Regards d'enfants

As-tu déjà pensé à ceux qui se perdent sur le quai de la gare ? Ces enfants rêveurs dont les souvenirs ne se fixent pas. Où regardent-ils ? Est-ce cela le fameux regard d'Arthur sur Harar ? Est-ce là le début de l'enfer ? 

La fuite en avant. La peur est partie et cela les rend tristes. Jusqu'où une plaie peut-elle être profonde pour qu'ils choisissent de vivre avec ? Plutôt que d'avoir à affronter la cicatrice qu'elle laisse. 

L'aspiration est la plus triste de leurs inspirations. Celle qui place leurs rêves d'avenir sur le chemin sinueux d'un devenir. Vont-ils vraiment quelque part ? Ou, est-ce un aller unique pour Marseille, à l'arrière d'un train sans chef de gare ? La mort au bout du rail.

As-tu déjà pensé à ceux qui se perdent sur le quai de la gare ? Ou entre les rayons d'un magasin ? Les yeux dans les jouets de leur destin, cherchent-ils à déjouer l'inéluctable ? Regarde ces enfants sur le quai de leur gare, déjà trop vieux pour courir. Eux non-plus ne peuvent plus marcher. Ils ont à peine trente ans.