Rien, ce n'est pas rien

ellisabee

Si je devais me définir, je dirais que je ne suis rien. Rien avec un R majuscule. Un air qui en impose. Un air de rien qui fait tout. Tout avec un t minuscule. Un tout sur rien, un rien surtout. Rien, même si je me sens tout. Ce n’est pas rien.

 Je ne suis rien au milieu d’un tout,  au milieu de tout. Tout perdu dans rien… Une vie ne suffirait pas pour faire le tour de rien. Tout est rien, rien n’est tout.  N’existe que le vide… néant d’une vie blanche.  J’ai parcouru le monde pour prendre un peu de hauteur, à la recherche d’un autre vie, aspérité qui me remplit de sel, de sable et de promesses. Plaisant, comme la vague  enveloppe les chevilles. Bouge derrière le ventre, s’étrangle dans un souffle puis fait peur.  Aussi vaste que la mer. Viens, va. Reviens… Va.

A chaque fois, je le sens. Le souffle  se colle à  moi, s’épaissit, s’obscurcit. Deux vides font tout. La pluie et le beau temps. La vie est palpable sous ce tout incontournable. Rien ne se pose dans le silence. Je l’ai su, avant la nuit. Depuis lors, j’ai peur de la solitude des enfants. Le monde est trop vide pour eux. Ils sont les touts de rien. Pleins et re-pleins de tout, justement. La nuit se glisse dans leurs larmes. La vie par tous les pores. La source claire, pure qui mène nulle part. La vie pour rien. Leurs sourires grands ouverts, faim insatiables,  musiques au creux du ventre.

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