Rien qu'un instant
redstars
Le cœur doucement lâche. Tressaute, frémit, renonce. Agenouillée dans le noir de la chambre, et sangloter en silence, et ne surtout pas faire de bruit. La mélancolie... comme une mélodie. Et se recroqueviller, encore... encore un peu plus. Le corps se relâche, et les larmes qui font mal le long des joues usées. Le mascara dégouline, les yeux scintillent dans l'obscurité, comme deux étoiles mortes dont ne subsiste que la lumière. Et ressentir la tension tenace qui plane tout autour, ce sentiment d'abandon, de vide, de creux. Ne surtout rien dire dans cette atmosphère aux allures de grenade. Comme si la parole pouvait tout faire exploser. Car la parole le peut…
Dans le noir, essayer, ou commencer à faire son deuil. Celui d'espoirs qui n'auront apporté que le malheur. Pleurer encore un peu, de s'être donné tant de mal, d'avoir tout fait, tout tenté, tout essayé... d'avoir souffert des mois, des années.
Tout cela en vain.
Tout cela pour rien.
Il faut du temps pour ce genre de cicatrice béante.
Il faut du temps. Pour rassembler les lambeaux de chair tranchée à vif, surveiller tout risque d'infection, et chaque jour appliquer de la crème, et du désinfectant, en espérant qu'enfin, un soir ou un matin, elle commence enfin à se refermer.
Ce n'est pas chose facile, ces cicatrices-là sont dangereuses, elles gangrènent rapidement, en douce, sans faire de bruit. Il faut attendre, car sur ces blessures, nulle suture ne résisterait. Nulle couture. Juste les secondes, qui deviennent minutes, puis heures, puis jours.
Et l'estomac qui se retourne. Et les nausées. La fièvre qui menace. Pas d'autre remède que l'attente. Pas de potion magique pour tout oublier et se remettre à courir.
Le cœur n'ose plus battre. De peur qu'on l'entende, de peur d'être repéré.
De peur d'être arrêté, condamné, fusillé.
Et parfois la violence qui s'invite en dedans, tout au fond. L'envie que le sang gicle contre le mur trop pâle. L'envie d'écraser une cigarette allumée contre une ancienne cicatrice arrondie. L'envie de manger à n'en plus pouvoir, et comme avant enfoncer deux doigts dans la gorge, et dix fois dans la même journée, jusqu'à l'épuisement total. Ou ne rien avaler, au moins pendant trois semaines, et planer sans penser ni réfléchir. L'envie de cogner le mur, de se fracturer le poignet, mais de cogner encore. L'envie de hurler, s'arracher les cheveux, entailler les poignets, les cuisses, le cou.
L'envie furtive de dire au psychiatre : enfermez-moi.
Et réaliser qu'au fond, de toute façon, on sait comment y retourner...
On se sent si démunis en vous lisant...chacun de vos mots est une plaie et on ressent de la souffrance avec vous...vous écrivez vraiment bien...
· Il y a environ 7 ans ·nehara
Merci pour ce commentaire Nehara
· Il y a environ 7 ans ·redstars
Texte poignant, violent; Certains instants de la vie deviennent éternité hélas! Jusqu'à trouver enfin le soulagement désiré, je vous le souhaite.
· Il y a environ 7 ans ·aile68
Merci
· Il y a environ 7 ans ·redstars