R.C.

Alinoë

Défi 27 Jetez l'encre. Thème: Petites causes, grands effets. "Vendredi 13. J'ai oublié ma valise dans les toilettes de l'aéroport."

Y a vraiment des jours où je me dis que Murphy a une dent contre moi et ce, depuis ma naissance... C'est juste pas possible autrement ! Où je suis née sous une mauvaises étoiles... Produit défectueux à l'arrivée. Dommage qu'il n'y ai pas de SAVAM ; Service Après Venue Au Monde. Vous savez ; une sorte de bureau, d'accueil où les parents pourraient revenir dans les six mois s'ils constatent un défaut sur leur progéniture. Et, genre, si y a plus de trois défauts, paf, retour ; un peu comme l'euthanasie, pour les vieux. Oui, je sais, c'est morbide ET hors sujet.


Soit.


J'suis pas vraiment du genre superstitieuse ; je ne l'ai jamais été d'ailleurs... Les échelles, les chats noirs, tous ça, j'y crois pas. Par contre, j'ai clairement un problème de Karma ! Un exemple, au pif : le mois dernier, un vendredi, le treize (oui, comme de par hasard).


La journée avait très bien commencé... Enfin, normalement. Non parce que, treize ou pas, c'est plutôt rare que mes journées commencent « bien ». Déjà, elles débutent par un réveil et je hais le réveil ! Vous allez me dire, je déteste pas mal de choses... et vous avez raison.


Soit.


Donc, ce vendredi-là, en plus d'être le treizième jour du mois, sortait vachement de l'ordinaire. J'avais un avion à prendre, direction Montréal pour une installation définitive et un début dans un super boulot ! J'aurais du sentir venir la merde. Trop de trucs beaucoup trop positifs en un coup...


Bref.


J'ai quitté l'appartement à l'heure. Les cartons étaient empilés dans le salon, près à être embarqués par les déménageurs. J'avais tout revérifié trois fois : papiers, passeport, bagage à main, valise ; tout était nickel, pas une couille à l'horizon ! Que du bonheur !


Bon, habituée aux contrariétés, je m'étais déjà préparée psychologiquement à un retard de taxi, un pétage de roulette ou de trolley à ma valise, une sangle du bagage à main qui lache, ou quoi que ce soit dans ce goût-là. Pour éviter tout désagrément vestimentaire, j'avais enfilé un bête training et une paire de baskets ; peu de risque d'avoir un talon qui pète ou autre... J'avais même prévu des sous-vêtements de rechange dans le bagage à main et tant pis pour les sudokus !


Bref, j'étais parée !


Le taxi est arrivé à l'heure, aucune sangle n'a laché, aucune roulette récalcitrante à déplorer ; rien. Trop beau pour être honnête ! Bah, j'avais peut-être de la chance, pour changer. Ou était-ce le chiffre 13 qui m'était favorable ?


Sans me poser plus de question que ça, je me suis donc dirigée tranquillement vers l'entrée de l'aéroport, pas du tout stressée pour une fois ; ou presque. J'avais prévu large, au cas où ; j'avais amplement le temps de repérer les lieux (issues de secours, toilettes, sécurité, sorties, entrée, etc.), enregistrer mes bagages et rejoindre la salle d'embarquement.


Traaanquille la vie !*


J'ai franchis les doubles portes vitrées avec un large sourire aux lèvres, presque niais. Le premier jour du reste de ma vie commençait plutôt bien !


Ha ! J'aurais mieux fais de rester sur mes gardes au lieu de me réjouir de cet improbable bonheur !


J'avais à peine fait deux pas dans le terminal qu'un type en costard avec une belle tête de con me percuta de plein fouet, renversant au passage tout son café brûlant sur mon sweet-shirt tout propre.


« Et bardaf, c'est l'embardée!**», pensais-je en admirant les dégâts.


Sur le coup, j'étais tellement... comment dire... blasée... ou résignée, que j'ai laissé le mec se répandre en excuses sans rien dire, esquissant un vague sourire pour le rassurer. Ca devait arriver, de toute façon. Ca ou autre chose... Après tout, pas besoin de s'énerver ; j'avais encore ma valise sous la main et plus que le temps de trouver un petit coin de toilette pour me changer.


Si tôt dit, si tôt fait.


Une fois propre, je me suis dirigée le coeur léger vers la salle d'embarquement, juste à temps pour monter dans l'appareil. Un « bonjour » et un sourire à l'hôtesse. Quelques minutes plus tard, j'étais confortablement installée dans le fond de mon siège. La perspective de passer dix heures dans cette boite en fer flottant par je-ne-sais-quel miracle dans le ciel ne m'enchantait pas vraiment ; j'ai toujours eu le mal du voyage, quel que soit le moyen de transport, alors l'avion... Si l'homme était fait pour voler, il aurait eu des ailes, non ?!


Soit.


Le trajet s'annonçait fort pénible et pas uniquement à cause du moyen de transport... Je n'aimais pas les gens (je ne les aimes toujours pas, d'ailleurs) et voilà que je me retrouvais cloîtrée avec plein de spécimens aussi bruyants qu'abrutis avec qui j'allais devoir cohabiter dix heures durant. Rien qu'à l'évoquer, j'en ai des nausées...


Brrr !


Bref.


C'était un mal pour un bien ; une petite étape (pénible) en comparaison avec toutes les bonnes choses qui s'annonçaient ensuite. Je pouvais bien prendre sur moi le temps d'un vol... Même si l'embarquement mettait déjà mes nerfs à rude épreuves. Les gens avaient de ces questions. Et ce qu'ils pouvaient être cons !


« C'est par où, madame ? »


Genre ! Y a mile direction possible dans un avion, tiens ! C'est un Boeing pas le stade de France !


Respiration, application de la technique du « Gooze Fraba !»*** (un peu comme le « Aoum » en méditation sauf que tu dis « Gooze Fraba ».). Encore quelques minutes de patience et l'avion allait pouvoir décoller... Du moins, je l'espérais. Les yeux fermés, je m'évertuais à ignorer royalement les allées et venues des autres passagers aussi débiles que variés, me raccrochant à l'idée que ce n'était qu'un mauvais moment à passer.


Un long moment.


Vingt-trois minutes exactement. Il a fallut vingt-trois longues minutes pour que tous les passagers aient trouvé leurs places, rangé leurs bagages à main dans les compartiments prévus à cet effet (quitte à bourrer le sac de coup de poings pour qu'il daigne rentrer) et qu'ils se soient enfin assis au fond de leur siège. Tout ça pour ça !


Bien sûre, une fois installés, ils se sont tous mis à rouspéter comme quoi, franchement, l'avion traînait à décoller...


C'est l'hôpital qui se fout de la charité !


« Gooze Fraba ! »


Je n'allais tout de même pas m'énerver pour si peu ; le voyage venait à peine de commencer. Des énormités du genre, il y en aurait des centaines d'autres d'ici à ce que je pose le pied sur le sol canadien... M'est alors revenu à l'esprit l'éternelle question : pourquoi le monde est-il si con ? Et surtout, pourquoi y a que moi qui semble le voir ?


A moins que le problème vienne de moi... Mais non. Je me suis assez souvent poser la question pour pouvoir affirmer que le monde est juste con. Jésus (prophète, fils de dieu ou fils de con) avait raison quand il disait : « Heureux les simples d'esprit ! » Quitte à vivre dans un monde de merde, autant être trop bête pour s'en apercevoir ! Ca évite les ulcères, les dépressions et autres joyeusetés du genre.


Soit.


Le monde est con, c'est un fait. Pas de quoi en faire un drame...


Alors j'ai attendu, patiemment... ou presque. Ma jambes s'agitait nerveusement, mes doigts dansaient la samba sur l'accoudoir et j'allais vite manquer d'inspiration niveau chansonnette à meumeumer dans ma tête. (Oui, bon, on s'occupe comme on peut !) L'avion, lui, ne bougeait toujours pas d'un poil.


D'accord, les avions décollent rarement à l'heure mais là, ça commençait vraiment à faire long...


J'étais sur le point de me joindre aux grondements contrariés des autres passagers lorsqu'un tintement s'échappa des haut-parleurs. Silence général. Tous le monde tendit l'oreille, déjà près à réagir négativement aux explications qui ne tarderaient pas à suivre. (Oui. D'avance, tous les visages s'étaient renfrognés, comme s'ils sentaient venir la merde à deux kilomètres. Remarquez ; ils n'étaient pas très loin de la vérité.)


« Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs. Bienvenus sur American Arelines ! Je suis votre Commandant de bord. (Non ?! C'est pas vrai?!) En raison d'un problème totalement indépendant de notre volonté (Manquerait plus qu'ils l'aient fait exprès !), le vol machin-brol-bidule à destination de JFK (le notre, quoi...) aura quelques minutes de retard blablabla... le terminal B...blablabla....bagage suspect... » (Bon, c'est une traduction plus qu'approximative... Va-t-en comprendre un américain quand il cause alors, à travers un haut-parleur!)


Aux mots « bagage suspect », j'ai senti mon coeur faire un bond dans ma poitrine.

Paf ! Me voilà calée dans le fond de mon siège, percutée de plein fouet par une évidence : MA valise !


On dit que quand on meurt, notre vie défile devant nos yeux. Je suis jamais morte, je peux pas dire... Mais à cet instant, c'était exactement ce qui était entrain de se passer dans ma tête... Enfin, ce n'était pas réellement TOUTE ma vie qui défilait, juste les minutes qui avaient précédé mon embarquement.


D'ailleurs, en y repensant, plus qu'un défilement, c'était plutôt un rembobinage rapide...jusqu'au toilettes de l'aéroport, celles-là même où je m'étais précipitée, dégoulinante de café. Si j'y étais bien entrée avec ma valise, je n'avais aucun souvenir de l'avoir ensuite traînée où que ce soit...


Et ben bravo les Comédiens ! Vingt sur vingt et vive la France !****


A tous les coups c'était MON bagage le suspect dans l'affaire et, vu la tête contrariée des autres passagers, les conséquences de mon oubli devaient largement dépasser l'importance du délits. Oublier une valise, franchement, ça peut arriver. Ce n'est pas très très grave!


Apparemment, ça le devient lorsque la dite-valise est oubliée sur un sol considéré comme « américain ». (Oui. Parce que, sous prétexte qu'une compagnie américaine est basée là, le sol leur appartient... ) A force d'entendre mes voisins rouspéter dans tous les sens, j'ai forcément fini par capter quelques mots et, comme si on venait de me donner les clefs d'un code super secret, j'ai terminé de saisir les subtilités qui me manquait pour comprendre les mots du Commandant.


C'était pas vraiment jojo...

Pour un américain de base, valise perdue égale potentielle bombe artisanale ou quelconque acte terroriste visant à renverser leur suprématie. (Même si l'attentat à lieux sur un autre continent. Après tout, les USA sont le nombril du monde ; c'est bien connu... ) La mienne (de valise) ne fit pas exception à la règle !


De ce que j'avais réussi à comprendre, c'était la quasi totalité de l'aéroport qui se retrouvait immobilisé le temps que l'équipe de déminage s'assure de l'inofensivité de mon bagage.


J'les imaginais bien, moi, les démineurs dans leur beaux costumes hyper sécurisés, approcher prudemment mon innocente valise ; limite la faire sauter pour s'assurer qu'elle ne fasse plus de victime.


Bref.


A bord de l'appareil, les passagers ressemblaient de plus en plus à une horde de paysans en colère ; du même style que les crétins dans Kaamelot qui râlent sans trop savoir pourquoi. Vous visualisez ? Et ben, pareil...


Comme si la situation n'était pas déjà assez pénible !


Certaines pestaient contre l'abruti qui avait oublié sa valise (moi...), d'autre paniquaient à l'idée de rester coincer dans l'appareil en cas d'explosion et un excentrique nous voyait déjà pris en otages par des terroristes « Afganistanais »... texto... Je vous jure !


Soit.


Plus mes codétenus se révoltaient, plus je me tassais dans le fond de mon siège, priant pour que jamais personne n'apprenne que cette valise était à moi. Jamais. Personne. Et pourquoi pas le petit Jésus en tutu ?


J'en était à réciter le « notre père » (relan de mon éducation catho) quand deux gendarmes ? Agents de police ? De sécurité ? Deux mecs genre méga balèze que t'en voudrais bien un dans ton lit la nuit (juste la nuit ! Il peut garder son linge sale et tous ses attributs de mâles loin de moi pendant la journée.)... Donc, je disais, deux mecs montent dans l'appareil.


What ?!?


Les gens s'interrogent, les types causent avec les hôtesses ; moi, je continue de me tasser. A ce rythme là, ma tête allait bientôt finir au fond de mes chaussettes... A tous les coups, ils parlaient de MOI ; enfin, de ma valise.

Inspection mentale : y avait-il sur cette maudite valise une quelconque preuve de mon identité ?


Vous allez me dire, si j'avais directement prévenu que c'était la mienne, je me serais certainement épargné une tonne d'embarras mais que voulez-vous? C'est comme quant un flic demande à son suspect pourquoi il s'est mit à courir en le voyant ; réflexe de survie ! Quand tu crains pour ta vie, tu fuis et, si t'es coincé, tu fais le mort... Après tout, on sait jamais si y a un cerveau sous le képi !


« Madame Marine Lambert est attendue à l'avant de l'appareil. », demanda soudain l'hôtesse d'un ton exagérément affable ; typique voix de blondasse.


Merde ! Je pouvais difficilement fuir... Faire la morte ? A moins de me suicider sur le champ, je risquais fort de manquer de crédibilité. Me lever ? C'était pratiquement équivalent à un suicide ; à voir les regards meurtrier que s'échangeaient les autres passagers. Ils se dévisageaient les uns les autres, la mine toujours renfrognée, une pointe de suspicion au fond de leurs yeux bovins.


Au moindre redressement, ça ne serait pas aux mitraillettes que j'aurai droit mais bien à l'injection létale sans passer par la case jugement ou lecture d'un quelconque droit.


« Madame Marine Lambert ? », répéta l'hôtesse, tendue par l'impatience.


Bon, avais-je encore vraiment le choix ? Après une grande inspiration (les héros font toujours ça dans les romans.) et un pénible avalage de salive ; je me suis enfin décidée à quitter le moelleux réconfort de mon siège.


TAC !


J'étais même pas encore sur mes pieds que toutes les têtes se tournaient déjà vers moi.


Le visage en feu (probablement écarlate), bagage à main empoigné au passage, j'ai traversé l'interminable allée, les yeux rivés sur le bout de mes baskets. J'aime pas les gens et encore moins quand ils me regardent... Pour le coup, j'étais servie ! Je pouvais presque sentir leur haine couler sur moi.


Autant dire que je me suis pas faite prier pour suivre les deux agents et quitter rapidement l'avion. Je suis certaine que, si on avait mis à ce moment-là des pierres entre les mains des autres passagers, j'aurais finit lapidée sans aucun espoir de canonisation derrière.


Ni sainte, ni martyre !


Deux minutes plus tard, encadrées par mes imposants garde du corps, je traversais le hall sous les regards meurtriers de la foule agglutinée pour ne serait-ce qu'apercevoir le visage du « connard » responsable de tout cela... Moi.

Qu'est-ce qui m'avait pris de quitter mon siège, hein ? Franchement ? L'honnêteté, c'est surfait... la conscience, aussi.


Ceci dit, avec mon nom, ils auraient fini tôt ou tard par me retrouver... Et dans un avion, je pouvais pas vraiment aller très loin. Enfin, pas sans le faire décoller, en tous cas.


Soit.


Heureusement, tous les couloirs ont un début, un milieu et une fin ; même quand le temps semble se dilater.


Au bout d'une éternité, je me suis donc retrouvée dans une espèce de salle d'interrogatoire à subir la fouille corporelle d'un agent prétendu féminin... Je dis « prétendu » parce que, entre sa coupe made in tondeuse et sa carrure de camionneuse en passant par sa poigne de fer, le doute était clairement permis ! Même sa voix manquait d'un octave au moins pour pouvoir être identifiée comme « féminine ».


J'aurais clairement préféré que ça soit le beau blond qui me la fasse, la fouille au corps !


Elle, par contre, semblait plutôt apprécier l'instant.


Beuh !


Quel est l'imbécile qui à établis que seul les hommes pouvaient tenter de nous attoucher ?! Sérieusement ? Y a vingt ans, je dis pas mais à l'heure du troisième sexe...


Bref. Je digresse.


Après la fouille méticuleuse vint le pénible question-réponse, plus proche du dialogue de sourds qu'autre chose.


« Pourquoi avez-vous abandonnez votre valise ? »


Mais puisque je vous dis que je l'ai oublié !! OU-BLI-E ! Rha ! J'avais juste envie de lui éclater sa jolie petite gueule de blondinet sur la table tellement il m'exaspérait à répéter encore et toujours les même questions en boucle. A se demander s'il avait bien la lumière à tous les étages...


« Gooze Fraba »


Réprimant (difficilement) mes relans de haine et de violence, je me suis contentée de répondre systématiquement à chacune de ses interrogations, de mon anglais approximatif malgré la splendide illusion de mon accent. (Oui, j'ai un très bon accent anglais. Aucune autre preuve, que ma parole à vous donner...)


Au bout de deux bonnes heures, le blond sembla enfin convaincu par ma réponse (où la voix dans son oreillette...). Restait encore à identifier « le suspect ».


Ben voyons ! Ils auraient pas pu le faire avant. Et si ça avait pas été le mien, de bagage, hein ? Ils auraient eu l'air bien con !


Mais non...


J'ai pas eu besoin de regarder bien longtemps pour reconnaître le moche tissus violet moucheté de rose de ma magnifique valise... éventrée, accessoirement. Parce qu'ils ne pouvaient pas se contenter de briser le ridicule cadenas dorés qui ornait la double fermeture-éclaire. Beaucoup trop civilisé !


Non contents d'avoir démoli l'emballage, ils semblaient avoir pris un malin plaisir à en répandre le contenu sur la table ; tout le contenu. Vêtements, sous-vêtements, trousse de toilette, bouquins, chaussures, chaussettes et vibromasseur...


Évidemment (merci Murphy!), j'avais droit au beau blond comme accompagnateur, pas à la camionneuse qui m'avait tripotée sans vergogne deux heurs plus tôt.


Lui, bien entendu, ça le faisait marrer ; moi, beaucoup moins.


L'espace d'un instant, la rétractation pure et simple m'a effleuré l'esprit, je l'avoue... Et puis j'ai vu l'étiquette de fortune accrochée à coup de gros scotch à la poignée, « MARINE LAMBERT » écrit en majuscule au feutre noir. Dur de prétendre qu'elle appartenait à quelqu'un d'autre !


Dois-je précisé que cette valise m'avait été offert pour mon douzième anniversaire ? Alors, ok, elle était vraiment laide mais c'était un souvenir, bordel !


« Gooze Fraba ! »


Il y avait pire dans l'histoire... Le vibro, par exemple...


« Vous pouvez récupérer votre bagage. », me dit le blond en peinant à garder son sérieux.


Ha ! Vachement marrant ! Et j'étais sensée faire comment, moi, pour embarquer mes affaires ? C'était pas comme si je pouvais les remettre DANS la valise ; y avait plus de valise, juste un machin bon à jeter !


Résultat : obligée d'acheter un nouveau bagage. Genre, j'ai trop de pognon... Si encore c'était la seule conséquence de ce malheureux oubli ! Mais non, faut pas rêver !


En prime, mon avion a fini par décoller sans moi. Du coup, impossible d'être à l'heure à ma signature de contrat, le lendemain. Pareil pour le bail de mon nouvel appartement... Trop tard pour décommander les déménageurs, évidemment...


Adieu boulot de rêve ! Adieu Montréal ! Adieu le Canada !

Et bonjour vie de merde !


Ah bah, oui ! Parce que, avec tout ça, plus de chez moi ! Toutes mes affaires perdue entre Belgique et Canada... Plus d'appartement non plus ; renon de bail oblige... Me restait qu'à retourner vivre chez ma mère, sans un bal, sans une affaire, sans emploi...


Vous pensez avoir fait le tour ?! Ha ! Quand y en a plus, y en a encore !!


Faut par croire qu'oublier sa valise sur le sol américain, c'est gratuit ! Ces crétins ont quand même bloqué la totalité du terminal, retardé plusieurs vol et j'en passe... Et c'est qui qui doit payer tout ça ?? Ha ! C'est Bibi !!


Enfin mon assurance Responsabilité Civile... C'est mon courtier qui va être content !!


Quoique...


Doute... Je sais même plus si je l'ai payée, cette foutue RC !


(Alinoë, 2014)

* "Tranquille la vie!" : Slogan Euromillion
**  "Et bardaf, c'est l'embardée!": citation, Manu Thoreau dans "Faux Contact"
***  "Gooze Fraba!": technique de contrôle de soi présentée dans le film "Self contrôle" avec Jack Nicholson et Adam Sandler.
**** "Et ben bravo les comédiens! Vingt sur vingt et vive la France": adaptation de deux répliques des Robin des bois dans "La cape et l'épée. Un feuilleton où y a des capes...et aussi des épées!"
Signaler ce texte