Saleté apprivoisée.

Christophe Hulé

Le propre du sale est de salir, au sens propre figurez-vous.

Certains diront que tout est question de degré, selon que la couche de saleté soit importante ou minime.

Une sale affaire, j'en conviens, beaucoup de nos chercheurs s'y sont cassé les dents, lavées ou pas.

Jusqu'à quel point l'être humain peut tolérer des zones non aseptisées qui échappent à tout contrôle.

Quelques concessions paraissent en tout point nécessaires pour éviter de basculer dans la démence.

On en voit certains promener leur pelle et balayette pour inspecter chaque recoin.

« Allez chérie, c'est pas très grave, tant que je vois encore mes pieds ».

« Avec le bide que tu as, ça m'étonnerait que tu les vois ! ».

« Tu mets les patins fissa ! ».

« Chérie j'ai mis des chaussettes neuves ? ».

« Et tu t'es lavé les pieds ? ».

« Non, fallait ? ».

Les tueurs ont tôt fait de repérer tous ces tarés, enfin cette promesse d'un crime parfait.

Ils sous-traitent en se facilitant le travail.

Certaines mégères s'y mettent de bon matin, comme si c'était une question d'honneur.

Le curé doit passer de bonne heure !

« Mathilde tu m'épuises à t'agiter de la sorte ! ».

« Je m'emploie à nettoyer tes méfaits. » .

« Mais ce ne sont que quelques miettes ma biche. ».

« Il n'y a pas de petit péché, attends un peu que M'sieur l'curé soit là ».

« Ben ça tombe mal, je dois couper le bois. »

« Tant pis, il boira le digestif tout seul. ».

« Bon puisque t'insistes, j'f'rai un effort ma biche ».

Ceux qui accumulent la poussière sous le tapis sont les mêmes qui tapissent autour des meubles.

Mais Dieu voit tout.

Même s'il ne dit jamais rien, il faut en convenir.

Et comment leurs nouveaux robots, autonomes et intelligents, peuvent-ils aspirer les coins, vu qu'ils sont ronds.

« Toi le gaston, t'es toujours rond, et on sait à quoi t'aspires ».

« Mes frères, mes sœurs, la saleté est la marque du démon ! ».

« Maman, il pue le curé ! ».

« Chuuuuut ! ».

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