Rencontre berlinoise
stella-jacquart
La psychose m'envahit lorsqu'il s'agit d'évoquer une quelconque dépendance. Je suis incapable de juger ce caractère certain puisqu'il m'aurait fallu étudier la psychologie durant des années pour pouvoir débattre, puis argumentez sur ce fait. Ils existent de nombreuses formes de dépendances, mais je suis personnellement concernée que par certaines d'entres elles, certes comme vous.
Alors que mes trois copines et moi vaguions le long du ''Berliner Mauer'' pendant une brève escale dans la capitale allemande, bières à la main, un homme se porta à notre rencontre. J'étais d'abord méfiante vis-a-vis de son personnage assez intriguant, mais au bout de quelques minutes à peine, il conquit ma confiance. Je buvais ses paroles de bonheur, de paix, d'amitié, et je voyais en cet homme d'une quarantaine d'année, l'idéologie que j'admirai depuis toujours. J'étais éberluée par sa façon délirante d'exposer les choses, par son recul travaillé sur le monde, mais surtout par son sourire. Un sourire qui ne se décrit pas, un sourire qui est inqualifiable même avec les plus beaux mots du monde. J'étudiai alors ses moindres gestes, ses rides d'expressions, tout en lui me paraissait à la fois fou, et démesuré. Des tyrans comme Hitler, Castro, ou encore Mussolini n'aurait jamais osé entreprendre un tiers de ce qu'ils ont pu faire, s'ils avaient pu ouïr une seule minute même, cet homme. Mon esprit était complètement obsédé, contrôlé par Nobody (c'était son nom). Ma seule hantise est qu'il ait pu jouer de notre naïveté encore adolescente pour nous exposer ses délires liées à la fumette car j'ai vu en lui un prophète, un amant, un père. Ses mots m'ont comblés et lorsqu'il nous quitta pour effectuer un changement à la station d'Alexander Platz, j'ai vite compris que je ne le reverrai jamais.
Mes amies m'interrogaient en coeur sur mon mutisme, mais je ne répondais pas et me contentais seulement d'observer les tunnels noirâtres du métro berlinois. Je regardais mon reflet dans la vitre, en me demandant bien si je n'étais pas assez narcissique de prendre plaisir à me fixer. Pourtant mon regard ne voit pas, il ne voit plus, il se contente juste d'analyser et de chercher des réponses à des questions entêtantes.