S t r a n g e (Chapitre 2)

condamnes-a-etre-libres

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2. Paradis.
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Quel est donc ce plaisir immense que j’ai à tourner, tournoyer ? Je laisse mon corps s’affaler sur l’air et je tourne, je valse, je danse.
La faute à qui ? Diable de musique. Tu m’entraînes, tu fais jaillir cette énergie du plus profond de mon être. Alarmante, inconsciente, puissante. Tu me fais vivre. Je t’aime.

Et je laisse mes doigt rythmer le vide, suivant une cadence qui m’enveloppe tout entière. Un sourire m’est arraché, par ce ballet. Tranquille et en paix, je laisse mes pensées s’évader sur un océan de gammes. Si je pouvais, j’assassinerais la fin, avant qu’elle ne brise cet instant enivrant.

L’émotion est insupportable ; gouttent, gouttent, mes larmes. Mais je savoure cette agréable peine, elle a la saveur d’un ailleurs apaisant, un parfum irrésistible. Celui de la liberté chère payé, parce que je n’ai plus d’avenir, je n’ai plus de volonté, je n’ai plus la force de m’envoler seule. J’ai besoin de toi, phénoménale ecstasy, musique infinie.

– Heaven, viens manger.

Mon cœur se brise. L’ivresse factice est repartie aussi vite qu’elle est venue. Elle s’échappe au moment même ou j’appuie sur le bouton « stop ». Elle reviendra. Elle reviendra et mes sens seront dans de beaux draps.

– Heaven ?

Non, je n’ai pas rêvé.
Elle m’a bien appelé.
Je dois y aller.

Je soupire avec résignation et me mordille l’intérieur de la joue. Pourquoi ? Je ne sais pas. Il y a beaucoup de choses que j’ignore de toute façon. Toutefois, j’ai bien conscience d’une chose : je suis droguée aux jouissances musicales.

© Condamnés à être libres.


(Merci d'avance pour votre note et votre avis, j'en ai besoin pour avancer)

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