Rien ne peut remplacer rien.(1)

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On avait si soif, qu'une gourde ou un dromadaire n'aurait suffit à l'éponger.

Au début il y avait un avion dans le ciel et des herbes couchées dans le premier plan du paysage. Tout semblait fortement réaliste. Tout tenait droit au regard et tout aurait pu finir en dessus du canapé du salon de chez Vanessa pour son 30 ème anniversaire :

- Tiens Vanessa, c'est pour tes 30 ans!

- Qu'est-ce que c'est ? Attends-voir que je devine... c'est un tableau, ou je me trompe ?

Vanessa avait toujours de l'intuition. Vanessa palpait et caressait mon cadeau comme une éjaculation partie trop tôt : elle semblait prise d'étonnement et de sueurs précoces : « C'est chouette de ta part ! » avait-elle ajoutée modestement.

Vanessa me faisait bander depuis plusieurs années et je n'avais jamais eu l'occasion de lui transmettre toutes mes émotions si ce n'est par le biais de petites attentions ou de verres pris en cachette de son mari, dans des couchers de soleil finissant sur sa piscine.

- Ça te plaît ? avais-je ajouté.

- C'est un avion ?

- Ben oui !

- Tu peins des avions, toi, maintenant ?

- T'aurais préféré un baiser ?

- Non... c'est bien les avions, ça change ! Et tu sais quoi ?

- Non ?

- J'ai toujours tes biches !

- Mes biches ?

- Les biches que tu m'as offertes pour mes 20 ans ! Elles sont encadrées dans ma cuisine ! Parfois, quand je les regarde, je me demande si tu n'aurais pas dû faire peintre animalier dans une galerie marchande que plutôt gardien d'immeuble au Tadjikistan ! Elles font tellement vraies qu'on pourrait croire qu'elles le sont ! Et le sous-bois derrière, on imagine bien son caractère humide !

Vanessa a un regard affiné sur la vie: son imagination transcende la réalité qui se cache derrière les choses. Je me souviens de cette toile russe représentant un carré blanc sur un fond blanc, et où Vanessa s'était exclamée en refermant le livre : « Tu crois qu'il a voulu dire, que rien ne peut remplacer rien ? »

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