Reliefs de la fête

Jean Claude Blanc

après la fête, on reste sur notre faim...trop de cadeaux nuisent aux marmots, de trop bien bouffer, on va crever... à cogiter

                               Reliefs de la fête

Soir de Noël, on se tient au chaud

On porte un toast au Père NO-NO

Sous le sapin, tous les marmots

Se précipitent sur leurs cadeaux

Qu'ils abandonnent aussitôt

 

Sans cesse les rêves sont dépassés

Garages, michelines, Barbie poupées

S'en vont rejoindre le grenier

A moins qu'on les vende au marché

Sur internet, non dépaquetés

Où les refiler par amitié

A un pauvre gosse, qu'en est privé

 

Génération de mômes saouls

Ce qu'ils désirent, ce sont des sous

Ce qu'on dépense un argent fou

Pour ces morveux qui font la moue

 

Mais les parents, ne valent guère mieux

Se paient des huitres, Champagne mousseux

Et à un prix faramineux

Foie gras, dindon, repas copieux

C'est la grande bouffe des maîtres-queue

 

Lorsqu'on aime, on ne compte pas

N'est pas frugal le rata

D'être gavés comme des oies

On boude la bûche, ras l'estomac

 

En cette période de disette

Où l'on s'avise, ne rien jeter

Ne dure qu'un temps, d'être à la diète

Pour faire la fête, faut consommer

 

Par tradition ou par croyance

On communie en abondance

Jour férié, comme un dimanche

Mais sans la messe, manque de conscience

Seule religion, s'emplir la panse

 

Il est d'usage chez les huppés

De se parer, de beaux effets

Plaisanter, se congratuler

Convives flattés par le buffet

 

Je vois d'ici, les crèves la faim

Se déguiser en invités

Juste grignoter, quignon de pain

Du bout des doigts, juste pour goûter

Enfant prodige, on lui prodigue

Tant d'excessifs bibelots débiles

Sera-t-il lucide d'en faire le vide

Sa vie durant, d'aisance facile

 

Après Noël, temps des étrennes

Début d'année, même rengaine

Voir mémé, tellement on l'aime

Pour ses billets, ça vaut la peine

 

Pas de pétards ni d'artifices

L'amour du fric, nous pousse au vice

On nous la serre, cette sacrée vis

Personne veut faire de sacrifices

 

24 décembre, on fête Adèle

Mais ce n'est pas l'année nouvelle

Noël, Adèle, comme mortadelle

On balance tout, à la poubelle

 

Plus notre cœur est en souffrance

Plus notre bide, veut faire bombance

A dégueuler d'intempérance

Sont restaurées, nos exigences

 

Après ripaille, champ de bataille

Carcasses et graisses de volaille

Bûche entamée, épouvantail

C'est à vomir ses tripailles

 

On s'en est mis une bonne ventrée

Déjà, regrette, d'en abuser

Sage philosophe, va de son couplet

« Dire qu'y en a, qu'ont rien bouffé… »

 

Après la fête, les rats banquettent

Dans les allées, s'empilent les miettes

Reliefs d'ordures, plus d'étiquettes

Humanoïdes, tous à la diète

 

Gamin déjà, lui est sevré

De ses jouets, en a assez

Sont dans un coin amoncelés

Tandis que luit, l'écran télé

 

Pas réjouissante, la fin d'année

Pour l'oublier, faut s'amuser

Se contenter, succédanés

Mais pour remplir le porte-monnaie

On revend tout par intérêt

Même la conscience, si on pouvait..          JC Blanc   décembre 2014 (en guise d'étrennes)

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