Rouge-Bordeaux

Loona Brochot

Le mari de Lise, Aymeric, a récemment été affecté en tant qu'opérateur de drones. Ce travail détériore peu à peu l'état psychologique de cet homme, et par conséquent, sa vie de famille.

Je ne savais pas combien de temps il supporterait encore tout ça. Même s'il ne disait rien, je voyais son visage se décomposer un peu plus chaque soir lorsqu'il rentrait. Je savais le calvaire qu'il endurait, j'aurais tant voulu qu'il se confie à moi. En vain. Le silence, absolu, était son seul refuge ; il préférait faire semblant que tout allait bien. Mais tout allait mal.

La porte d'entrée s'ouvrit. Je le vis depuis le salon, s'introduire dans le hall. Du haut de son mètre quatre-vingt dix et de ses cent kilos, il s'imposait dans notre sas d'entrée, pourtant d'une taille raisonnable. Il enleva sa veste noire, d'un tissu qui épousait parfaitement ses épaules dominantes et suivait la ligne de son buste musclé. Il l'accrocha au cintre du placard adjacent et ôta ses chaussures, avant de me rejoindre. Je posai le dernier couvert à la table, et vins l'embrasser. Il esquissait un sourire. Je lui demandai comment s'était passée sa journée. Faussement assuré, il m'affirma que tout s'était déroulé comme il le fallait. Comme il le fallait. Je ne comprenais toujours pas pourquoi il s'agissait d'une nécessité. Détruire des terrains, enlever des vies, cela m'était inconcevable. J'étais infirmière à mi-temps, et le principe de soigner voire de guérir des gens s'opposait à l'évidence au métier qu'il exerçait. Je supportais cette torture à travers lui, qui semblait lui être indifférente. Je lui proposai de prendre place pour dîner, mais il déclina cette invitation, évoquant un manque d'appétit. J'insistai, mais il était déjà loin, allant embrasser notre fille qui dormait paisiblement dans son couffin de coton. Je l'entendis entrer dans notre chambre, et sa voix, lointaine : «Bonne nuit». Je le laissai, me persuadant que, demain, il irait mieux.


 

Ces images, il en voyait tous les jours. Depuis qu'il avait eu son affectation, cela lui était arrivé des centaines de fois. Être opérateur de drone, cela ne s'apprend pas, cela se vit. Il était un peu plus de seize heures, et le journaliste de BFM TV énonçait de nouveau l'implication des drones militaires sur le territoire français, et leur rôle en tant que défense nationale. J'écoutais, avec mépris, la vantardise des chefs de l'armée quant à l'utilisation de ces machines tueuses, pour lesquelles mon mari se dévouait quotidiennement. Mon cœur s'écorchait à savoir qu'il avait, sous ses doigts, les éléments déclencheurs de tels désastres. On voyait des immeubles, ces géants de béton, réduits à des fragments de poussières, et des corps qui se devinaient dans les gravas, et que l'on évite de montrer au grand public pour empêcher toute polémique d'éthique. «Plusieurs médecins urgentistes sont sur place... Ils essaient de trouver des rescapés...». Quelle contradiction ! Ils provoquent le mal, et on le dénonce. J'éteignis l'écran, pour m'éviter toute contrariété.

Le téléphone sonna. Je reconnu la voix d'Aymeric : il m'annonçait qu'il resterait tard à la base le soir même. Et que je ne devais pas m'inquiéter. Je raccrochai. Bien sûr, je m'inquiétais. Je l'imaginais devant son ordinateur de contrôle, à voir tout ce qu'on ne nous montre pas sur l'écran public. L'horreur, sans le bruit (bien qu'un silence de mort devait y régner), sans l'odeur, sans les sensations. Une terreur visuelle, quasiment non-palpable et fictive, mais pourtant existante. Il m'a toujours affirmé que cela ne le touchait pas, qu'il accomplissait son «devoir de patriote», que pour lui, l'évidence était dans la responsabilité face à la protection nationale. J'avais du mal à croire qu'il reste insensible à tout ça.


 

Je regardais ce ciel d'un bleu uni, si lumineux qu'il en devenait fade. L'automne était bel et bien là : les températures étaient douces, des tas de feuilles mortes jonchaient les trottoirs, donnant à ce paysage urbain un aspect pictural appréciable. Des gouttelettes reposaient sur l'herbe encore fraîche du parc, et faisaient scintiller cet espace de verdure. Je restais admirative de cette beauté naturelle, qui me permettait de m'éloigner de ces pensées qui me torturaient. Je savais qu'à ce moment même, Aymeric s'attelait à des tâches que je n'approuvais guère, et j'imaginais que, dans ce ciel toulousain, on ait un jour la même menace, vadrouillant au-dessus de nos têtes, et produisant une angoisse permanente chez la population. Cette perspective me donna un frisson qui me parcourra le corps, jusqu'à me cingler les os. Finalement, je me laissais emporter par cet entrain de douceur que m'offrait cette matinée automnale, profitant de la sérénité du lieu et des premiers cris d'enfants qui donnaient de la vie aux rues encore dénuées de foule.


 

Les jours passaient. Aymeric ne me parlait jamais de son travail. Ce qu'il y accomplissait restait inconnu, et ce qu'il m'en disait restait flou. La manière dont il le vivait, je n'en savais rien, il avait trop de fierté pour me l'évoquer. Je l'avais d'ailleurs vu un soir, ses yeux vides d'émotions. Je l'avais questionné, sans réponse. Il s'était assis dans son fauteuil attitré, affalé dans le cuir brun sentant encore le neuf, laissant ses bras ballotant dans l'air, et regardant sans bien comprendre un programme de téléréalité sans grand intérêt. Je le scrutais, décelant une pointe de détresse. Cependant, je me sentais clairement impuissante. J'abandonnais une nouvelle fois la lutte, sachant qu'il avait de nouveau gagné de par son dédain envers moi.


 

Je pris Emma dans mes bras. Il faisait froid cette nuit là, et elle réclamait du réconfort. Je lui murmurais des berceuses qui ont le don d'adoucir les cauchemars des jeunes enfants, mais elle paraissait trop anxieuse. J'entendis du bruit dans le couloir ; Aymeric marchait sans délicatesse, et il ouvrit la porte énergiquement. Les cernes sous les yeux, vêtu uniquement d'un caleçon, il râlait d'une voix rauque. Il ne dormait plus beaucoup ces dernières semaines, et chaque élément qui le contrariait devenait insurmontable. Il haussait la voix ; mais plus il le faisait, plus Emma braillait. «Fais la taire !», m'a-t-il ordonné. Je ne disais rien, ne voulant pas le brusquer. Il s'en alla, claquant la porte. Emma pleurait encore, je la serrais fort entre mes bras, laissant échapper une larme de déception face au comportement d'Aymeric, qui m'inquiétait de plus en plus.


 

«Il serait bon que tu décompresses», lui ai-je dit, en croquant dans un croissant sur lequel les myrtilles menaçaient de glisser.

 

Son regard, froid, m'a foudroyé.

 

- «S'il-te-plait, je vois que cette situation t'est inconfortable, tu pourrais peut être envisager des congés ? Ou même arrêter, je suis certaine qu'il y a des places ailleurs, ils t'accueilleront à bras ouverts, tu es suffisamment qualif...»

 

- «Arrête avec tes insinuations, m'a-t-il coupé sèchement, je vais bien. Et toi, et Emma, vous allez bien aussi. Tout va s'arranger. C'est juste une période difficile.»

C'est ce qu'il me disait, mais je ne le croyais pas. Malgré tout, je voulais que notre famille tienne bon, je ne voulais surtout pas l'abandonner. Je me souvenais, lorsque les drones ne régissaient pas encore le monde de la guerre, et lorsque les ingénieurs qui les concevaient travaillaient sur la meilleure manière de les propulser dans l'air, ou sur un potentiel changement de couleur de ces appareils selon leur altitude, pour un repérage moins évident depuis la terre-ferme, tout cela était encore bien enfantin. Aymeric avait un travail qui ne consistait pas à tuer les gens, et à démanteler la race humaine. Depuis, le monde a bien évolué, notre vie a suivi. A l'époque, on était heureux ; du moins, nous n'étions pas malheureux.


 

Je rentrais de mon travail. A peine j'ouvris la porte, je percevais des sons graves, comme quelqu'un qu'on étranglait, et qui se défendait. J'avançais. Aymeric était là : il s'étouffait. Il se raccrochait au plan de travail de la cuisine, et n'arrivait pas à reprendre une respiration correcte et fluide. Son corps subissait de fortes compulsions sous un manque d'oxygène. Je lâchai mon sac, et accouru vers lui ; il faisait des gestes de rejet, voulant s'apaiser seul. J'aperçu son téléphone indiquant une conversation téléphonique en cours, et une voix masculine émanait du haut-parleur : «Aymeric, tu es là ?». Je mis fin à l'appel, me retournai, et vis mon mari crisper ses doigts sur le plateau de granit, presque à s'en casser les ongles. Ses yeux s'écarquillaient de panique. Je commençais à composer le numéro des urgences, quand il posa sa main sur mon épaule, et d'un mouvement de tête, m'indiqua qu'il n'en était pas la peine. Dubitative et incertaine, je laissais passer quelques instants avant de remarquer, qu'effectivement, sa respiration était plus régulière, et beaucoup moins forte. Je posai le téléphone, et hésitais à le laisser tranquille. Il choisit pour moi : «C'est bon, Lise, lâche-moi», me dit-il entre deux inspirations encore difficiles. Je m'enfermai dans la chambre, et pris l'air à la fenêtre ouverte. Malgré le froid, l'air extérieur me semblait bien plus agréable.


 

Je m'apprêtais dans la salle de bain. Vingt heures onze. J'avais encore du temps devant moi. Cela faisait huit ans aujourd'hui. Entre deux coups de pinceau à lèvres, je jetais un œil à la photographie située à côté du miroir rectangulaire. Des jeunes mariés, souriants et pleins de vie, semblaient insouciants face à leur avenir. Le portrait qui se reflétait dans ce miroir était terne en comparaison ; je ne m'y reconnaissais plus. Il me tardait qu'Aymeric rentre, afin de tenter une nouvelle approche. Cinq mois. Cinq mois de restriction, venant d'abord de lui pour cause de fatigue, puis venant de moi (pour le peu qu'il m'avait demandé), n'ayant plus le goût aux jeux érotiques. Notre couple était en déclin, il fallait de nouvelles perspectives. Et pour notre anniversaire de mariage, je voulais la perfection.

Vingt heures quarante-sept. Il entra enfin. Je longeais les murs pour le surprendre. Debout dans le salon, il tournait le dos. Sans bruit, je m'approchai sur la pointe des pieds. A peine ai-je eu le temps de frôler son visage de mes doigts, qu'il se retourna et me saisit le bras d'une poignée ferme, presque violente. «Ah, c'est toi...», dit-il comme s'il était sur ses gardes. Il relâcha son emprise, qui laissa des marques rougeâtres sur le milieu de mon avant-bras. Son expression était fermée, ses traits durs, il serrait sans doute les dents. Je voulus le radoucir en lui caressant son bras découvert; il eut un mouvement de répulsion, et émit un espèce de grognement intérieur. «Sais-tu au moins quel jour nous sommes ?» lui demandai-je. Il ne répondit pas. «Il y a huit ans, tu me disais que tu m'aimais, que ta seule raison de vivre, c'était moi. Que la famille que tu voulais fonder, c'était avec moi. Tu m'embrassais fougueusement puisque c'est tout ce qui importait pour toi. Ces drones t'ont détruit. Tu étais quelqu'un d'autre avant, je ne suis plus en face de l'homme que j'ai épousé.» Rien. Il ne répondait toujours rien. Je bouillonnais, je me morfondais sans savoir même si j'allais tenir encore longtemps à tout supporter. J'allais reprendre la parole, quand, d'un coup, il explosa, littéralement. Il balaya la table de ses bras, emmenant tout sur son passage, faisant éclater au sol les assiettes, les verres, et le vase rempli de fleurs, les couverts en argent résonnaient sur le carrelage couleur crème, faisant un bruit strident. Il fit renverser le meuble de télévision ; les portes se fracassèrent au sol, et des vis s'échappèrent du bois. Il prit un couteau denté sur le bar qui séparait le salon de la cuisine, et fit ressortir du cuir toute la mousse qui constituait son fauteuil ; il hurlait comme si la folie s'emparait de lui. Il se dirigea vers la fenêtre et donna un coup d'un poing ferme; la vitre se brisa en divers éclats, et je laissai échapper un cri aigu tout en me protégeant les yeux avec mon bras. Je m'étais collé au mur près de l'entrée, et j'attendais que sa colère s'estompe. Les pleurs d'Emma se faisaient déjà entendre. Le bras ensanglanté d'Aymeric laissait couler des grosses gouttes rouges bordeaux sur le sol, parmi les orchidées blanches écorchées par les débris de céramique et de verre. Il me regarda tout à coup, et s'avança vers moi d'un pas décidé. J'étais tétanisée, d'une part de le voir dans un tel état, et d'autre part n'ayant aucune idée de ce qui allait m'arriver. Alors que je redoutais le pire, il me cria dans l'oreille : «Tu crois quoi ! Que je dois penser à toutes ces fêtes ridicules qui composent notre vie ? Non, je m'en fous, je veux juste la paix, tu m'entends ? La paix ! Ce n'est pas toi qui supporte la douleur, ce n'est pas toi qui doit décider de la vie ou de la mort d'une putain de killbox, tu ne connais rien à la souffrance, tu ne me comprends pas. Je me saigne à blanc pour supporter de voir ces gens crever sous mes yeux, ces enfants qui sautent sous nos missiles et mes collègues qui se foutent de leur gueule puisqu'ils ont été assez idiots d'être là au mauvais moment ! Je tue ces gens et j'essaie de me convaincre que c'est bien ! Ce travail, je le fais pour protéger mon pays, ma famille, je le fais pour toi et Emma, et tout ce que tu trouves à faire, c'est des reproches ! Eh bien si tu me négliges, dégage de là ! Je n'ai pas besoin de toi, je ne veux plus te voir !». Il avait posé le couteau, qu'il tenait toujours dans la main gauche, sur mon flanc droit, et dans son élan, la dentelle de ma robe s'était déchirée, laissant apparaître une blessure superficielle d'où un maigre filet d'hémoglobine dégoulinait le long de ma hanche. Puis, il y eut un renversement de situation. Il lâcha cette lame emmanchée, et son visage changea. Il recula de quelques pas, fébrile. Il semblait dénué de toute énergie, et dépité face à l'expression que je lui offrais. Mes joues étaient pleines de larmes mélangées au noir du mascara posé quelques instants plus tôt. Je tremblais et me repliais sur moi, pour finir à terre, accroupie, et anéantie. Mon esprit était vide, je ne pensais plus. Il était là, statique, devant moi. Emma s'étouffait de chagrin et d'effroi dans sa petite chambre innocente, et je ne pouvais bouger pour la réconforter.


 

Je roulais dans notre berline, le regard brouillé de larmes. Seuls les deux faisceaux de lumière des phares perçaient l'obscurité. Les arbres sur les bords de la route défilaient ; leurs ombres s'enchevêtraient les unes dans les autres, produisant des formes méconnues. Plus j'avançais, plus la campagne semblait nous engloutir dans son antre sombre. Emma dormait, épuisée de ses pleurs, dans son siège apposé à ma droite. Je jetai des coups d'œil à son visage serein, une vraie poupée toute neuve qu'on n'osait prendre ni même toucher ; une petite personne, ingénue, que je voulais sauver de toute violence. Je ressassais ce qui venait de se passer. Et je me perdais. Je me perdais dans cet enchaînement d'évènements qui avait détruit notre vie. Il avait souffert, intérieurement, tout comme moi. Tout comme Emma, aussi. A ce jour, je ne pouvais plus. Je ne pouvais plus vivre, j'étais essoufflée. Je me persuadais que c'était la meilleure chose à faire. Oui, c'était même sûr, cette décision était la meilleure, pour ma fille et moi. Il trouverait ces mots, écrits sur un papier blanc à l'encre noire, que j'ai posé sur la table à manger. Je n'eus pas la force de lui expliquer en face ; mais au fond de moi, j'espérais qu'il comprendrait.


 

«Mon amour,

Je pars. Non pas que je ne t'aime plus ; je ne peux plus. Je n'arrive plus à prendre du recul, et j'étouffe. Je me sens à la fois vide, vide de sentiments, et oppressée par ce que tu es devenu. J'ai peur à présent, et je pense que le plus raisonnable est de m'éloigner un peu, avec Emma. Il faut que nous retrouvions un équilibre, une stabilité, chacun de notre côté, que nous n'avons plus depuis maintenant plusieurs mois. Je pars mais j'espère qu'un jour nous pourrons nous reparler comme avant. Tu me manqueras, je le sais déjà, et sache que je garderai le meilleur de toi.

Prends soin de toi...

Lise»


 

Je craignais le pire. Depuis que j'avais quitté notre domicile, je n'avais pas eu de nouvelles de lui. J'avais appelé à plusieurs reprises à notre adresse, sans succès. J'avais également essayer de lui parler à la base, mais ses collègues restaient vagues ; la seule chose que j'ai su de lui, c'est qu'après mon départ, son comportement s'était dégradé, et qu'il n'était pas revenu. Depuis, j'avais répété mes appels, mais on m'évitait, on me conseillait simplement de téléphoner ultérieurement. Et c'était d'une continuité sans fin.


 

J'élevais notre fille à quelques centaines de kilomètres de là, au Nord, chez ma mère qui m'avait accueillie avec Emma à bras ouverts. Je m'étais imposée cette démarche pour quitter cette atmosphère qui était devenue trop malsaine, et qui nous éteignait lentement. J'espérais malgré tout qu'Aymeric ait retrouvé un rythme de vie normal. Vivre loin de lui était une vraie déchirure, et j'étais frustrée de ne pas en savoir davantage à propos de son absence au travail. Je profitais de quelques jours de vacances pour emmener Emma le voir. Me doutant qu'il ait déménagé entre temps, je décidai de me présenter directement à la base professionnelle d'Aymeric.

 

 

 

Attendant dans le hall, je déambulais et mon regard se posa sur une liste accrochée au mur. Elle était interminable. Tant de vies, détruites, apparaissaient comme une énumération de choses hétéroclites, soit un dénigrement total. «Morts pour la France» surplombait cette liste, comme si on leur attribuait un mérite de guerre, similaire aux honneurs qu'on exprimait pour les soldats des guerres mondiales du vingtième siècle. Mes yeux parcouraient les noms, un par un, de gauche à droite, de haut en bas. Je m'inquiétais à l'idée de tomber sur le sien. Je cherchais, souhaitant ne jamais le trouver... Mais, il était là. Et je me décomposais, mentalement, physiquement, considérant l'horreur de cette réalité encore invraisemblable. Je lisais, relisais, à n'en plus finir, comme si mes yeux avaient eu le don de changer ce dénouement... En vain. Au milieu de ces noms figurait : «Aymeric Deslieux, 43 ans, opérateur de drone, mort dans l'exercice de ses fonctions».


 

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