Retrouvailles livresques

Nicolas Pellion

26 avril 2016

Allant faire expertiser la restauration d'une monographie sur les maréchaux d'empire dans l'atelier de reliure du village de mes origines paternelles, quelle ne fut pas ma surprise. Également librairie de livres anciens, j'ai retrouvé d'un coup d'œil des ouvrages qui étaient dans la maison du frère aîné de mon père, bâtie sur et en partie avec les pierres d'une des demeures de nos aïeux. Pour ma part, le résultat de la chasse aux trésors est une édition de 1942 des Misérables de Victor Hugo, livres de mes arrière-grands-parents que je n'avais pas osé demander après le décès de mon oncle, ainsi que deux bouquins joliment reliés qui lui appartenaient, des rééditions des romans médiévaux de la Rose et de Renart. Il y en avait beaucoup d'autres mais je suis resté raisonnable. Ma marraine m'a retenu et j'ai choisi selon ma bourse dans les accessibles. Certains sont vendus une fortune. Ce qui est étrange, alors qu'ils étaient éparpillés par thèmes, genres, auteurs, etc., je les ai trouvés tout de suite. Mon regard les reconnaissait. Ma marraine aussi est allée vers certains, preuve en les ouvrant avec le tampon à notre nom sur la deuxième page. Oui, étrange le cerveau, la mémoire visuelle, car cela aurait juste pu être des éditions similaires. Et d'un seul coup, j'ai revu la bibliothèque de la maison, les emplacements des livres sur les étagères avec une netteté sidérante, et mon regard était attiré vers leurs compagnons, malgré la séparation dans la boutique après des décennies accolés selon un ordre qui n'était pas celui de la vente. Et j'ai virevolté des uns aux autres, je les ai ouverts, sentis, caressés, reposés, repris, rangés de nouveau, grisé par les retrouvailles, jusqu'à ce que je comprenne que je ne pourrais pas les emporter tous, sans tristesse, puisqu'une autre vie les attend dans d'autres bibliothèques et des inconnus liront notre nom, et quelque chose de nous subsistera chez eux quand bien même nous aurons disparu. Les quelques uns que j'ai l'impression d'avoir sauvés d'un naufrage en les acquérant me comblent. Folie me direz-vous cette joie de toucher des livres que je croyais perdus... 

  • Non !! Aucune folie dans cet instinct ,qui vous dirige immédiatement vers ces livres que vous reconnaissez au premier coup d'oeil …je connais ça !! C'est une richesse !

    · Il y a presque 8 ans ·
    Chc2ah2z

    nombredor75

    • Le fil ténu et invisible qui nous relie aux êtres et aux choses aimés...

      · Il y a presque 8 ans ·
      Dsc 0053

      Nicolas Pellion

  • Non, pas folie, car moi, qui tiens à ma petite bibliothèque, j'espère qu'après mon départ, ils seront donnés à ceux qui n'on pas beaucoup de moyens pour en acquérir : Emaüs, par exemple. Je ne voudrais pas qu'ils soient jetés. Je sais que mes enfants et petits enfants en garderont au moins quelques uns en souvenir. Je veux, et je le dis, que certains partent avec moi pour le grand voyage vers le néant. Sur certains qui seront peut - être lus, j'ai écris quelques phrases ou poèmes, ils voyageront ainsi emportant ma mémoire ...

    · Il y a presque 8 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • correction : Emmaüs

      · Il y a presque 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • Regarde ma bibliothèque, tu devineras qui je suis...

      · Il y a presque 8 ans ·
      Dsc 0053

      Nicolas Pellion

    • Déjà les misérables de Victor Hugo que l'on ne peut laisser de côté, car cette histoire, lue pourtant depuis très longtemps, reste gravé en nos mémoires ...

      · Il y a presque 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • toute jeune j'ai lu le roman de Renart (enfin juste une partie) avec le loup Ysengrin ...

      · Il y a presque 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

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