Sempiternelle

eaurelie

Insatisfaite. Sempiternelle.

Je pensais à plein de choses dans le tram. A tout ce qu'il fallait que je couche par écrit. Bientôt; Maintenant.

Et, au final, devant tout ce blanc, je sais plus. J'ai oublié. J'ai tellement de trucs au fond du ventre. Tellement de non dits. Je meurs à l'intérieur. çà se voit, maintenant. Parce que je le laisse paraître et le laisser paraître, c'est accélérer les choses, encore un peu. C'est voir à quel point il faut que je m'échappe. J'ai envie d'avoir mal physiquement, tu sais. Pour ressentir un vrai truc comme Putain, çà brûle/pique/fait maaaaal. Parce que là, j'ai mal. Mais çà se décrit pas. C'est juste profondément enflé. Profondément ancré et çà me laisse juste respirer ce qu'il faut. Le strict minimum. Et elles s'en foutent. Mon diiieu, si vous pouviez vous rendre compte par vous-même. Nous sommes dans nos derniers mois et franchement, pourquoi se prendre la tête? Pourquoi "faire semblant"? Encore une fois, je leur suis pas adaptée. Parce que j'y arrive pas. Tout me saoule. Tout m'épuise. Tout me lasse. 

Je suis lassée de cette classe de loosers. Je suis lassée de ces filles qui, au final, vivent parfaitement bien sans moi. A ces filles qui. Pff, c'est tellement égoïste à dire. Mais au final, entre celles qui ont vécu six mois ensemble et qui sont devenues inséparables et les autres qui ont vu leur moitié les rejoindre sur Bordeaux, moi, je suis un peu paumée. Mise à l'écart parce que "trop compliqué de tout expliquer" et puis, bon, célibataire, on peut pas trop parler de trucs de couples avec elle. Surtout vu comme elle est chatouilleuse sur le sujet. Alors, au milieu de la table, je suis seule. Seule avec le prof. Au centre d'elles, mais de chaque côté à se raconter leurs petites misères et moi, je suis là, stylo en main à prendre note de ce qui se dit et surtout de ce qu'il ne se dit plus.

C'est stupide. Il faudrait que j'en parle et je verrais qu'elles en sont conscientes. Regarde, J. m'a fait un gâteau au chocolat hier soir qu'elle m'a apportée avec un grand sourire ce matin. On se prévoit des cinémas. Etc.

C'est moi qui débloque. C'est moi qui prend l'eau. Qui veut tout mais surtout pas ce que j'ai. Surtout pas ce que j'ai. çà me suffit plus. Je cherche au delà de leurs têtes. Je cherche à des années lumières. Et je trouverais pas. Je suis une putain d'insatisfaite qui ne sait toujours pas mettre le doigt sur ce qu'elle veut vraiment.

Je veux la Paix. Mais regarde, j'ai 4 jours de week end par semaine. Et je les passe avec toujours trois milles trucs à faire. Faut faire des listes, s'user les doigts sur un clavier pour que tout cadre, que tout rentre. Et pourtant, bordel, je ne suis pas heureuse.

J'étais pas heureuse en Espagne, je suis pas heureuse à Bordeaux. Ma seule bouffée d'air est ce fichu chat. C'est le seul truc au jour d'aujourd'hui, qui me fait du bien. Le seul élément à côté de qui je me tiens, sans vouloir plus. Le seul élément. Le seul.

Je veux la liberté, putain. Je veux la liberté. Celle de ne rien devoir à personne. Je veux disparaitre de la surface. Je veux m'enfoncer dans les profondeurs. Je veux le silence et le cristal du sable. Je veux l'immensité de la mer. Je veux ne rien devoir à personne. Je veux accueillir. Je veux accueillir chez moi. Je veux. Je veux des rires, des joies. Je veux que çà dégouline de bonheur dans toutes les lignes. Je veux que çà déborde. Je veux ressentir les choses. Vivre en fluo. Je veux que çà pète. Je veux me prendre la tête sur la déco des chambres, le nombre de lits, la galère de trouver les lampes assortis au couvre lit. Je veux du plâtre, de vieilles salles de bain. Je veux du bois.

Je veux ce putain d'hôtel perdu au milieu de nulle part. Je veux me perdre au milieu de nulle part et accueillir les gens en fuite.

Je veux être à plus tard. Je veux mon rêve en cours de réalisation. Je sais pas comment y arriver. Je sais pas par où commencer.

Je suis malheureuse ici. Je suis malheureuse d'être dépendante. De ne pas savoir couper les liens et dire 'sta Luego.

Je sais pas ce qu'il me faut pour être heureuse. Je suis tellement cloitrée, tellement victime de moi même que j'en ai des envies de violence. Envie de m'épuiser. Envie de me prendre en traitre. Je dois me baillonner. Je dois baillonner la vieille femme à l'intérieur qui veut que dormir et être avec son chat. Je vaux bien plus que çà, je le sais. On m'a pas éduquée pour devenir un bonnet de nuit.

Ecrire, mais pourquoi? A chaque fois, je pars la boule au ventre, les larmes aux yeux et l'envie d'en finir pour sortir de ce clavier avec une envie de bouffer le monde terrible.

Vive la thérapie par l'écrit!

(ah et je veux changer de têtes. Je veux revoir Marion, passer plus de temps avec Charlotte, lancer les activités...)

  • C'est triste mais merveilleusement bien écrit...Je connais trop cette douleur là pour ne pas être touché par ce texte...Dois je dire bravo? Par pour le contenu car c'est triste mais bravo pour la façon de le dire....

    · Il y a presque 10 ans ·
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    Mickael Froideval

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