RESPIRE

Philippe Larue

En compagnie de la cagette bouffie de livres, des iris achetés à l'argus bleu et du buisson de romarin, cette journée aurait pu être précoce au paradis.

J'habite la maisonnée de l'ancienne gare de Meuzière-sur-Oise. Ici, l'herbe y est haute et généreuse, grasse pour les vaches, maigre pour la grande faucheuse et cachetière pour les abeilles où les coquelicots y offrent Dali en baldaquins, provisoires. Juste le temps de butiner, à vrai dire. Geai un buisson ardent en été, un hêtre et celui qui me cognassier à avoir une tête de plus que Newton. Sous l'appenti, une pile de traverses usagées, noircies par les quatre-saisons de Verdi, solitaire comme un sanglier et fissurées par l'âge, trônent de fer. Comme les rails, un voyage parallèle enfer à un point de fuite. Le chaîneau de zinc aussi, d'ailleurs. Je suis assis sur le rocking-chair. Ce n'est pas mes jambes qui le branle ni le pinson, mais les douces rafales de vent.

Deezer, la fusée de Stephenson trois fois, nostalgique rouleuse à fer tordre son parallélisme. Plus tard, viendront les Bœufs, carottes du jardin et ciboulettes de Juin. Le thym quémande l'étain des cerises et le massif de lavande, Pagnol. Mon nez encaisse les caprices des Dieux. Un calice, des cafés et les propolis de la maréchaussée calfeutrée au loin, dans la forêt "Aux faux rayons lès". Et puis tiens, je consulte les temps du livre, les taire de siennes, ocres sous la tonnelle et les tiennes my gode, ivres de ronds-points.

Je rigole aussi en observant le torticolis des tournesols: le merle ne sait plus où donner de la tête et du bec. Après tout, je suis tirebouchonné par les neurones du rire. De vieilles poutres ont l'hâblerie déchaînnée. Elles sont le chaînon manquant du charme. 23h. La cagette est vide de ses livres. La lanterne sur le piquet brûle la politesse de la flamme déclarée par mon âme. Elle est Vénus me conseiller qu'une Morphée des mortels rêves de mortadelle. Je respire une dernière fois une grosse bouffée d'air duirne, c'est chouette la vie d'un Merlin/Odin enchanteur, non?

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