Retour sur Terre

petisaintleu

En l'an 5364 de la nouvelle ère, l'accord fut donné pour qu'une mission retourne sur Terre. Le seul souvenir que l'on en avait conservé était que l'humanité en était originaire. Pour des raisons logistiques et sanitaires, aucun objet susceptible de conserver une trace de ce qu'avait été la vie là-bas n'avait été embarqué quand la planète fut abandonnée. C'est pour cela que parmi le contingent de scientifiques avaient été sélectionnés des passéologues. Leur travail consistait à se baser sur les technologies actuelles et d'imaginer ce qu'avait pu être le quotidien il y a des millénaires.

Après deux mois de repérages, ils décidèrent d'installer le camp de base au centre de ce qui avait dû être une grande métropole, sans doute l'équivalent de Xartia qui regroupait toutes les fonctions gouvernementales de la confédération.

Il fallut deux semaines d'investigations et un peu de chance pour tomber sur des ruines qui laissaient supposer qu'elles avaient été le siège des plus hautes responsabilités. On y trouva cinq niveaux de souterrains très bien conservés, bien plus que le reste de la cité qui n'était qu'un amas de briques et de ferraille qui terminait de se désagréger.

Au dernier étage trois pièces étaient agencées sans équivoque possible. Elles tranchaient avec les autres bourrées d'appareils dont la fonction devait être de communiquer et de prendre les décisions qui s'imposaient avec l'extérieur. A n'en pas douter, c'est ici que le plus haut dignitaire avait tenté de préserver un semblant de vie privée.

Si l'archaïsme des meubles et des bibelots était déconcertant, il était toutefois facile d'en deviner l'usage. Ce qui toucha le plus les explorateurs fut les portraits omniprésents d'un homme encore jeune, la quarantaine tout au plus et le plus souvent accompagné d'une sexagénaire tout sourire, sa mère assurément. Le père, moins présent, l'air renfrogné, apparaissait grimé d'une cravate rouge.

Une fois vérifié que toutes les normes bactériologiques et radiologiques étaient respectées, on ramena des milliers d'échantillons. Il fallut près d'une décennie aux chercheurs pour les classifier et les analyser pour qu'enfin soit inauguré le musée des Ancêtres.

Un département est consacré aux régimes politiques. Il y a été reconstitué les trois salles. Attablés, on peut y retrouver des mannequins de l'homme encore jeune, de sa mère tout sourire et de son père à la cravate rouge. A défaut d'avoir retrouvé leur identité, on les a affublé d'un sobriquet qui porte de le nom de leur découvreur. Ce sont les hommes de Macronmagnon.

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