Retraite

petisaintleu

Maintenant que règne autour de moi le plus absolu des silences à m'en déchirer les oreilles, que vais-je faire ? Parviendrais-je à me l'approprier ? Aurais-je la force de me taire pour le rejoindre ? Si c'est le cas, pour en faire quoi ?

Je m'interroge. Pourquoi est-il si aisé de se laisser berner par cette voie intérieure qui m'invite à ne pas écouter ; écouter quoi et qui d'ailleurs ? Est-ce dans ma nature humaine de refuser la simplicité, l'humilité ou l'honnêteté ? Est-ce la conséquence de mon parcours ? Suis-je habité par quelque malin qui ferait barrage ? Dans ce cas, comment le chasser pour ouvrir le chemin vers une vie apaisée ?

Dieu, comme il est difficile de se dépouiller, comme il est facile de faire compliqué. Il est vrai que tu ne m'y aides pas. Même si je sais que nous ne formons qu'un, j'aimerais un signe pour être encouragé et avoir la certitude de ne pas me tromper.

Mais pour qui me prends-je à prier et à espérer une manifestation ? N'ai-je donc pas compris que c'est d'abord un combat intérieur à mener ? En quoi devrais-tu me faire un signe extérieur ? Toi qui m'attends avec une patiente illimitée et un amour sans faille, tapi au fond de mon cœur ?

Fort heureusement, je n'ai pas une peur viscérale à me plonger dans le silence. Je dirais que je crains plus de me décourager, d'être incapable de me discipliner. J'aimerais qu'un écho me revienne de cette introspection qui soit tout autre que cette satanée musique qui m'invite toujours et encore à la matérialité.

J'essaie au mieux de visualiser une route débarrassée des ornières du vice, des fossés de la méchanceté et des bas-côtés où se tapissent l'hypocrisie et la fausseté. Mais devant moi se dressent tant d'obstacles que je ne sais pas si j'arriverais à les déblayer.

Je vous le jure. J'essaie de faire mon possible pour retrouver la paix. Je me plonge dans les textes sacrés. Il apparaît alors non pas un mur d'incompréhension mais des barricades qui s'opposent à toute intériorisation. Aidez-moi à les franchir pour, qu'enfin, je puisse me projeter en toute sérénité et en parfait accord avec votre volonté.

Comme je ne peux pas me taire en mon for intérieur, il me faut entamer un pèlerinage. Je voudrais me faire gyrovague de mon esprit et me faire guider. Ce serait sans doute la meilleure voie pour me laisser conduire par la providence. Elle dirigerait mes pas dans la bonne direction, sans que j'aie à m'inquiéter de ma destiné, certain que mes pensées seront les fruits portés par un arbre enraciné au plus profond de la vérité divine.

Et s'il suffisait de sauter le pas, sans s'inquiéter ? Ne me sentirais-je pas en parfaite confiance ? N'es-tu pas mon père qui ne m'abandonnera jamais ? Je ne devrais pas craindre le vertige qui me saisirait au bord du gouffre. Si je plongeais, armé en la croyance de ta présence, qu'aurais-je à craindre ? Tu as toujours été, tu es et tu seras là pour m'accueillir et me pardonner dans ton infinie bonté.

À bien y réfléchir, où est le danger ? Moi qui me plains à longueur de journée des tribulations de l'humanité, n'est-ce pas opter pour la facilité que d'entamer un travail de vérité ? Il me faut donc faire acte de repentance et de réconciliation avec toi Seigneur.

Je ne peux rien te promettre et tu le sais. Je ne suis qu'un être de chair, habité de faiblesses, de tentations et de défauts. Comme individu, j'ai conscience que je ne pourrai jamais atteindre la perfection. Mais je ferai au mieux pour me montrer plus humble, plus généreux et plus à l'écoute de mon prochain. Puis-je l'aider de ma modeste personne à apporter un peu d'écoute, d'espoir et de fraternité.

Une chose est certaine : je rentrerai calmé, plus fort et plus serein du désert.

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