Science et poésie
Frédéric Wyczisk
Post sur le site de France culture le 3 juillet 2010 au sujet de Gaston Bachelard, émission de Raphael Enthoven : « les nouveaux chemins de la connaissance »
Yvon111 (Frédéric Wyczisk)
« Je me sens totalement Bachelardien, nous avons besoin des mots pour faire de la poésie, de la physique, de la philosophie.
Les mots sont des images, des images de la réalité et sont aussi la réalité.
Quant aux Condensat de Bose Einstein ils se forment à très basse température proche du zéro absolue (qq µKelvin ou même nK), c'est une propriété quantique de la matière, les atomes ou particules a spin entier (bosons) acquiert tous une même phase ondulatoire (la fameuse onde Broglienne qui n'est qu'une onde de probabilité, tout un programme), en gros c'est un état de type laser mais appliqué non pas aux photons (particule de spin = 1, qui est aussi un boson) mais aux particules bosoniques, une onde de matière en quelque sorte au lieu d'une onde de lumière , on a d'ailleurs déjà fait interférer ces ondes de matière en laboratoire.
Comment ne pas voir que tout ceci relève aussi de la poésie même si c'est parfaitement opératoire.
Dans un autre registre les physiciens tentent de détecter actuellement les ondes gravitationnelles qui sont des vibrations de l'espace-temps-matière-courbe de la relativité générale. Des espèces d'onde de matière aussi en quelque sorte
Si ça ce n'est pas de la poésie ?
Nous avons besoin de rêveur de poète pour faire avancer la science qui n'est que la limite actuelle de ce que nous pouvons concevoir avec notre (imag)ination et nos mots-images.
Mais nous n'épuiserons jamais la Réalité avec notre réalité , comme le dit si bien la devise :
" La Réalité dépasse toujours la fiction", la fiction = l'imagination, le rêve »
Le 14 juillet 2010
« Au lieu de la fiction on pourrait dire la science-fiction car la science n’est elle pas toujours une fiction, une fiction avec des modes opératoires efficients certes mais une fiction, un modèle de la réalité » F.W.
Extrait site France culture
« Une philosophie du repos n’est pas une philosophie de tout repos. »
« Socrate était aussi sage-femme, Leibniz était mathématicien, Rousseau faisait de la musique et Kant de la géographie… Bachelard, lui, après avoir été dix ans surnuméraire, puis commis, à l’administration des postes, choisit d’être un philosophe-poète, que les rêves ne séduisent pas moins que la raison pure, et pour qui l’erreur n’est pas un néant : « Toute ignorance est un tissu d’erreurs positives, tenaces, solidaires, (…) les ténèbres spirituelles ont une structure ».
Contre les « chevaliers de la table rase » qui, après Descartes, congédient le songe au profit de la seule connaissance claire et distincte, Gaston Bachelard cherche obstinément à comprendre la fondation imaginaire de toute réalité… Pour l’anti-cartésien généreux, l’eau, l’instant, l’espace, la poésie et le feu n’ont pas moins d’intérêt que la mécanique ondulatoire, le rationalisme appliqué, ou la valeur inductive de la relativité, puisqu’ils en livrent en quelque sorte la préhistoire. De même que Spinoza, sans en être dupe, ne se reprochait pas de courir après les honneurs ou la lubricité, Bachelard, convaincu que la connaissance se forme en détruisant les obstacles qu’elle a elle-même institués sur son chemin, examine avec douceur les divagations dont il faudrait se défaire pour accéder à un savoir certain.
Le philosophe se fait autant l’adversaire bienveillant de ceux qui regardent le monde tel qu’ils sont,- et cèdent à une conception naïve et magique du réel - que de ceux qui font abstraction de leurs émotions comme du monde sensible, pour en saisir la vérité parfaite. Loin de s’installer dans une opposition confortable entre la science et la poésie, Bachelard prend le risque de «les unir comme deux contraires bien faits ». Pour bien connaître la nature, il faut l’avoir admirée. C’est alors, estime-t-il, qu’on peut avoir la patience d’en découvrir les secrets. Aucune erreur ne mérite l’anathème, l’illusion est plutôt de penser qu’il faut se passer d’illusions pour commencer à penser. « Ah ! regrette-t-il, comme les philosophes s’instruiraient, s’ils consentaient à lire les poètes ! »
Mélange singulier de Freud, de Bergson, de Mallarmé, de Baudelaire et de Novalis, l’esprit de Bachelard est le théâtre du combat paisible que se livrent le savoir et l’extase poétique, l’imagination et l’entendement, la connaissance objective et la connaissance intuitive. Entre le songe illucide et l’abstraction rationnelle, entre l’inconscient opaque et la sur-conscience diaphane, il y a la rêverie, ce juste milieu du savoir humain, qui menace, à chaque instant, de s’évaporer en rêve, ou de se condenser en savoir objectif, mais qui révèle à la fois le monde tel qu’on l’imagine et les mécanismes qui nous font l’imaginer ainsi. Ce qui entrave la connaissance est aussi ce qui la rend possible. Le rêveur, que Bachelard appelle « dormeur éveillé » devient ainsi la figure, par excellence, de l’homme total, diurne et nocturne à la fois, celui par qui la science trouve peut-être le chemin des cœurs.
Le rêveur, c’est le grand vigilant. »
Fumer du Gaston Bachelard ... mais je suis totalement d'accord. La physique, c'est de la poésie à l'état pur, même quantifiée.
· Il y a environ 14 ans ·.