Sa propre langue

Inventer sa propre langue, l'assimiler à du bonheur en petits bocaux comme les pots de confiture de ma mère, un parfum d'enfance qui cache les misères des grands. Voir la vie à travers les yeux d'un enfant, comprendre tout de même qu'elle n'est pas juste, dure comme les pierres sur les chemins de campagne. Comprendre au prime abord d'une phrase, d'une syntaxe que la route est difficile, qu'elle ait le panache d'un champion qui salue ses admirateurs en liesse. Rassurer les enfants, ceux qui doutent avec des mots comme des caresses, rire quand il faudrait pleurer, peut-être, retrouver la langue de ses parents, la réinventer avec ses propres paroles et ressentis, une langue est faite de tant de sentiments et d'émotions, d'histoires et de vécu. L'amour, présent ou absent, est le dénominateur commun à la vie de chaque être, qu'on en ait manqué, ou qu'il nous ait étouffé. Difficile de fixer les limites entre parents et enfants, il n'y a pas de bons parents sauf exception, une exception faite de bienveillance et d'un détachement nécessaire pour que l'enfant puisse s'en aller vers sa propre vie. Je ne suis pas mère mais je peux transmettre une langue faite d'amour et de poésie, inventer de nouveaux mots au fil des écrits ça m'est arrivé, un ou deux certes tel qu'"immensétude" et un que j'ai oublié dans les méandres de mon "vécu littéraire". Je me rappelle la première fois où j'ai eu envie d'écrire, je me suis isolée pour le faire et j'ai recopié le petit résumé d'un livre de la bibliothèque rose, je ne sais plus lequel et je suis certainement retournée jouer avec mes copines ensuite, c'était un samedi après-midi, mon jour préféré.

Inventer sa propre langue, me faire comprendre avec la vitalité d'une enfant libre. Boire à la fontaine de la vie, se pencher et voir son reflet dans l'eau, sa personnalité, son identité.