Rame de métro

poulpita

Une rame de métro. Une minute. Cent visages. Cinquante émotions. Du sourire banane au visage absent. Effleurement. Distances de sardines. Les bijoux en or, la tablette, les écouteurs, les fils qui les relient, le livre de bibliothèque, le chewing gum mâché mille fois, le sac à dos. Les corps posés de pierre, muscles tendus, éviter les sautillements ridicules des rames inconfortables. La main sur la barre, les mains croisées sur le sac en tissu, les doigts agrippés au journal. Les coups d'œil en triangle. SMS lus furtivement – et l'envie de se jeter dans la conversation pour répondre moi aussi je t'aime. Lumière. Le métro se fait aérien. On se lève d'un seul homme. Les strapontins claquent. L'appel d'air. Ça sort sans un mot. Les petits pas de côté, les pivots, la danse vers la porte, le ballet des entrées et sorties. Les nouveaux. Coup d'œil circulaire. Siège ? Pas siège ? Pas siège. La rame s'enfonce dans le noir. Montagne russe. Le regard loin. Le regard pied. Le regard haut. Les yeux qui comptent les stations. Pasteur. Merde. Déjà. Loupé Montparnasse.

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