SAS XY : le dossier 2K
sophie-beletage
Katherine Kill, 2K : vie et destin
2K est chef de mission de la CIA. Elle est arménienne (son vrai nom est Kilichian), entre autres. Elle est brune. Elle est belle. Elle est femme. 2K peut gérer pas mal de choses, à part le house-keeping : elle a pour ça sa vieille maman qui vit, avec le jeune Boris, son fils, à Paris.
La petite Katrin Kilichian a vécu dans le Caucase durant toute sa jeunesse, et en a tiré une certaine spontanéité dans ses relations humaines, qu'ont lissée pourtant les innombrables voyages de son diplomate de père.
Un gros carnet d'adresses, héritage paternel, lui permet d'être remarquée, et connue rapidement pour sa connaissance de beaucoup de langues et de contrées, connaissance fort utile au moment où éclatent des problèmes, assez confus dans ces années, aux yeux de qui n'a pas conscience du caractère un peu ombrageux des Ossètes du Nord - ce qui n'est pas son cas.
La jeune Katrin est donc repérée, puis estimée, et, bientôt, on la charge de quelques missions de renseignements. Ses notes de synthèse ne tardent pas à être citées en exemple pour leur clairvoyance et leur précision.
Le profil assez passe-partout – une splendide Européenne – de la jeune femme, lui est fort utile pour se fondre dans des atmosphères un peu exclusives, aux quatre coins du monde, comme le Kazakhstan (2003), le Vénézuela (2004), l'Irak (2005), l'Afghanistan (2003 et 2006), la Corée du Nord (2003, 2004, 2007) la Birmanie (2008), où l'on imagine l'ennemi autrement que sous ses charmants abords. Sans pour autant abuser de ses charmes, elle est tout de même consciente du pouvoir de persuasion de son visage aux traits réguliers, de ses grands yeux, de sa poitrine avantageuse, de sa taille fine et de ses longues jambes. Ce n'est en 2005 que la CIA l'envoie parfaire ses aptitudes à la survie en milieu hostile en Virginie. Elle est très forte en tir, et d'une sérénité tout à fait remarquable, même dans les moments de grande tension.
Depuis, 2009, la jeune femme est régulièrement contactée par le chef de la station de Paris, pour extorquer des renseignements aux Emiratis de passage, ou pour partir sauver le monde. Fin février 2011, elle est envoyée au Caire. Sa mission : rencontrer le Maréchal Tantawi, qui dirige un pays en plein désarroi depuis la récente révolution.
Ses œuvres...
Elle avait toujours la main droite dans son sac à main, crispée sur son atme, et prit en une seconde sa décision : soit la police la faisait disparaître, soit elle tenait suffisamment longtemps pour permettre à l'armée d'intervenir. Il y avait une rangée de bacs à fleurs en béton juste à sa droite, assez pour lui fournir une protection. Précaire. Suffisante.
En attendant, il fallait arborer un air effrayé de circonstance.
- Excuse me ! I do not understand arabic... elle tira sur l'homme qui l'avait interpellée, juste avant de sauter derrière les gros bacs, et de s'aplatir au sol.
Un hurlement, et les tirs fusèrent, en réponse aux siens. Levant le bras, à l'aveuglette, elle tira en direction du véhicule. Les armes en face se turent. Elle sortit un chargeur, tira encore, sans voir sa cible. C'était une question de minutes. Alertée par les coups de feu ou les voisins, l'armée dépêcherait forcément un véhicule qui ferait fuir les hommes du Amn ed-Dawla. En attendant, il fallait gagner du temps. Couchée par terre, dans la poussière, 2K avait devant elle une sorte d'étroit couloir, entre un muret et les providentiels pots de fleurs. Elle se mit à ramper. A raison, puisqu'une seconde plus tard, un tir fourni atteignit le bac derrière lequel elle se trouvait, et le détruisit. Deux mètres plus loin, en regardant derrière elle, elle vit le muret de l'immeuble couvert d'impacts de balles, et le bac à fleurs n'était plus qu'un tas de terre et de bouts de béton. Le fusillade s'arrêta.
2K imagina les hommes qui l'attaquaient : ils devaient fixer leur cible détruite, se demander s'ils avaient atteint l'espionne. S'approcher ensuite, lentement, très concentrés, se couvrant les uns les autres. Elle était presque au bout du fragile remparts des bacs. Après, c'était dix mètres de trottoir dégagé, jusqu'au porche suivant. Quand elle sentit que les policiers étaient en train de s'approcher, elle se leva et fit feu. Ils visaient l'endroit qu'elle venait de quitter en rampant. En un instant elle vit s'écrouler un des trois assaillants, et le fracas des armes reprit. Le temps que les deux agents ajustent leur tir, 2K avait trouvé refuge dans l'entrée de l'immeuble adjacent. Elle tira de nouveau à l'aveuglette, en commençant à se demander si son calcul était juste : il était étrange que l'armée n'ait toujours pas apparu.
ses vits
Son reflet lui apparaît dans le grand miroir, et elle se trouve belle, ainsi, échevelée, presque nue, cambrée, les seins hauts.
Boris a enlevé veste et chemise. Il revient vers 2K, qui l'observe, et embrasse son torse. Les deux corps à demi nus ondulent au milieu de la pièce, sans se déplacer, les yeux fermés, ils s'embrassent et se caressent, et la jeune femme presse son sexe, les cuisses entrouvertes, sur la cuisse de l'homme en faisant saillir ses fesses puis en remontant jusqu'au point où se dessine sur le pantalon la masse de l'autre. Les doigts de Boris massent maintenant son aine, et jouent à passer sous la culotte pour préciser leur pression aux bords du sexe de la jeune femme, puis s'enhardir et revenir, guidés en elle par le mouvement même qu'elle imprime à son ventre collé au pantalon. Elle lève la tête et voit le visage de Boris, sa bouche entrouverte, ses yeux clos, puis son torse, musclé, et ses épaules. Elle embrasse les pointes de ses seins et les mordille, elle le sent frémir et se raidir, son sexe, maintenant, collé à celui de 2K, suit à contre-temps, à un rythme de plus en plus rapide, saccadé, les ondulations de la jeune femme, qui frémit à son tour, crispée, en laissant s'échapper de sa gorge un soupir plus intense - la tête soudain vide, tout le corps baignant dans une violente chaleur, 2K agrippe la ceinture de Boris, l'arrache, défait son pantalon, son caleçon, et prend son sexe dans sa main. C'est à lui de gémir, tandis qu'il se détend en ressentant autour de lui le contact de la main de la jeune femme, qui caresse doucement son membre dressé.
Elle le tire vers le lit, souriant d'aise, et se félicitant de son choix : le journaliste russe est tout à fait son genre, son grand corps sportif l'attire, et ses doigts se referment à peine autour de son sexe.
Elle repensa alors à Pavel, le cameraman qu'elle avait croisé le matin, en partant, et, se tournant vers l'homme qui palpitait de désir sous ses doigts :
- Znaïtie ly vouy Pavel ? [connaissez-vous Pavel ?]
Il la regarda, interloqué.
- Oui, c'est mon cameraman...
- Dites-lui de monter
- …
- Dites-lui de monter, dites-lui que vous vous apprêtez à me faire l'amour, et que je veux deux hommes, ce soir.
Le regard de 2K n'était plus du tout celui d'une femme pleine de désir, et elle le savait. Son regard vrillait les yeux de l'homme qui se tenait debout, nu, et dont elle continuait à agacer le sexe. Elle voyait son envie de la pénétrer, et sa surprise, elle savait aussi qu'il pouvait la forcer, désormais, mais voulait courir le risque de cet ultimatum sexuel. C'était dans son regard que tout se jouerait. Elle se cambra, et fit face à son partenaire:
- ckajy ciey, prononça-t-elle d'un ton rauque. Dva mouj, o nitchevo. [dis-le lui. Deux hommes, sinon rien.]
et le pourquoi du comment
L'armée est au pouvoir en Égypte, mais elle a les mains liées : l'argent US, la communauté internationale, la grogne de l'armée, les pertes qui s'accumulent, le tourisme qui ne reprend pas...
Le général Tantawi ne sait plus que faire pour résoudre les problèmes. Un colonel vient lui proposer une solution, au moment même où la crise libyenne s'installe : intervenir auprès des Libyens insurgés pour soutenir la chute de Kaddhafi, retrouver un statut international, rendre le pays à la Révolution, et obtenir ainsi un gouvernement d'union nationale crédible. Tantawi est à peu près ok, mais veut l'accord des Américains ainsi que le prêt temporaire de matériel moderne (les chars ont 20 ans de retard sur le matériel libyen). Un premier rendez-vous est pris. On lui envoie discrètement une agente de la CIA, 2K. Accord de principe.
Malgré les précautions, un colonel de la Sécurité intérieure, Amn ed-Dawla, apprend la chose. La Sécurité est en train de perdre toutes ses chasses-gardées, et les pontes du ministère de l'Intérieur veulent reprendre le pouvoir. Apprenant la collusion CIA/Tantawi, l'idée vient de jouer sur l'indépendance de l'Egypte, et de montrer que les militaires ont obéi au calendrier de Washington. Les hommes de la Sécurité parviennent à filmer et enregistrer l'entrevue Tantawi/CIA.
2K s'ennuie un peu, puis un deuxième rendez-vous a lieu, tenu secret celui-ci : l'armée US va envoyer en urgence du matériel de guerre. Les opérations commenceront dès réception des véhicules – mais il faudra donner des explications sur la disparition des 30 milliards de dollars, qui n'ont même pas permis à l'armée de se moderniser.
La révolte contre le Dawla s'intensifie, un centre d'interrogatoires est mis à sac à Madinat Nasr, on retrouve des documents. Pas ceux de l'entrevue, qui sont au Caire.
Les hommes du Dawla mènent des assauts contre le Ministère aux côtés des manifestants, au Caire, tandis qu'une partie des documents est brûlée : le dossier 2K, lui, est volontairement laissé en évidence.
Le Dawla contacte Tantawi pour lui annoncer que les dossiers indiquant la collusion avec les USA sont aux mains des manifestants, qu’il doit donc désormais compter sur le concours des forces du ministère de l’Intérieur s'il ne veut pas être ridiculisé : en premier lieu, blanchir le ministre Adly, poursuivi pour corruption, crimes et tortures. L'armée ne fait pas part de ce chantage à l'agent US, car les Américains risqueraient de ne pas approuver que le régime militaire permette le retour des hommes qu'ils ont contribué à mettre sur la touche. Mais il faut bien lui avouer que la Sécurité a fait cet enregistrement, et qu'il est maintenant aux mains des manifestants.
Une course contre la montre s'engage : la répression en Libye s'accentue, il faut attaquer vite, mais on ne sait pas où sont les dossiers compromettants. L'Intérieur les garde encore, de loin, pour exercer son chantage, ignorant que l'opération est lancée.2K est priée de les retrouver, avant que des manifestants (plus ou moins manœuvrés par le Dawla, en fonction des besoins) ne les divulguent, tandis que le matériel US est acheminé et repeint.
Le Dawla sait plus ou moins où se trouvent les documents : dans un stock emporté par des manifestants, que des agents ont suivis. Ces mêmes agents remarquent l'arrivée d'une journaliste qu'ils reconnaissent comme étant la personne qui apparaît sur le film. Ils comprennent que l'armée se sert d'elle pour récupérer les documents. Ils tentent de l'éliminer, mais l'agression, qui doit être discrète (trop de précédents de journalistes molestés par la Sécurité, qui est censée, depuis, avoir changé ses méthodes), rate.
Au ministère de l'Intérieur, on s'interroge : pourquoi vouloir ces documents, alors qu'on peut s'entendre comme avant ? La conclusion est que les opérations vont avoir lieu, achevant de mettre à bas la mainmise de l'Intérieur sur le pays : de toute urgence, il faut mettre la main sur les documents, et les publier.
De son côté, 2K a saisi que les documents étaient sous surveillance, et pourquoi : il faut donc les sécuriser. L'armée refuse d'arrêter les manifestants pour mettre la main sur le document sensible : trop d'affaires de ce genre nuisent déjà à sa crédibilité.
2K doit donc se débrouiller toute seule. Elle épluche les cartons de papiers et les fichiers informatiques, et finit par tomber sur celui qu'elle cherche, au moment même où les hommes de l'Intérieur reviennent. 2K s'en sort miraculeusement. Mais garde avec elle les dossiers : le Dawla a ajouté à la preuve de l'entente sur le dossier libyen tous les éléments expliquant la disparition de la manne financière US. Comprenant que l'armée a caché tout un pan de l'affaire en ne mentionnant pas à l'agent la lutte d'influence entre les deux ministères, elle décide de repartir avec les preuves.
L'armée la pourchasse, avisée par la Sécurité du fait que les Américains ont la preuve de l'énorme détournement de fonds. Évidemment, 2K s'en tire, les Égyptiens, in extremis, n'interviennent pas en Libye, et c'est comme s'il ne s'était rien passé aux yeux du monde.