Remerciements

Frédéric Baraer

Lu dans Nord-Ouest-Sud-France.


"L'appel à nos concitoyens a été entendu; et nous ne pouvons les remercier que bien chaleureusement. J'insiste sur le fait que l'échange qu'il y a eu tout au long de cette audience n'a pu manquer de profiter à tous et  c'est du résultat d'un jugement judicieux, d'une écoute sure et d'un concours d'observations tenus par nos jurés, que la vérité telle que nous la connaissons a pu apparaître à chacun de ceux qui ont suivi l'affaire.

La libération de Georges-Patrick Clément, accusé de ce meurtre ignominieux, est un juste retour de l'injustice qu'il a contractée. Certes il n'a pas nié les faits qui lui sont reprochés. Certes il est convenu de voir que la mort de cette jeune fille coupable d'avoir excité les sens de Georges-Patrick peut paraître regrettable; mais la lumière a fait jour et les ombres ont été chassés de nos esprits obscurcis. C'est une enfance malheureuse qui ont conduit à ce geste fautif mais non voulu de l'accusé Clément. C'est une mère méchante et acariâtre qui a bouleversé le champ de vision de Georges-Patrick, lui d'un naturel si calme et si doux. Ne nous a-t-il point avoué qu'il aimait défendre les animaux (les rats en particulier) et qu'il était prêt à martyriser quiconque s'en prenaient à eux. Sa solitude et le rejet de la société en ont fait une âme délaissée, meurtrie et  violée.

Nous avons compris que parfois la méchanceté s'ingénie à incriminer le faible. Pourquoi la jeune femme s'est-elle jetée sur son couteau à maintes reprises ? il l'ignore lui-même. Son esprit s'est embrouillé devant cet élan de folie incompréhensible. Et nous-mêmes, nous restons cois.

Son avocat a demandé la clémence et nous le lui avons donné, bel esprit si doux et malheureusement opprimé. Les jurés ont presque été sans appel pour cette liberté justifiée. Georges-Patrick n'a cependant pas compris qu'un d'eux ait voté pour la peine capitale. Il a demandé l'adresse de cette femme afin de pouvoir venir en discuter librement et tenter de s'expliquer plus longuement. Cette générosité de coeur est tout à son honneur.

Et en terme d'honneur, moi juge de mon état, j'en connais quelque chose.

Georges-Patrick tu es libre!"

(Paris, 31 juillet 2014)

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