SANS GRAVITÉ
liviasansleo
J'essaye de penser à autre chose. Je vais essayer de finir au moins quelques dossiers avant de partir. Je prend le téléphone et passe encore quelques coups de fil. J'ai chaud, vraiment très chaud.
Mon chef a déjà checké ses mails et m'accorde mon après-midi. Il me reste deux heures à tenir. Je vais aller au self me rechercher un café. Il paraît que la caféine aide à diminuer la migraine, enfin, c'est ce que me disait ma mère. En vrai, je n'en sais rien, je souffre rarement de ce mal. Je vais essayer.
Je prend ma sacoche, l'ouvre, sors mon portefeuille et attrape quelques pièces. Je me lève et les glisse dans la poche de ma chemise. Je suis prêt a quitter l'open space pour me rendre à l'ascenseur.
Alors que je m'apprête à quitter les lieux un énorme bruit de détonation retenti. Il semble venir de partout. Ce n'est pas un claquement ou un coup de feu. Ça ressemble plutôt à un incroyable grondement.
Tout le monde sursaute et se regarde. Tout le monde panique aussi.
Je retourne près de mon bureau et là sous mes pieds je sens d'immenses vibrations.
Le sol tremble, les meubles tremblent : les chaises, les casiers, les bureaux.
J'ai le réflexe de me cacher sous mon bureau. Je me met accroupi et protège ma tête avec mes bras. Il faut dire que nous sommes entraîné pour ce genre d'incident. Nous avons tous eu plusieurs formations, plusieurs entraînements aussi.
Deuxième détonation.
Mon collègue en face m'appelle. Lui aussi est planqué. Le sol vibre à nouveau, plus intensément cette fois.
J'essaye d'attraper le pupitre du bureau pour l'empêcher de s'écrouler sur moi. Il me résiste. Il semble ne pas vouloir rester sur le lino. Une force le pousse vers le haut.
J'insiste plusieurs fois. J'ai peur qu'il finisse par céder et qu'il s'effondre sur moi. Je laisse tomber et j'essaye de chercher mon collègue du regard. Pas facile de le voir là dessous.
Il s'appelle Marc. Il travaille face à moi depuis six mois. On s'entend bien mais on se connaît peu. Il fait souvent des blagues mais ne parle pas souvent de lui. Nous n'avons pas vraiment pris le temps de discuter lui et moi. Il me demande si je vais bien. Je lui dit que oui et que nous devons rester calme. Il me dit que le comble pour un assureur c'est de survivre à un séisme. Je souris. J'en rigolerai quand tout sera finit.
J'entend une autre de mes collègues. Elle utilise sa montre connectée pour appeler son mari et savoir si il va bien. Je n'entend pas tout mais apparement tout New York a tremblé.
J'essaye d'attraper mon portable dans ma sacoche pour regarder les actualités sur Google. Mon portable met du temps à afficher la page web. D'ailleurs, je n'ai pas beaucoup de batterie. J'ai oublié de le recharger hier soir. Si seulement je n'avais pas traîné aussi tard...
Troisième détonation.
Le bruit est encore plus sourd cette fois, le tremblement qui suit toujours plus fort.
Le stress commence à se faire ressentir.
L'alarme s'est déclenchée. Il y a du chahut dans l'open space. Les gens tentent de communiquer entre eux et avec leur famille au téléphone.
Le grand tableau blanc où sont notés les objectifs de la semaine est tombé au sol. Une chose est sûr, je n'y serais pas inscrit comme employé du mois.
Je reprend mon téléphone et regarde la page qui n'avait pas finit de s'actualiser. Il y a plusieurs articles sur les tremblements. Il y en a eu dans tout le pays, mais pas seulement, ils ont été aussi ressenti au Japon, en Chine et dans une grande partie de l'Europe. J'éteind mon iphone et le range de nouveau dans ma sacoche, je vais garder de la batterie si les choses s'empirent. De toute façon, je n'ai personne à contacter. Je ne connais pas grand monde à New York. Je prendrai des nouvelles de mes parents ce soir quand tout sera calmé. Ils sont en vacances en Égypte en ce moment.Je ne vais pas les inquiéter alors qu'ils n'ont sûrement pas ressenti le séisme.
La sirène du bâtiment ne s'arrête plus. Les fenêtres sont ouvertes de mon côté, à leurs tours les alarmes des voitures se mettent à sonner. Mon crâne va exploser je crois...
Les tremblements semblent s'être arrêter. Quelques téméraires ont quitté leur planque et se dirigent vers les issus de secours. J'attend encore dix minutes. J'ai calculé qu'il y avait cinq minutes entre chaque détonation. Je préfère ne pas prendre de risque.
Marc me demande de nouveau si je vais bien. Je lui dit que je devais prendre mon après-midi mais que finalement je vais peut-être devoir rester là. Il me dit que je ne suis pas chanceux et rigole. Je ne suis plus d'humeur à faire de l'humour. Je suis surtout désespéré !
Je me masse le crâne en patientant encore, je lis l'heure sur ma montre, plus que cinq minutes...
Suite bien menée, le suspense est là.
· Il y a plus de 4 ans ·Louve