Rêves d'enfance

oreline

Concours LUNII – un garçon – une ville volante – un roi crapaud – un manège magique

Je m'appelle Lucien. J'habite dans une ville volante. Pas moyen de quitter celle-ci sans avion ou parachute. Mais cette ville est tellement animée et pleine de vie que très peu de gens ont envie d'aller voir ce qui se passe en dessous!

Moi, je suis quelqu'un de très curieux. Malgré les nombreuses animations de la ville – la fête foraine, les toboggans géants, les piscines à bulles, la mare au chewing-gum – j'ai très envie de visiter le monde d'en dessous. Je n'ai ni avion, ni parachute, mais j'ai des idées !

Je tente tout d'abord de me cacher dans un avion. Malheureusement, on me trouve avant qu'il ne décolle !

Je tente ensuite d'emprunter un parachute dans une boutique. Mais, je me fais attraper lorsque je sors de celle-ci.

La dernière tentative et pas des moindres : je tente de faire ami-ami avec un aviateur. Je lui offre des bonbons, des chocolats, je lui laisse même me pincer les joues car il semble aimer ça. Quand je nous crois suffisamment proche, je lui demande :

« Pourriez-vous me faire monter dans votre avion et me faire visiter le monde d'en dessous ? »

Il se met alors à rire et à me pincer de nouveau les joues.

« Qu'est-ce que tu me racontes ? Tu n'es pas bien ici ? Cette ville, c'est le paradis pour les enfants ! Allez, assez plaisanté. Je dois aller travailler ».

Toutes mes idées ont lamentablement échoué. Pourtant, grâce à elles, le roi de la ville veut me voir. Tout le monde l'appelle le roi crapaud, car, suite à un puissant sortilège lancé par une très vilaine sorcière, il est devenu un petit crapaud tout vert.

Je trouve ce bon roi crapaud d'emblée sympathique. Il s'approche de moi et me dit :

« Mon petit garçon, je sais que tu meurs d'envie de découvrir le monde d'en dessous. Tous tes petits stratagèmes en témoignent. Mais, comme la loi le stipule, les enfants ne sont pas autorisés à sortir de la ville volante. Tu trouves peut-être cette loi injuste, mais elle existe pour le bien des enfants. Il y a pleins de belles choses en bas mais il y en a aussi pleins de mauvaises : la guerre, la pauvreté. A ton âge, j'étais moi aussi un petit garçon curieux. C'est pourquoi, je comprends ton désir. Je vais donc te dire ceci : il existe dans la ville un manège magique. Caché au fond d'une grange, il prend la poussière. Mais, si tu montes sur l'un des chevaux de bois, le manège, comme par magie, s'animera. Le cheval, alors, t'emmènera visiter le monde d'en bas ».

Je passe les trois mois suivants à chercher dans toutes les granges de la ville. Mais rien. Aucun manège ne m'attend nulle part.

Les années passent et j'oublie mon rêve.

Et puis un jour… Une porte entrouverte, une lumière diffuse à l'intérieur qui irrésistiblement m'attire… Voilà des années que je passais devant cette vieille porte et jamais je n'avais pensé à l'ouvrir.

J'entre et je le vois : le manège magique. Je suis sûr que c'est celui dont m'a parlé le roi crapaud. Il est plein de poussière mais il est sublime.

Lorsque je monte sur l'un des chevaux de bois, le manège se met en branle. Mon cheval monte et descend tandis que l'on tourne autour du pilier central. Une jolie musique s'élève dans les airs et des lumières clignotent tout autour de moi.

Soudain, dans un souffle, les portes de la vieille grange s'ouvrent et les chevaux en bois se glissent par l'ouverture. Je me cramponne sur mon destrier tandis que celui-ci s'envole dans les nuages. J'ai l'impression de voler !

Puis, pour mon plus grand bonheur, les chevaux, en file indienne et toujours dans les airs, prennent la direction du monde d'en dessous.

Les nuages se dissipent et je vois enfin les terres d'en bas : des gazelles s'élancent dans des plaines arides, des dauphins plongent dans des eaux bleus, des ours blancs sont couchés sur la banquise.

Lorsque le cheval en bois me ramène à la ville volante, j'ai des images pleins la tête et je comprends une chose : ne jamais abandonner ses rêves, car, si on y croit vraiment, ils finissent toujours par se réaliser.

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