SANS TOI - Partie 2

Julie Ormancey

Au fond, je me fiche de toi, de tes mensonges, de tes trahisons, de cette vie que tu mènes avec tant d'aisance sans moi. Cette évidence tiède qui se cache au fond de moi, que je refuse de voir les soirs où tu ne rentres pas. Notre incontance ne vaut rien, pas mêmes ces lignes que je pose entre toi et moi, pas même ces larmes que la panique m'arrache à ces heures déraisonnées et fragiles. Je sais que tout ça n'est pas pour moi, je sais que Tu, n'es pas pour moi. Je sais tout ça et je m'effondre, aussi vite que la chute fataliste et cruelle d'une seule seconde, je tombe à terre avec les jambes coupées de ce désir de toi, que jamais je ne comble, même quand tu es dans mes bras. En réalité, c'est moi que je pleure, tous ces soirs grisés de l'absence de quelqu'un, d'un quelqu'un qui me comprendrait, qui m'aimerait pour moi, qui se nourrirait de mes mots, et qui perdrait l'équilibre à la vue de mon coeur autopsié, décomposé sur ce papier trop blanc et trop glacé.


Je pleure de n'être pas aimée, de ne pas sentir d'épaule, les jours où je ne sais plus rester droite, je pleure de ma main seule et maladroite, de mes désirs de fuite et de mes valises trop pleines. Et ces mots sont si personnels, trop que ça en devient vulgaire. Ne pas s'épancher à la lueur mièvre de mes matins solitaires, ne pas se noyer de l'absence qui me prend à la gorge lorsque je regarde autour. Un autour trop vide et trop amer, saturé de mes doutes et témoin non consentant de mes amours inutiles.

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