Quotidien Fantasia

Totem De La Nuit Belle

Quotidien Fantasia !

« Novembre : le onze douzième d’une lassitude. »

Ambrose Bierce in Le Dictionnaire du Diable

 

Version 1 :

8h15. La sonnerie du portable comme réveil qui hurle ses stridences. Courbatures dinausauriennes. Putain de chauffeuse d’un salon sans chauffage. Quotas du quotidien. Mes deux lentilles, un café noir, une clope dégueu et mille raisons de se plaindre. Puis le couloir du froid. Synagogue. Piscine monument. La CCI. Un cinéma. La bibliothèque. La Mairie terminus. Voila mes rues. Voila mon Monopoly grenoblois journalier.

Oh grisaille, toi qui me tenailles, sache que je t’emmerde.

Version 2 :

8h15. Les anges de la Résurrection trompettent la Chevauchée des Walkyries. D’un bond d’un seul, je m’apprête à conquérir le monde comme tous les matins, la nuit m’a porté conseil, je vais commencer par envahir ma salle de bains. Le miroir amoureux me supplie de garder mon reflet. Scarlett sonne à la porte juste pour sentir mon odeur au réveil, parce qu’elle adore ça, parce que ça lui rappelle la lavande qui lui rappelle son père qui lui – Je n’ai pas le temps chérie. Je suis le héros à l’haleine fraîche, le prince de Lu ma-tu-vu qui ne sue, Moïshe l’enfant Dieu qui tourne les pages du Destin sur le seuil des Portes de la gloire. Pas de café, pas de clope, Mégalo Menthe à l’eau. So fresh, so sex. Dehors. Mon dehors. Au Diable les diables Vauvert, la route cuivrée aux reflets d’or, je ne marche pas je surfe. Salam la Synagogue, vous êtes tous mes frères, plouf la piscine, ça traîne en longueur. Et à la CCI pleurent mes idolâtres du haut de leur tour de verre. Eux qui trônaient, voila qu’ils s’effondrent. Symphonie n°40 de l’ami Amadeus. Haut les cuivres, haut les violes ! Mon destin est Festin. Au coin de la rue, le 7ème art en mire, quand je ne joue pas, je tourne. Pas de critiques télaramiennes, que de l’éloge et je la ramène. Scoop, zoom, flash. Faut que ça crépite pour qu’ça m’excite. Et la toile n’est jamais assez grande. Le happy end comme mouvement perpétuel, la Traviata comme factuel. L’Alexandrie-la biblio, les étages qui se courbent, mes livres comme rouages des locomotives littéraires. C’est ingénieux, c’est palpitant, c’est envoûtant, ça vient des Dieux. J’inspire le siècle quand les autres s’imprègnent du quotidien.

Quotidien Fantasia ! Quotidien Pasionaria ! Quotidien Fulgurancia !

8h15. Cette putain de sonnerie de portable qui hurle ses stridences…

 Totem

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