Recyclons nos défunts.

Partout cette odeur de décomposition.

Jusqu'ici nous étions épargnés.

Mais la désindustrialisation a fait son œuvre.

On ne sait plus où mettre nos cadavres.

Les concessions sont rachetées à prix d'or.

Troquer nos chers disparus contre quelques biftons.

On est plus à ça près.

Peines enterrées depuis des lustres qui peuvent rapporter gros.

Les rois du business ont flairé le filon.

Le comité des tiques a dit non au recyclage.

Alors faisons semblant de faire avec.

Toutes ces fourmis crevées,

Qui ont peut-être brillé un peu, un temps.

Monsieur le maire, cette odeur pestilentielle …

Je sais, je sais …

On a planté des hectares de lavande,

Mais rien n'y a fait.

Des start up, ces trucs qui mangent à tous les râteliers,

Sur une idée qui rapporte,

Proposent des kits multi médias sur nos chers défunts, 

Pour convaincre les proches

Qu'il est temps de tourner la page pour le bien commun.

Enfin celui des vivants.

On a bricolé des textes de loi à la va-vite, les oppositions, le mouchoir sur le nez, n'ont pas demandé amendements ou motion de censure, une fois n'est pas coutume.

Même le Pape a dû consentir que la loi des hommes avaient parfois raison.

Après les sauvegardes en ligne, et sur disque dur, on a coulé dans la chaux ou le béton, les restes tangibles.

Lafarge a remporté l'offre de marché, avec ses réductions défiant toute concurrence.

Les pros, les cons, les néo-cons ou autres faux cons ont voté sans complexe.

Les abstentionnistes, ben, se sont abstenus.

Enfin une réhabilitation des terrains vagues.

Ailleurs, vu l'érosion du littoral, les promoteurs se sont frotté les mains.

Enfin des terrains, et qui dit proche de l'église dit proche du centre ville.

Il semblerait que la perspective des profits rend plus intelligent.

La grande majorité, anesthésiée depuis des siècles, a laissé faire.

Ça ou autre chose.