Séance

Oui ou non répondez!

-Répondre à quoi?

-Quand allez-vous vous décidez à écrire?

-Je pense encore à vous..

-Nous n’avons pas beaucoup de contact avec votre monde, pourquoi n’écrivez-vous pa sur ce que vous connaissez si bien?

-Eh bien, je pense que c’est le passage des pensées  à l’écriture sur le papier qui coince..

-Quelles pensées?

j’imagine des scènes  et puis au moment ou l’écriture doit s’incarner, ça s’évanouit....

-Pourquoi?

-Il y a quelque chose en moi qui résiste, qui m’empêche sous des prétextes les plus divers comme répondre à un mail,regarder un article de journal, faire une course urgente ou simplement trainer dans mes préparatifs, et finalement je considére que je n’ai plus le temps...

-Mais qui va parler pour nous ,qui va dire nos tourments , notre impossiblité de communiquer, notre expérience étrange de la réalité?

- En suis-je capable?

- Avec les mots, tout est possible : raconter le dedans le dehors?,c’est bien ce que vous affirmiez?

- j’ai peur de vous trahir, de parler a votre place,j’aimerais être sure de transmettre vos peurs:

-le bruit qui vous effraye et qui vous fait réfugier dans un coin de la piéce ,

-comment dire votre terreur des toilettes qui vous fait vous agripper à la poignée de porte pour ne pas vous approcher de ce trou ou l’eau tourbillonne et menace de vous engloutir ,

Evoquer le piège de vos sensations: le jeu du soleil et de la poussiére qui vous absorbe de longs moments,

et raconter :

-vos dents qui  mordent ,faisant des cals sur vos bras

-,les bulles de salive que vous faites sortir de votre bouche extatique,

- l e sourire qui vous vient en faisant longuement couler de l’eau sur vos mains..

.-de quels chagrins viennent vos larmes et vos cris qui vous font paraitre inconsolables

-C est un bon début, soyez l’ambassadrice de notre monde, expliquez notre étrange planéte: ou les choses ne sont pas dans le même ordre que dans la votre..;ou les sensations priment sur la pensée, racontez la douceur de la brise sur notre joue et notre jouissance emprisonnée dedans...

-je pourrais dire votre fascination pour les grues ou les tambours de machines à laver , votre passion pour les aliments blancs et votre terreur de la menthe à l’eau, alors que vous pouvez vous tenir en équilibre sur le rebord d’une fenêtre ou grimper sur le dessus d’ un placard.

je sais votre horreur de l’école ou l’on vous enferme pour vous apprendre à lire, vous qui ne savez pas dire Maman.

 Une odeur passe et vous ravit, vous humez lentement  et parfois votre regard croise le mien si fugitivement que je crois avoir rêvé...

-Allez perséverez ,vous êtes sur notre chemin.