Rêve moite

valjean

Rêve ou cauchemar lascif. Les créatures de rêves devraient rester ce qu'elles sont. Sinon...

J'entends de nouveau craquer les premières marches d'escalier ?
Est ce que je ressens de la peur ou de l'humiliation ?
Parfois elle arrive la première, d'autres fois deux autres l'accompagnent.
Mais même à ce moment là, je peux distinguer son pas.

Il y a toujours ce « tes mains en l'air » humiliant, les menottes serrées et la descente dans les escaliers puis dans la rue où elle prend un malin plaisir à me faire patienter, exposé de nombreuses minutes dans l'air froid et sous les insultes des passants, avant de pouvoir enfin monter dans leur véhicule.

Cela a commencé comme dans un rêve.
Phase de désœuvrement sur mon lieu de travail puis par jeu et pour pimenter ma vie, inscription sur un site de rencontre.

Description physique à mon avantage, j'ai gommé les 4 kilos en trop, et pas mis ma photo, trop compromettant dans ma situation.
Très vite je reçois des réponses et parmi celles ci la sienne, la plus alléchante.
Elle est la plus déterminée de toutes, bientôt j'abandonne les autres contacts pour ne me consacrer qu'à elle.

Langage direct mais pas cru, suggestif et audacieux, photos d'elles de plus en plus légèrement vêtues, avant un effeuillage torride devant sa webcam. Rapide, trop rapide, peut-être. C'est là que je pense que j'aurais du me méfier et couper court, là quand elle m'adresse cette photo d'elle avec pour seul vêtement « je t'attends » écrit à l'encre noire sur son bas ventre.

Au lieu de m'y attarder, j'aurais du lire son regard.
Avec du recul je peux deviner ce regard sur la photo : farouche et déterminé. 'ai pris cela pour une mise en scène provocante.Et jeté cette photo comme les autres dans ma corbeille virtuelle.
Les collègues sont si curieux parfois.
Si je l'avais là avec moi, alors que le véhicule file, toutes sirènes hurlantes, je pourrais me disculper. Encore que, la connaissant, elle m'aurait certainement fait les poches. Curieusement, elle ne me demande rien en échange de sa photo lascive.
« Plus tard » écrit-t'elle en rajoutant un smiley.

Avant ce soir là qui me vaut d'être là nu, grelottant et attaché dans ce véhicule de police, il y a eu cette rencontre.
Elle s'appele Emma, et après cette promenade serrée contre moi dans le jardin des tuileries, le chocolat chaud bu chez Évangeline en sa compagnie me laisse une sensation onctueuse dans le palais, un peu comme celle d'un baiser prolongé.

Elle est conforme à ses premières photos : brune aux yeux noirs, le visage fin, élancée, environ 1 mètre 70, les jambes soulignées par des bottines jusqu'à la naissance des genoux, puis gainées de noir remontant très haut avant de s'accrocher à une jupe de soie, noire elle aussi.
Un bustier, très lâche, de soie noire souligne plutôt qu'il ne dissimule sa poitrine.
Pour ajouter une touche finale d'élégance suggestive, un gilet de maille et de tulle souligne ses bras bronzés. Enfin, un collier fin qui s'achève par un médaillon argenté en forme de Corse stylisée finit d'aimanter mon regard attiré en bas par le froissement de ses jambes qu'elle croise et décroise au cours de notre conversation.
Et par dessus cela, un sourire, ce sourire qui vous dit « prends moi vite » sans vous laisser la possibilité de réfléchir ou de dire non, si telle avait été votre attention.

Emma n'a en elle rien de vulgaire, autrement je n'aurais pas accroché.
Seulement son apparence et sa voix légèrement rauque renforcent mon trouble aidé par le jeu de ses mains qui se posent sur moi, graciles et faussement innocentes.
Je mets cela sur le compte de ses origines méditerranéennes. Elle dit qu'elle me trouve sympathique, je la pense envoûtante.
Très accrochée, elle me demande de la revoir le soir même, et de passer chez elle dans son appartement, où me promet elle, m'attend une surprise.
Le tout dans un baiser qui fait courir un frissonnement prometteur tout au long de la colonne vertébrale.
Je la quitte le cœur battant sur cette promesse.

Je ne me rappelle plus de l'avant rendez-vous. Je sais juste que ma douche est soignée, que je prends mes plus beaux habits, n'oubliant pas de glisser quelques gouttes de cette eau de toilette boisée à la naissance du cou et à la pointe des oreilles.

A 19h58, je suis devant sa porte au 2ème étage du 36 rue de Toul, escalier A. J'appuie sur la sonnette, elle ouvre après quelques instants durant lesquels je crois percevoir des chuchotements derrière la porte.

Elle est plus souriante que jamais quand elle apparaît dans l'encadrement de la porte d'entrée.
Tout en me mordillant l'oreille, elle me glisse dans un souffle chaud « hum, tu sens très bon. Déshabille-toi ».
« Là, dans l'entrée ?»
« Oui là, tu me tendras tes habits, tu n'en auras plus besoin ce soir »
Émoustillé par cette main qui caresse mon torse et par l'érotisme de cette situation, je lui tends mon manteau, puis ma veste »
Elle prend mes habits au fur et à mesure que je lui présente et les dépose derrière elle tout en restant dans l'encadrement de la porte et appuyant sur l'interrupteur du palier quand la lumière s'éteint.
Je me retrouve rapidement avec mon caleçon noir sous lequel je peine à cacher mon excitation.
« Le caleçon aussi, et remets tes chaussures, tu vas prendre froid ».
Quand je suis entièrement dévêtu, frissonnant d'émotion et d'un sentiment de gêne diffuse, Emma, la main posée sur mon, enfin vous voyez ce que je veux dire, tourne légèrement la tête puis appelle.

C'est à ce moment de mon rêve que je dois commencer à m'agiter. Une femme courbée, d'aspect sale et aux rares dents présentes et jaunies, se colle à Emma.
J'ai toujours un mouvement de recul sur le palier.

« Voici ma grande sœur Sybille, cela fait trente ans qu'elle vit cachée et n'a jamais connu le bonheur de tenir un homme dans ses bras. Comble là, et après je suis à toi, toute à toi »
« Non ».
Avec le temps et la répétition de cette scène, j'arrive à retenir ce « non » de plus en plus longtemps, je ne désespère pas d'y parvenir enfin une nuit .

La sœur fond en larmes, Emma en colère la prend dans ses bras, perd soudain son accent langoureux et me lâche froidement « très bien, tu l'auras voulu », avant de claquer la porte.

Je ne réalise pas tout de suite ce qui m'arrive, c'est quand je me retrouve dans le noir et que je rallume la lumière que je me rends compte que je suis là, absolument nu dans cette cage d'escalier, à environ 21 heures, piégé.

Je me mets à sonner, à frapper à cette porte soudain hostile où ne se font entendre que les halètements de la sœur que j'imagine me guetter par l'œilleton.
Les minutes passent, dans la terreur d'entendre des pas monter l'escalier.
Heureusement Emma habite au 3ème étage ce qui est rédhibitoire pour la plupart des personnes.
Il y a juste cette petite vieille qui s'obstine à monter à pied, avec son sac de supermarché et qui prend un malin plaisir à reprendre sa respiration sur le palier, alors que je tente de me recroqueviller et de cacher ce que je peux de mes deux mains.

Elle a toujours ce haussement d'épaules mi moqueur, mi scandalisé, avant de reprendre sa montée.

Puis vient ce pur moment d'horreur. Je vois passer Emma à la fenêtre qui donne sur la cour avec un grand sac plastique, je pense qu'il s'agit de mes vêtements. Elle passe, l'air déterminé, sur ce palier extérieur qui mène au vide ordures. J'entends une porte s'ouvrir puis plus rien.
Avec le temps, j'ai compris qu'il s'agit de l'escalier de service.

Je me précipite alors à la porte, supplie la vieille sœur de m'ouvrir, lui promet de faire tout ce qu'elle voudra. C'est toujours à ce moment que j'entends ces pas d'enfants.
Je prie pour qu'ils s'arrêtent au premier étage, me promet de ne plus jamais me connecter sur un site, mais rien n'y fait, ils continuent de monter.
Paniqué, je tente de me cacher à l'aide du maigre paillasson, mais très vite ils sont là, un garçon et une fille tous deux très jeunes se tenant la main en montant l'escalier.
Ils me dévisagent un court instant, puis reprennent leur ascension. A ce moment là, l'espoir revient.
Mais j'entends sonner à l'étage supérieur, une porte s'ouvre et les enfants parlent « maman il y a un monsieur tout nu au 3ème » .
La mère les fait répéter puis rentrer, j'entends quelques pas descendre les marches, une tête se penche, j'essaie de m'expliquer, je quémande un habit.
Mais la personne remonte en courant les quelques pas qui la séparent de son palier, et, avant que j'aie pu la rejoindre, ferme la porte.

Puis j'entends « allo ».Sans doute appelle t'elle son mari.
Je panique, essaie d'ouvrir la fenêtre qui donne sur l'accès au vide ordure et qui ne peut que s'entrouvrir, je monte, tente la même opération avec la fenêtre du dessus pour le même résultat.
De nouveau des bruits dans l'escalier, cette fois ci plus rapides, comme si  les personnes couraient.
Ils sont trois, trois policiers. Dont Emma.

« Il est donc là le pédophile »
Je reçois toujours quelques coups quand je proteste et essaie de m'adresser à Emma. Celle ci, bien entendu, prétend ne pas me connaître et prend un malin plaisir à me serrer très fort les menottes dans le dos.
En bas, elle et ses collègues feignent toujours d'avoir perdu leur clé et me laissent encore patienter nu dans cette rue très passante, avant de me faire monter sans ménagement dans le véhicule.

Je me réveille à chaque fois au moment où l'agent de police DESRIVIERES prénom Emma glisse sa main sous la couverture de survie et la laisse se promener en murmurant lascivement « dommage ».

Ma femme doit me croire vraiment très amoureux, ou malade, car à chaque fois je me réveille transis et me colle contre elle en lui susurrant que je l'aime.

  • rhôôô mais quelle histoire mon cher Valjean, Excellent !!! tu t'es surpassé. Cela mériterait de la mettre en images pour en faire un beau court métrage ! Une grosse bise ! :)

    · Il y a plus de 9 ans ·
    Ange

    Apolline

    • Oh merci, merci Appolline pour ton retour. C'est vrai qu'un court métrage pourrait bien rendre cette histoire. Je m'imagine bien les lieux et les personnages.

      · Il y a plus de 9 ans ·
      Mouette des iles lavezzi orig

      valjean

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