Revoir Florence

Laurent H

Je l'avais rencontrée lors d'un voyage en Italie, sur une place ensoleillée de la ville de Parme.


Elle lisait assise sur le rebord d'une fontaine, et semblait captivée par ces lectures. En passant devant elle, mon œil fut attiré par le titre de l'ouvrage « Contes et Légendes de l'Italie du XVe siècle ».


Je m'assis près d'elle et la conversation s'engagea sur la renaissance italienne. Elle s'appelait Florence, était professeur de littérature et était incollable sur cette période.

J'étais fasciné par ses propos et captivé par sa voix, je ne portais pas encore attention à son aspect. Quand ce fut le cas, je fut ébloui par son allure, sa grâce et son sourire.

Elle parlais de l'histoire de la péninsule italienne, ces villes, ces couleurs, sa musique. Elle me raconta la Venise des doges, au temps de sa splendeur, Gênes la marchande, où s'écoulaient les épices et les tissus venus de l'orient lointaine, puis venaient Rome, Vérone, Padou, Pise et elle termina par la Toscane, où Florence étincelait de mille feux. Le temps s'était arrêté et j'écoutais Florence me parler de Florence, émerveillé et ensorcelé à la fois par la ville et la jeune femme. Les mots sonnaient clairs dans l'air de cette place déserte.

Sans que je m'en rende compte , la lumière du jour avait baissé autour de moi et un air de mandoline mêlé de luth commençait à se faire entendre.

Je regardais autour de moi. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la place n'était plus là et la Florence du 16 e siècle s'étalait devant moi alors que Florence me prenait la main.


Le Palazzio Vecchio trônait majestueusement sur la gauche lorsque nous nous sommes levés. Florence me fit un clin d'œil, souffla ‘Bienvenue dans la Florence du Moyen Age' dans un sourire énigmatique, puis s'élança vers les rues bondées de monde qui s'étendaient devant nous.


A mesure que j'avançais, mes yeux étaient bombardés des couleurs de la foule bigarrée des bourgeois florentins qui déambulaient au son des sonates de Vivaldi et des madrigaux de Monteverdi. Nous passâmes devant la cathédrale de Santa Croce. Florence racontait l'histoire des rues et parfois même saluait des passants dans un vieux dialecte florentin avec une aisance déconcertante. 


Je voulais que ce voyage ne se termine jamais. Nous contournâmes le palais Pitti, pour rentrer dans le jardin du Boboli. Nous flânâmes parmi les longues allées à flanc de collines bordées de cyprès et de buis, de bassins et d'îlots. J'étais subjugué par florence marchant gracieusement parmi les sculptures antiques.

A ce moment, alors que les musiques déclinaient doucement, Florence me lâcha la main. Figé sur place, je la regardais déambuler dans ce jardin féerique. Elle se retourna, me sourit légèrement et disparût parmi les orangers.


La place de Parme s'était matérialisée autour de moi. Je restais là, immobile, à la fois triste et heureux de ce voyage dans la renaissance italienne aux côtés de cette magicienne.

Depuis ce jours et jusqu'à présent, je repense à cette journée et je suis nostalgique. Mes rêves sont peuplés d'Italie et de musique baroque et je ne poursuit qu'un but désormais, revoir Florence pour de nouveau revoir Florence…

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