Se souvenir

Ils disent que, si on répète assez souvent un mensonge, n'importe qui finit par y croire. N'importe qui, même toi ! N'importe qui, même moi ? Combien de temps faut-il avant de finir par croire à sa propre histoire ? Combien de traits, d'encre et de marques sur le bras ? De rouages et d'engrenages pour embrayer tout ça ? Pour que tombe à nouveau le masque sur le visage. Pour que ton souvenir s'évapore de ces trop vieilles scènes. Pour que le rideau se lève sur une nouvelle page. 

Ils disent que, l'homme se ment terriblement à lui-même. Comme se ment énormément le touriste, qui veut garder avec lui ce qu'il croit avoir vu. Qui veut ramener pour lui, ce qu'il pense avoir su. Le filtre sur l'image fait-il vraiment partie du souvenir ? Peut-on vraiment acheter tous les morceaux de paradis ? Et les transporter dans une valise comme s'ils n'étaient que du papier ? Il y a des oiseaux rares et fragiles que l'on ne peut pas changer de paysage. 

Ils disent que le temps n'efface pas les rêves, mais que fait-il des espoirs ? Est-ce que ce sont eux qui viennent nourrir mes cauchemars ? Et toi, que te disent-ils quand vient la nuit ? Un autre verre, une autre farce, ne sont que les réponses d'un soir. Comment leur dire qu'ils disent tellement de choses que je n'arrive pas à les croire ? Que je n'arrive plus à te voir, même quand je ferme les yeux.

Que diraient-ils si nous nous effacions de nos mémoires ?