisir vu ma condition, vous méritez bien ce pichet et quelques sols.
- Vous n'avez sans doute pas pris la mesure de l'aveu que je viens de faire, et qui pourrait me coûter cher si vous veniez à faillir.
- Bon, je ne comprends pas bien qui vous êtes, ni où tout cela nous mène.
- Bien, vos talents, votre fougue, votre jeunesse, l'estime que vous portez au Roi, votre rectitude face à toute tentative de corruption, votre incapacité louable à mentir, à trahir …
- Au fait je vous prie.
- L'embuscade est prévue pour ce soir. Le Roi vous demande de ne sortir sous aucun prétexte, votre double sera l'appât, il ne risquera rien car les soldats du Roi seront sur le qui-vive.
- Alors commandons deux autres pichets.
- Certes l'ami, et cette fois c'est moi qui paie.
Quelle histoire de gueux ( ceux de l'histoire)
· Il y a presque 2 ans ·vividecateri
Les gueux n'ont pas disparu hélas et ça arrange tout le monde. Que les petits trouvent plus petits.
· Il y a presque 2 ans ·Une bien triste définition de la paix sociale.
Christophe Hulé