Saint-Malo

la-rouquine

Avez-vous déjà goûté à la caresse d'un vent salé partagée sous un ciel cendré surplombant la mer agitée ? Il n'est rien de meilleur que de sentir son regard larguer les amarres, mettre le cap à l'horizon et tanguer au gré des vagues colorées des algues ramenées par la marée.
Comme il est bon de s'accouder sur les pierres fraîches de la muraille qui d'un seul baiser glacé vous conte toutes les batailles qu'elle a vu passer. La statue du corsaire qui fixe encore son destin maritime vous poignarde en plein cœur de l'intensité de son geste, des souvenirs de la mer qui jamais meurent.
Et l'iode appelle au voyage. Les bateaux hantent le paysage. On peut encore voir l'ombre courageuse et fière des bâtiments de guerre s'étendre sur les flots, des trois mâts qui emmènent à leur bord les pirates du Roi qui tendent leurs bras pour vous inviter à partager leurs aventures, leurs combats.
Enfin, lorsque le soir tombant embrasse d'un crachin ésotérique l'espace et le temps qui s'étendent sur les remparts, on entend les sirènes et les korrigans chanter à tue-tête. En ces lieux, les créatures de la nuit sont aussi charmantes que cruelles. Ils moquent les religions, elles tuent les infidèles. Les éclats de leurs pouvoirs égaillent les yeux. Ils dansent sur le miroir, font le spectacle pour ceux qui savent l'apprécier et disparaissent avant l'adieu.
Et dans la ville forteresse, soyez invités. On y entend encore les bottes de cuirs et les robes satinées. Là, l'iode cède place au blé noir et le chant harmonieux des vagues se couvre de celui des musiciens de chance, des artistes vagabonds qui ravissent les esprits. Les bâtiments marqués de la plume du temps, en ces lieux retenu, forment un théâtre dont la scène est la rue.
Avez-vous déjà goûté la caresse d'un vent salé partagé sous le ciel cendré de cette merveilleuse ville de majesté ?

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