Semaine Critique

eaurelie

Il y en a qu'on ne veut pas revivre..

Parce que la semaine a été d'une complexité et d'un épuisement sans nom. Il a fallu faire face à beaucoup d'éléments. Naturels, involontaires, volontaires. La fatigue des derniers instants, l'épuisement moral à redouter ces derniers jours. Le coup de collier qu'il va falloir donner. On a déjà l'échine qui plie, le dos qui hurle, les doigts qui crissent, le cerveau qui se liquéfie. Et pourtant, ... pourtant! il va falloir aller chercher de quoi faire marcher la machine jusqu'au bout. Il va falloir aller chercher, creuser les réserves, racler les fonds de cuves.

Il a fallu faire face à sa première inondation. L'eau qui monte en l'espace de dix minutes et qui se répand partout. Les voitures qui glissent dans les rues, prises par le courant. Avoir la foudre qui s'abat au dessus de ce bouillon. Avoir peur. Vraiment peur d'un accident. D'une électrocution mal engagée. Le tonnerre qui fait en fait trembler les parois intestinales. Et puis la constatation du danger imminent. Devoir prendre l'eau jusqu'aux genoux, lutter contre le courant en tenant au dessus de ta tête son imperméable, son sac, sa chemise de factures. Il a fallu ruiner de jolies chaussures, un tailleur. Parce que l'eau m'a pris au piège en l'espace de trois minutes. Le temps de prendre une décision et il était déjà presque trop tard. Il a fallu éponger l'entrée de l'immeuble, mettre des serviettes. Appeler au boulot et apprendre qu'il pleut à l'intérieur chez eux. Attendre, attendre, attendre, le chat terrifié sur les genoux. Puis voir l'eau disparaitre en une quinzaine de minutes, laissant les poubelles publiques au milieu de la rue, les voitures remplies d'eau. Prendre des jeans et des tennis imperméables, regretter les bottes en caoutchouc et partir au travail. En se disant que çà a du être épongé depuis le temps.

Arriver et ... se retrouver les pieds dans l'eau. Du sable partout pour empêcher l'eau de passer et ... un fleuve devant le département de comptabilité. Poser les affaires, le temps de situer les collègues, attraper un balai brosse et commencer à forcer le courant pour essayer d'évacuer l'eau. L'eau était partout, partout, partout et quand on croyait que c'était bon, il en sortait encore deux fois plus. Il a fallu déménager des salles entières, racler le sol encore et encore. Créer des courses de raclettes, organiser des barrages, des ponts. Le travail d'équipe a été incroyable. On s'y ait tous mis, à courir dans tous les sens pour apporter nos mains et notre aide. Mais seulement nous. Les Précieuses de Marketing, Ventes et Groupes, ces femmes si bien apprêtées, toujours sur leur 31 n'ont pas levé le petit doigt. Ne se sont pas préoccupées de savoir comment çà allait, s'il y avait besoin d'aide. Pendant qu'on pataugeait en claquettes dans l'eau souillée des caniveaux un peu plus loin.

Au début, je me suis dit qu'elles devaient toutes être sur les dents avec l'immense groupe que l'hôtel commençait à acceuillir le jour même. Mais après deux jours à travailler avec elles, faute d'installations en état de marche, je réalise que non. Elles n'en avaient juste rien à foutre. Impossible pour elles de s'imaginer récupérer un balai et pousser l'eau dans les égouts. J'en suis.. un peu désespérée. Il faut bien l'avouer.

Internet, les connexions réseau, tout est fichu dans notre bureau. Et à deux jours du Cierre, il a fallu qu'on déménage pour pouvoir tout rendre à temps. On a investi le département des Précieuses, à poser les calculatrices, les piles de feuilles. Il a fallu demander à d'autres d'imprimer pour nous, il a fallu squater des tables et des cables réseaux. Il a fallu se contenter du minimum. Et j'ai pas géré. L'épuisement de l'exercice physique que se fut de nettoyer ainsi tout le sous sol de l'hôtel, le refus du changement, mon incapacité à m'adapter à mes nouvelles conditions. Je l'ai très très mal vécu. Travailler douze heures pour finalement arriver trois heures avant tout le monde le lendemain matin. Essayer de relativiser, malmener la colocataire. Finir par réaliser qu'on est épuisées toutes les deux et qu'on dit des choses qu'on ne pense pas.

Il a fallu s'adapter. Réagir face à un chef beaucoup plus ouvert et heureux bizarrement. Et réaliser que çà avait du bon d'être ainsi. D'être tous ensemble, de n'avoir qu'à se lever pour demander des précisions dans le bureau d'à côté et de ne pas avoir à traverser tout l'hôtel. D'avoir les mêmes fous rires sur l'instant. De parler plus. De découvrir les gens. Il y faisait une chaleur à crever et j'ai souvent viré cramoisie mais c'était au final très agréable. Sauf pour travailler. J'ai du me battre avec moi même. Refuser de ne voir que le négatif. Ce soir, c'est terminé. C'est le week end. Barcelone demain. Dimanche, repos. Beaucoup de repos.

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