Sandra (4)

aile68

Parler italien ou français (l'anglais accessoirement), ce n'était que du bonheur pour Sandra, elle s'est présentée à l'Alliance française un jour de septembre, a appris sa nomination pour une école en Côte d'ivoire. Quelle n'a pas été sa joie et sa satisfaction! A en sauter au plafond... Dans sa tête, point de frontières, point de barrières, juste quelques remparts pour rester lucide et ne pas entrer en transe. Un enthousiasme sans pareil la poussait à agir, à mettre dans sa grosse valise tout ses compétences pédagogiques et ses connaissances sur la langue et la culture françaises, encore une fois comme en Italie, elle en serait l'ambassadrice. Là-bas on lui avait déroulé un large tapis rouge, elle avait été accueillie avec tous les honneurs, comme savent le faire les Italiens. Elle a plongé tête la première dans la culture et la civilisation des Ivoiriens, comme toujours la passion l'animait toutefois elle garderait son sens critique, passion et sens critique: une drôle d'alchimie ma foi! Quant à l'amour, non, elle ne tomberait pas amoureuse, pour Sandra l'amour était une fleur du mal à tenir éloignée comme la peste et le choléra. Rirait-elle autant qu'en Italie?  Elle croyait s'être libérée du pays des merveilles comme on se détache d'une glorieuse aventure (en partie seulement) mais des souvenirs lui rappelaient ses déboires amoureux, ceux qui font le plus mal. Enzo traînait encore dans sa tête et lui donnait chaud et froid comme une fièvre qu'on ne contrôle pas. Partirait-elle en Afrique finalement ou donnerait-elle sa nouvelle adresse à celui qu'elle aime encore? Cette histoire lui déplaisait fortement et c'est en colère qu'elle a refermé sa valise. Nous n'étions pas dans une de ces comédies sentimentales qu'elle détestait tant, la vie tant bien que mal la menait vers un futur qui lui échappait. L'inconnu s'offrait à elle telle une présence invisible, inévitable...

(à suivre)

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