Rase campagne

vieufou

- Qu'est-ce que c'était ? T'as senti ?

- Rien, ma caille, on a dû passer sur un nid-de-poule ! Arf !

- Rigole pas avec ça Albert, je crois bien que quelque chose s'est jeté sur le pare-brise.

- Un lièvre qui aura sauté un peu trop haut ou une branche, tombée d'un arbre au mauvais moment. En tout cas rien de sérieux, le pare-brise n'est même pas fendu !

- Ne plaisant pas avec ça, Albert. Et si c'était un être humain. Arrête-toi, il faut vérifier.

- M'arrêter ? Mais ça caille, ma caille, t'as vu où on est, là ? Et puis quel être humain normalement constitué viendrait se promener dans un  trou paumé pareil, par nuit de brouillard en plus ?

Jo regarda les phares décroître au loin. Il fit quelques mètres en titubant et ramassa son bras, arraché de l'épaule par la violence de l'impact et projeté dans le fossé. Dans le peu de cerveau que contenait encore sa boîte crânienne, l'image d'une vieille couturière au fond d'une laverie à l'ancienne scintilla un bref moment et s'éteignit, aussitôt remplacée par une obsession familière :
Manger.

Et arrêter l'auto-stop. Définitivement.

Son bras sous le bras, il se remit en quête de nourriture.

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