Sang pour Cent !
Stéphan Mary
Centenaire, le sanguin Charles nous a quitté ce matin à sept heures, plongeant notre communauté dans une désolation collective. Charles était l’un de nos résidents des plus actifs, aimant la vie avec ardeur. Nous garderons de lui le souvenir d’un homme facétieux plein d’humour dont les blagues, pas toujours de bon goût, vont nous manquer.
Son dernier ouvrage « Sang pour cent ! » prix Goncourt des soixante dix ans et plus a été traduit dans plus de dix langues et les éloges sont fort nombreux. Dans son autobiographie, Charles relate son existence pleine de rebondissements romanesques. Il se fait remarquer en naissant à dix mois, pesant plus de cinq kilos et mesurant cinquante sept centimètres, laissant les médecins perplexes et déclenchant chez sa mère une inquiétude qui ne la quittera plus. A trois ans, le petit Charles connaît déjà l’alphabet et n’hésite pas à bousculer les traditions de sa famille bourgeoise en intervenant dans tous les sujets réservés aux adultes. Il écrit son premier roman à dix ans « Sang toi émoi » dans lequel il joue des calembours avec délectation. Adolescent il publie « Les sangs de Maldoror » pastiche des « Chants de Maldoror » de Lautréamont, ce qui le fait connaître du grand public. Adulte, son troisième roman « Sans dessus, sang dessous » dans lequel son héroïne découvre l’amour avec un vampire hystérique bourré d’humour assoie son talent. Dès lors il ne s’arrête plus d’écrire et publie près de trente romans avec le mot sang dans chaque titre.
Charles était également connu pour ses coups de sang mémorables contre tout ce qui relevait à ses yeux de l’injustice. Pour cela il mettait du cœur à tourner en dérision les discours extrémistes qui relevaient de la xénophobie ou de l’homophobie. C’est ainsi que lors d’un débat télévisé avec une représentante du front national, il a fait sonner un téléphone demandant à sa vis-à-vis de bien vouloir répondre. Personne n’oubliera que lorsque cette dernière a décroché, un tampon pour les menstruations teint en bleu blanc rouge lui a sauté au visage. Tout comme lorsque son compagnon avec qui il a vécu plus de cinquante ans s’est éteint, il a sommé l’assistance présente dans l’église d’entonner avec lui un Avé Maria réécrit par ses soins alors que des ballons de sang attachés sous chaque prie dieu éclataient à la même seconde, inondant l’assemblée de sang de bœuf. Il voulait sensibiliser l’opinion publique sur le scandale des transfusions sanguines contaminées par le SIDA. Mais c’est en mettant des seaux de sang au dessus des portes des religieux dans la maison de retraite où il finit ses jours qu’il lance une dernière provocation très… sanguinolente.
Charles laisse derrière lui une production littéraire hors norme, l’amour de son lectorat et fini dans un dernier pied de nez en laissant un testament paraphé à l’encre de seiche.
Cher stephan... bien dit et bien decrit.
· Il y a presque 11 ans ·Bonne soirze
Helene Bartholin
Merci ! Je vais dans la soirée rattraper le retard de lectures accumulé depuis quelques jours. Donc à ce soir. Bonne journée
· Il y a presque 11 ans ·Stéphan Mary
Bonsoir Stephan,
· Il y a presque 11 ans ·Comment ne pas se souvenir de Charles SANBLOUD, et de l'importance de son oeuvre littéraire ? .... ;-)
Merci pour cet hommage que tu signes là d'une main de maître !
5/5 et coup de coeur.
Au plaisir de te lire.
Bien amicalement.
Paul Stendhal
Paul Stendhal
Merci Paul Ce n'est pas non plus Charles Sanblood bien que son patronyme soit de circonstance. :-) Toutefois mon Charles te remercie de ton appréciation, Ce vieux schnok adore être caressé dans le sens du poil, même ad-patres
· Il y a presque 11 ans ·Stéphan Mary
Charles... Bukowsky ? Un bon vivant ce Charles :)
· Il y a presque 11 ans ·Eve Ladrole
Ça pourrait mais non ! Du sang pour sang naturel
· Il y a presque 11 ans ·Stéphan Mary