Mon monde

lylia

Je distingue au loin un bruit, un oiseau chante. Qui est-il ? Comment est-il ? Petit ? Grand ? Est-il d'une seule couleur unie ou bien mille couleurs forment-elles son manteau de plumes ?

Je tends l'oreille, me concentre, et reconnait son ramage, c'est un rossignol. Je ne me lasse pas de son chant magnifique.

Je sens sur ma peau la douceur du soleil. Pas de pluie prévue pour ce jour, seulement un ciel radieux. Mon ami m'a dit que ce serait un ciel sans nuages, d'un bleu éclatant comme la mer selon lui. Tout en ce jour annonce l'été prochain.

L'odeur des fleurs assaille mon nez et me surprend. Je me baisse avec prudence et tend la main. La fleur est bientôt là. Je me penche et respire son parfum entêtant. Quelle merveilleuse odeur ! Je caresse délicatement ces pétales, doux comme de la soie. J'ai déjà rencontré cette fleur auparavant. C'est une rose me rappelle-t-on. Une rose…on m'a dit qu'elle était une reine parmi les fleurs. Une rose rouge, d'un rouge profond, est signe d'amour à ce qu'il parait. Le rouge, couleur chaude, puissante, associée aux plus forts sentiments de l'être humain, à l'amour ou bien à la haine, le sang n'est-il pas de couleur rouge après tout ?

J'avance un peu plus ma main, découvre une autre fleur, un myosotis cette fois-ci, bleue comme le ciel d'aujourd'hui. Je repense à une expression, être fleur bleue…

Il est amusant de constater que beaucoup de couleurs se retrouvent dans nos expressions.

Pour essayer de me représenter ces couleurs je les associe à des bruits, des sensations : on m'a dit que le bleu était une couleur apaisante, aussi je le vois comme une caresse apportée par la brise lorsqu'il fait trop chaud. J'associe le rouge au crépitement d'un feu de cheminée. Le rose à la douceur de la guimauve fondant dans la bouche. Le jaune à la chaleur du soleil. Le vert à l'odeur de l'herbe fraîchement coupée. Le marron au toucher rugueux de l'écorce. Le blanc au toucher du coton. Le mauve me fait penser au soyeux de mon écharpe en soie.

Il n'y a qu'une seule couleur que je puisse vraiment voir et identifier, c'est le noir. Couleur des ténèbres, de la tristesse, de la mort. Mais le monde devrait-il uniquement se découvrir par la vue ?  En se fiant uniquement à ce sens on en oublie les autres : l'ouïe, le toucher, l'odorat, le gout. Portez-vous une attention particulière au frémissement du vent dans les arbres, le parfum que l'air apporte, fleurs, terre retournée, plats en train de cuire ? Les différentes matières dont sont composés les objets, rugueux, doux, soyeux, lisse… ?

Tant de choses peuvent être découvertes et appréciées ainsi ! Je sais pourtant que vous m'objecterez que la vue est un sens indispensable pour savourer la beauté des choses. Mais je préfère me dire que cela ne suffit pas, mieux vaut voir le verre à moitié plein comme dit l'expression, n'est-ce pas ?

 

La jeune fille sourit. Ses yeux vides ne clignent pas quand le soleil frappe ses yeux. Elle ne voit pas cette magnifique journée, les oiseaux volant dans les airs, les fleurs étalant leur beauté sur le tapis de l'herbe verte. Elle ne voit que la nuit perpétuelle qui l'entoure, qui forme son monde. Mais malgré tout, malgré l'obscurité de son univers, elle est heureuse.

 

 

 

 

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