Reboot

David Remack

Quand elle ouvrit les yeux elle vit un homme qui lui souriait, elle semblait être dans la cafétéria d'une station service.

- Tu as l’air crevée, courage, encore deux cents bornes et les vacances commencent ! Je vais chercher les enfants pendant que tu passes aux toilettes.

Elle eut un bref mouvement de recul quand il se pencha pour l’embrasser sur le front, il ne sembla pas le remarquer.

- Allez les enfants on y va ! Vous jouerez sur la plage !

Un garçon et une fillette sortirent de l'air de jeux, la petite, qui devait avoir six ans, se tourna vers elle et lui fit un signe de la main, elle lui répondit mécaniquement.

Mais où était-elle ? Qui était cet homme qui semblait si bien la connaître ? Et ces enfants ? Elle n'avait jamais eu d'enfant !

En se levant elle faillit perdre l'équilibre, le bruit autour d'elle était oppressant, la station était bondée, tous semblaient sur la route des vacances et adultes comme enfants étaient surexcités.

Elle eut un haut le cœur et se précipita vers les toilettes.

Penchée sur le lavabo elle resta un long moment les yeux fermés, essayant de se rappeler, elle savait qu'elle était déjà venue ici, elle se rappelait du lieu, mais pas de cet homme, pas de cette famille. Elle s'aspergea le visage et sursauta quand elle croisa son reflet dans le miroir.

La personne à côté d'elle lui demanda si elle allait bien mais elle l'ignora, elle ne pouvait pas penser à autre chose que ce reflet. Ce n'était pas elle dans le miroir, cette femme lui était étrangère, ou plutôt ce n'était pas une bonne version d'elle.

Elle avait l'air si vieille ! Ces rides aux coins des yeux, cette peau terne, même la couleur de cheveux n'était pas la bonne. Qu'est ce qui lui était arrivé ?

Elle s'enferma dans un wc et fouilla dans son sac, elle l'avait à son bras et même si elle ne le reconnaissait pas il devait bien lui appartenir.

Il n'y avait pas grand-chose dedans, un miroir qu'elle repoussa, un peu de maquillage, un peu d'argent dans un porte-monnaie, un agenda couvert de son écriture. Et glissée à l'intérieur une photo, elle, cet homme et les deux enfants posant devant le Mont Saint-Michel. Tous les quatre avaient l'air parfaitement heureux, souriant, détendu.

Sauf qu'elle n'avait jamais mis les pieds là-bas.

Elle poussa un cri quand quelque chose vibra dans sa poche. Elle en sorti un téléphone portable, elle avait reçu un message d'un certain Pierre : "Ca va ? Tu veux qu'on s'arrête un peu plus longtemps ?"

Bon au moins connaissait-elle son prénom. Pour résumer elle était donc en route pour la plage avec un dénommé Pierre et deux enfants, des enfants qui selon toute vraisemblance étaient les siens.

C'était de la folie ! Elle sortit de sa cachette et des toilettes en essayant d'être la plus discrète possible, elle ne voulait pas être vue par cet homme. Une employée de la station occupée à nettoyer le sol lui demanda à son tour si elle allait bien. Elle lui fit un signe de tête et s'éloigna.

Pourquoi tout le monde lui demandait si ça allait ? Bien sûr que ça n'allait pas, elle était là avec des inconnus et même son foutu visage elle ne le reconnaissait pas, comment est-ce que ça pourrait aller ?

Son téléphone vibra à nouveau. Encore lui : "Je sais que tout n'a pas été parfait ces derniers temps mais ça va s'arranger, les vacances vont nous faire du bien."

Tout n'a pas été parfait ? Comment pourrait-elle le savoir ?

A l'arrière de la station, à l'opposé du parking elle trouva un petit espace vert avec des tables et des bancs, elle respira un grand coup, bon, il devait y avoir une explication logique à tout ça, peut-être avait-elle perdu la mémoire, elle était malade et ne se souvenait plus de sa vie.

Sauf qu'elle se souvenait de son prénom, Elodie, et de son enfance, de son lycée, du premier garçon qu'elle avait embrassé et surtout cet homme ne l'avait pas traitée comme quelqu'un qui avait un problème.

Tout semblait normal quand ils buvaient leur café, personne ne semblait s'inquiéter. Il devait y avoir eu un élément qui avait déclenché cette perte de mémoire.

Sur le parking Pierre s'impatientait, les enfants à l'arrière commençaient eux aussi à trouver le temps long mais il ne voulait pas la brusquer.

- Elle fait quoi maman ?

- Elle se repose un peu, elle est fatiguée c'est normal mais elle arrive bientôt.

Et c'était vrai ces derniers mois avaient été particulièrement fatiguant pour tout le monde et surtout pour elle.

Il travaillait de plus en plus, la laissant de plus en plus seule. Seule à s'occuper des enfants et de la maison. Et il y a quelques mois il avait vu les premiers signes de dépression, cela devait couver depuis longtemps et jamais elle ne s'était plainte mais il savait, elle n'allait pas bien. Elodie n'avait pas de famille, elle lui avait dit quand ils s'étaient rencontrés et que c'était devenu sérieux : "Je n'ai personne, je n'ai que toi, es-tu capable d'être tout mon univers ?"

Jamais il n'avait entendu quelque chose de plus touchant mais il n'avait pas réalisé tout ce que cela impliquait.

Avec cette promotion il s'était éloigné, elle s'était retrouvée seule et peu à peu la morosité s'était installée, il n'avait rien vu pendant longtemps, même les enfants s'en étaient rendus compte avant lui.

Et quand enfin il lui avait parlé il avait eu droit à de la colère en retour, jamais il ne l'avait vue comme ça, elle avait hurlé, l'accusant de l'avoir trompée, d'avoir une double vie, d'avoir une maîtresse, elle disait avoir des preuves, vouloir le quitter, vouloir le tuer.

Pourtant jamais pendant ces dix années il n'avait regardé une autre femme, après toute ces années il pensait encore avoir eu une chance incroyable de la croiser un jour par hasard.

Il avait mit du temps à la convaincre, lui avait montré ses emplois du temps, il était même prêt à lui faire rencontrer les collègues avec qui il passait ses soirées à travailler, il avait même proposé de démissionner. Tout sauf la perdre.

Elle s'était peu à peu calmée, puis elle avait pleuré dans ses bras en lui disant à quel point elle se sentait seule.

C'était il y a deux mois, depuis il avait allégé ses plannings et organisé ces petites vacances, quinze jours avec elle dans une villa face à la mer. Pas d'ordinateur portable, pas de coup de fil professionnel, juste eux quatre, pour se retrouver.

- Papa on va être en retard à la mer !

- Elle ne va pas s'évaporer mon chéri.

Pendant toute cette période les enfants aussi avaient beaucoup souffert, pas facile d'entendre les parents se disputer, pas facile de voir leur mère plonger dans la dépression.

Eux aussi il les avait laissés de côté, il s'en voulait d'avoir été à ce point égoïste, Noa du haut de ses huit ans  lui avait dit un jour "Maman elle pleure quand on mange sans toi", il n'avait même pas su quoi répondre à ça.

Le pire était que même s'il était rongé par les remords il était aussi en colère contre Elodie, il avait accepté cette promotion pour eux, pour qu'ils ne manquent de rien, elle n'avait jamais vraiment travaillé et quand il l'interrogeait sur le sujet elle lui répondait que c'était trop compliqué, qu'elle ne voulait pas en parler. Alors il rangeait le sujet dans la boîte des sujets interdits, avec tous ceux touchant à son enfance ou sa famille.

Il attendait beaucoup de ces vacances, il voulait la retrouver et il espérait un nouveau départ.

Cela devait faire vingt bonnes minutes et elle ne répondait pas à son téléphone, il lui envoya un dernier sms et regarda sa montre, dans dix minutes il irait voir quel était le problème.

"Je m'inquiète, tu veux que je vienne ?" Non, elle ne voulait surtout pas qu'il vienne, elle sentit la panique monter en elle, elle ne savait pas pourquoi mais elle avait peur de lui, peur qu'il s'approche à nouveau, quand il l'avait embrassée elle avait ressenti une sorte de répulsion pour lui. Et pourtant elle semblait avoir deux enfants avec lui.

Soudain la vérité la frappa, comme une évidence, elle avait été enlevée ! Il avait dû l'enlever il y a plusieurs années, elle avait du s'attacher à lui, à cause de la peur, des menaces et puis il y avait les enfants. Mais ces années avaient été trop horribles et son cerveau avait décidé d'oublier cette période, c'est pour ça qu'elle n'en avait aucun souvenir !

Ce monstre lui avait volé une partie de sa vie !

Elle avait peu de temps, il était plus grand et plus fort qu'elle et même s'il y avait beaucoup de monde dans la station il pouvait quand même l'enlever à nouveau.

Elle n'avait pas non plus le temps d'appeler la police, le temps qu'ils arrivent il serait déjà trop tard, ce type s'en était sorti pendant plusieurs années, il était forcément très malin.

Le téléphone se trouvait toujours dans sa main, c'était forcément lui qui lui avait donné il devait être trafiqué, il était certainement équipé d'un dispositif pour la repérer, elle était presque sûre que si elle appelait la police elle tomberait sur lui.

Elle le jeta de toutes ses forces dans une poubelle, bon, il fallait qu'elle se calme, les gens commençaient à la regarder, elle ne devait pas se faire remarquer.

Elle se dirigea aussi tranquillement qu'elle en était capable vers le bois qui longeait l'espace pique-nique, il y avait un grillage assez haut, elle pourrait peut-être l'escalader.

Cachée dans l'ombre d'un bosquet elle retourna son sac à main, empocha l'argent, un petit canif et un briquet. Elle alla déposer le reste à l'opposé de l'endroit où elle voulait sauter, ça pourrait peut-être le retarder.

Elle regarda sa montre, cela devait faire cinq bonnes minutes qu'elle avait reçu le dernier message, elle devait agir vite elle n'avait plus beaucoup de temps.

En longeant la clôture pour s'éloigner le plus possible des vacanciers en train de manger, elle tomba sur une porte grillagée. Elle n'était pas fermée.

Le bois qui se dressait face à elle était dense, elle n'avait aucune idée de sa taille ni même de l'endroit où il se finissait mais c'était un très bon endroit pour se cacher.

Elle referma la porte derrière elle, prit une profonde respiration et commença à courir entre les arbres.

Pierre n'aimait évidement pas laisser les enfants dans la voiture mais il commençait à avoir un mauvais pressentiment, et même s'il ne voyait pas ce qui pouvait lui être arrivé il n'hésita pas.

- Les enfants, je vais chercher maman, je vais fermer les portes, je peux vous voir à travers la vitrine, je veux que vous soyez bien sages.

Ils ne prirent pas la peine de répondre, trop occupés à jouer au sept familles.

Il sentait l'angoisse monter quand il rentra dans la station, il la chercha du regard avant d'aller voir la jeune femme qui tenait la caisse.

- Bonjour, excusez moi, je buvais un café avec ma femme il y a vingt minutes, est-ce que vous l'avez vue ?

- Monsieur en vingt minutes j'ai du voir cinquante personnes, à quoi ressemble-t-elle ?

- Un mètre soixante, mince, cheveux blonds.

- Je crois qu'elle est allée aux toilettes quand vous êtes partis mais je ne me souviens pas l'avoir vue après.

Il la remercia et entra dans les toilettes des femmes, il se moquait des regards outrés des femmes qu'il croisa.

- Elodie ? Elodie, tu es là ma chérie ?

Il frappa aux portes fermées, les réponses qu'il reçût lui confirmèrent le fait que sa femme n'était plus là.

Elle n'était plus à l'intérieur et n'était pas sortie par la porte de devant, ne restait que l'espace repas à l'arrière, elle avait peut-être simplement voulu prendre l'air.

Il chercha en vain, arpenta l'étendue d'herbe brûlée par le soleil sans résultat.

La panique remplaça l'angoisse, elle ne pouvait pas s'être envolée ?

Il essaya de l'appeler, au bout de deux tonalités il se rendit compte qu'il entendait sa sonnerie, elle était étouffée mais ne semblait pas être loin.

Il repéra assez vite l'endroit d'où venait le bruit. Il sortait d'un sac poubelle qu'une employée était en train de changer. Intriguée par le bruit elle fouillait dans les papiers et les emballages, au moment où il arriva vers elle, elle sortit le téléphone d'Elodie, l'écran était brisé, quelqu'un l'avait jeté dans cette poubelle.

- C'est le téléphone de ma compagne, où est-elle ?

- Monsieur, je viens de le trouver, je vous jure que je ne l'ai pas volé !

Il fouilla dans la mémoire de son portable pour trouver une photo et la lui montra.

- Elle s'appelle Elodie, je suis arrivé avec elle et nos enfants il y a une demi-heure, elle est allée aux toilettes et depuis elle a disparu, est-ce que vous l'avez vue ?

- Oui, je l'ai vue sortir, elle avait l'air malade, mais après je ne sais pas où elle est allée.  

- Merci, merci beaucoup.

Elle était donc sortie prendre l'air, quelqu'un avait forcément vu quelque chose. Pierre se mit à faire le tour des tables, en montrant la photo, il chercha un témoin, une personne qui l'aurait aperçue avant qu'elle ne disparaisse.

Il ne trouva personne… Rongé par la peur il longea la clôture, espérant l'apercevoir dans le bois. Il n'aurait pas remarqué le sac à main s'il n'avait pas écrasé le miroir. Le petit monde d'Elodie était étalé sur le sol, tout ce qu'elle transportait toujours avec elle était là, jeté dans un coin comme si ces objets n'avaient pas d'importance.

Pierre tremblait, il sentait monter la peur, il eut du mal à faire le numéro pour appeler la police, il en était certain, il était arrivé quelque chose à Elodie.

Plus elle courait, plus elle paniquait, n'arrêtant pas de se retourner, persuadée qu'il était là, derrière elle, à ses trousses.

Elle avait aux pieds des ballerines pas du tout adaptées à la fuite en forêt, elle manquait de tomber à chaque racine, à chaque trou. Cette journée de juillet était particulièrement chaude, la sueur coulait dans son dos, dans ses yeux. Le moindre craquement de branche lui arrachait un cri.

Après dix minutes de course le souffle commença à lui manquer, alors qu'elle regardait pour la centième fois par-dessus son épaule pour vérifier qu'il ne la suivait pas, elle percuta une souche. L'impact la jeta au sol où elle se réceptionna mal.

Clouée au sol par la douleur dans sa jambe gauche, serrant contre elle son poignet qu'elle avait tordu en tentant d'amortir sa chute elle se mit à pleurer.

Les sanglots étaient si forts qu'ils lui coupaient la respiration, elle était à bout, sans force, seule au milieu d'un bois dont elle ne voyait pas la fin.

Un bruit au loin lui fit reprendre ses esprits, elle cru entendre une voiture devant elle, elle ne devait pas être loin d'une route. Elle se redressa lentement, elle sentait pulser son genou sous son jean, il était enflé mais elle pouvait marcher.

Sa chute lui avait remis les idées en place, elle devait penser à la suite, elle n'allait pas courir sans but pendant des heures. Elle devait mettre le maximum de distance entre elle et ce monstre qui lui avait volé sa vie.

Si elle trouvait cette route elle pourrait la suivre et tomber sur un village, de là il lui serait facile de savoir où elle était et surtout de trouver un moyen plus rapide de s'échapper. Elle n'avait pas trouvé de permis de conduire dans le sac mais elle était presque sûre qu'elle savait conduire. Et si elle ne pouvait louer une voiture il serait toujours temps d'en voler une. Tout sauf lui laisser une chance de la rattraper.

Au bout de cinq minutes cela devint une certitude il y avait bien une route et elle n'était pas loin, pas un grand axe vu le peu de voitures qu'elle avait entendu mais suffisant pour lui donner un point de repère.

Arrivée au bord de la chaussée une idée la frappa comme une évidence, il lui suffisait de faire du stop, si quelqu'un la prenait ce serait la solution parfaite pour semer son poursuivant.

Elle ne savait absolument pas où aller et décida donc de se mettre au milieu de la route, le premier qui s'arrêtait, dans un sens ou dans l'autre serait le bon.

En attendant elle tenta de se redonner apparence humaine, son T-shirt était trempé de sueur, son jean déchiré et couvert de terre et ses cheveux en bataille. Elle commença par arranger sa coiffure. Elle ramena une mèche devant ses yeux pour bien se convaincre de ce changement. Blonde. Jamais de sa vie elle n'avait eu envie d'être blonde, elle avait toujours gardé son châtain naturel qui lui allait très bien. Le pervers qui l'avait enlevée devait sans doute être attiré par les blondasses, en plus d'être un monstre, il était un cliché.

Elle fut tirée de ses pensées par le bruit d'un moteur, une voiture blanche avançait vers elle. Elle se plaça au milieu de la voie et agita les bras espérant ne pas se faire renverser.

Le véhicule la doubla et se gara un peu plus loin, elle se précipita et se pencha vers la vitre conducteur.

Un homme d'une cinquantaine d'année aux tempes grises la regardait avec méfiance. Elle tenta de lui offrir son plus beau sourire. Il dû penser qu'elle était inoffensive et finit par actionner sa vitre électrique.

- Monsieur, merci de vous être arrêté, est-ce que vous pouvez m'emmener ?

- Où allez-vous? Vous êtes blessée ?

- Non ça va, je vais où vous irez.

- Bien, montez.

Elle s'installa à l'avant et commença à se détendre un peu, son chauffeur n'était pas très souriant mais au moins elle pouvait s'échapper un peu plus.

Elle jeta un dernier coup d'œil au bois, il n'était pas là, pour l'instant elle avait échappé au monstre.

Pierre essayait en vain de garder son calme devant les enfants, il leur avait acheté une glace et une employée leur tenait compagnie pendant qu'il répondait aux policiers.

Il leur avait expliqué la situation, n'avait rien trouvé à leur dire de plus que ce qu'il avait vu. Elodie avait disparu dans une station service et personne ne l'avait vue se faire enlever. Les caméras de sécurité ne filmaient que les pompes, le parking et la caisse, on le voyait attendre au volant de sa voiture, il n'était donc pas un suspect.

Pour autant les deux hommes qui lui avaient posé des questions semblaient nerveux, ils s'écartèrent quelques minutes pour parler avec un collègue parti faire des recherches. Quand ils revinrent vers lui le ton avait changé, il était plus sec.

- Monsieur, vous ne nous avez pas tout dit, que s'est-il passé avec cette femme ?

- Pardon ? Cette femme comme vous dites est la mère de mes enfants, nous avons traversé des moments difficiles mais c'est derrière nous.

- Vous dites qu'elle est votre compagne depuis dix ans c'est ça ?

- Oui, mais pourquoi ces questions ?

- Monsieur, je me permets d'insister, la femme qui a disparu est votre compagne et elle s'appelle Elodie Bertin ?

- Mais oui ! Qu'est ce que c'est que cette question ?

- Monsieur, nous n'avons aucune trace d'une personne de son âge s'appelant Elodie Bertin, cette femme n'a pas d'existence légale, comment pouvez-vous expliquer ça ?  

Pierre s'appuya sur la table la plus proche, il ne pouvait pas l'expliquer, il ne pouvait pas expliquer que la femme avec qui il avait vécu dix ans n'existait pas…

Suite :

2) Elodie est prise en stop, elle réalise en parlant avec le chauffeur qu'elle a oublié les dix dernières années et qu'elle ne sait absolument pas où elle est.

3) Pierre est interrogé par la police, on lui confirme que la femme avec qui il vit n'a pas d'existence légale, vraisemblablement c'est un faux nom. Un des policiers se souvient d'un cas similaire dix ans plus tôt, pas loin de cette station une femme avec une fausse identité avait elle aussi disparue.

4) Flash-back dix ans plus tôt : Elodie est en fuite, déjà à cette époque elle semble tenter d'échapper à un homme. Elle a réussit à s'évader alors qu'ils faisaient une pause sur l'A666.

5) Pierre contacte toutes ses connaissances pour connaître le passé d'Elodie, personne n'a d'informations. Au final personne n'a rien à dire sur elle, toujours polie, souvent effacée elle faisait tout pour passer inaperçue.

6) Flash-back : Rencontre entre Elodie et Pierre. Ils se sont rencontrés dans une boutique, c'est elle qui a fait le premier pas. Elle semblait sortir de nulle part et n'avoir aucune attache.

7) Pierre va dans la ville où il l'a rencontrée pour essayer de savoir d'où elle vient. Elle lui avait dit avoir vécu quelques années ici mais personne ne l'a jamais vue. Il n'y a aucune trace d'elle avant leur rencontre.

8) Elodie se cache et change sa couleur de cheveux. Le retour à sa couleur naturelle provoque en elle de brefs retours de souvenirs mais ils sont toujours associés à des hommes différents qu'elle ne parvient pas à identifier.

9) Pierre rencontre l'homme qui comme lui, dix ans plus tôt à vu disparaître sa femme, ils se rendent compte qu'il s'agit de la même personne. A lui aussi elle s'était présentée comme une femme sans famille, sans passé. Pierre réalise que leurs deux histoires sont étrangement similaires.

10) Elodie semble avoir oublié Pierre et les autres. Se baladant dans des magasins elle rencontre un homme et commence à le séduire, l'histoire se répète. Le reboot est complet. 

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